Numérique

OSINT ou l’investigation à l’ère numérique

Géographe

Depuis quelques années, et surtout depuis le début du conflit en Ukraine, le terme d’« OSINT » a fleuri dans les résultats d’analyses et d’enquêtes en tout genre. L’Open Source INTelligence, le renseignement en source ouverte, concentre plusieurs types de méthodes d’investigation numériques. Si ces techniques ont d’abord émergé dans les milieux du renseignement, du hacking ou encore du journalisme d’investigation, elles sont intégrées aujourd’hui dans la recherche académique, notamment en sciences sociales.

Dès le 24 février 2022, alors que les blindés et avions russes déferlent à travers territoire ukrainien pour entamer une invasion qui s’enlisera dans une longue guerre totale, les réseaux sociaux et services de messagerie du monde entier se retrouvent saturés d’images et d’informations captées au plus près des événements. Avec ces images brutes, témoignages quasi directs d’une guerre moderne aux portes de l’Europe, a très vite émergé le terme d’« OSINT ». Acronyme accrocheur d’« Open Source INTelligence » (« Renseignement en source ouverte », en français), ce terme fourre-tout désigne un ensemble de méthodes et techniques d’investigation appuyées sur des ressources numériques. Dans le contexte du conflit en Ukraine, l’OSINT est souvent associé au décryptage d’images de combats ou encore photographies satellites de la ligne front, permettant de localiser des mouvements de troupes ou encore d’identifier certains types d’armement. Pourtant, ces méthodes d’investigation, aux contours flous, ne se résument pas aux seules analyses d’images récupérées sur Internet, mais plus largement à l’exploitation et l’analyse de toutes formes de données numériques.

publicité

En France, les chercheurs Kevin Limonier et Maxime Audinet tentent ce qu’ils nomment une « impossible définition » de l’OSINT, qui désignerait « un ensemble hétéroclite de pratiques d’investigation et d’analyse visant à dévoiler une information préalablement dissimulée en récoltant, croisant ou analysant des données numériques disponibles en source ouverte »[1]. Cette parution, comprenant une dizaine d’articles de chercheurs, mais aussi de journalistes d’investigation et d’enquêteurs d’horizons divers, permet un conséquent tour d’horizon des apports et des limites, de ces méthodes d’investigation numérique à partir de sources ouvertes.

Nouvelle forme d’investigation dans un monde ultra-connecté

Il faut d’abord souligner la pluralité de formes et d’applications de l’OSINT. Les exemples concrets d’investigations men


[1] Kevin Limonier & Maxime Audinet (2022), « De l’enquête au terrain numérique : les apports de l’Osint à l’étude des phénomènes géopolitiques », Hérodote, La Découverte, 3, n°186, pp. 5-17.

[2] I2D. OSINT – Open Source Intelligence, A.D.B.S., 2021/1, n°1.

[3] Hérodote. Osint – Enquêtes et terrains numériques, La Découverte, 2022/3, n°186.

[4] Multitudes. Contre-enquêtes en open-source, Association Multitudes, 2022/4, n°89.

[5] Bruno Latour et Émilie Hermant, Paris, ville invisible, Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, Paris, 1998 159 p.

[6]Louis Pétiniaud, « Les routes des données, enjeu géopolitique de la guerre en Ukraine, Hérodote, La Découverte, 3, n°186, 2022, pp 113-134.

[7] Marie-Gabrielle Bertran, « Illustration des apports et limites de l’usage des sources ouvertes à travers le cas de la Russie », Hérodote, La Découverte, 3, n°186, 2022, pp. 85-99.

[8] Yves Lacoste, La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre, La Découverte, 1976.

Hugo Estecahandy

Géographe, Doctorant en Géographie et Géopolitique

Notes

[1] Kevin Limonier & Maxime Audinet (2022), « De l’enquête au terrain numérique : les apports de l’Osint à l’étude des phénomènes géopolitiques », Hérodote, La Découverte, 3, n°186, pp. 5-17.

[2] I2D. OSINT – Open Source Intelligence, A.D.B.S., 2021/1, n°1.

[3] Hérodote. Osint – Enquêtes et terrains numériques, La Découverte, 2022/3, n°186.

[4] Multitudes. Contre-enquêtes en open-source, Association Multitudes, 2022/4, n°89.

[5] Bruno Latour et Émilie Hermant, Paris, ville invisible, Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, Paris, 1998 159 p.

[6]Louis Pétiniaud, « Les routes des données, enjeu géopolitique de la guerre en Ukraine, Hérodote, La Découverte, 3, n°186, 2022, pp 113-134.

[7] Marie-Gabrielle Bertran, « Illustration des apports et limites de l’usage des sources ouvertes à travers le cas de la Russie », Hérodote, La Découverte, 3, n°186, 2022, pp. 85-99.

[8] Yves Lacoste, La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre, La Découverte, 1976.