Ukraine : un dispositif humanitaire international parallèle à la mobilisation
Avec des milliers de morts, des destructions massives, plus de 7,6 millions de réfugiés et 6,2 millions de déplacés, la crise humanitaire ukrainienne provoquée par l’invasion russe du 24 février 2022 est la plus importante en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. La réponse humanitaire est en premier lieu portée par la société civile et l’État ukrainien mais, alors que les ressources s’épuisent, seulement très peu des fonds de l’aide internationale d’urgence parvient directement aux organisations ukrainiennes.

Au contraire, on constate le développement d’un dispositif humanitaire international en parallèle de la mobilisation ukrainienne. Plus coûteux et moins efficace, il reproduit les biais observés dans d’autres conflits : au lieu de renforcer la résilience de la société face à la crise, le dispositif marginalise les acteurs locaux et renforce la dépendance de l’Ukraine à l’aide internationale.
Un dispositif humanitaire international parallèle à la mobilisation ukrainienne
Dotée de plus de 3,82 milliards de dollars en fonds humanitaires alloués en 2022 (en plus des 11,193 milliards de budget en matière de développement)[1], l’aide humanitaire s’organise largement en parallèle de la mobilisation ukrainienne. Le système humanitaire international est le principal récepteur des financements mais peu efficace en matière d’acheminement aux populations les plus vulnérables. Peu déployés sur le territoire, les acteurs internationaux délèguent la distribution de l’aide à la mobilisation ukrainienne. Cette dernière, organisée par la société civile et l’État ukrainien, assure l’essentiel de la distribution de l’aide mais son financement est indirect et marginal.
Cette situation résulte de la structure du financement de l’aide internationale. L’application de mécanismes complexes d’allocation par les grands donateurs, notamment via les agences onusiennes, contraint le financement des organisations ukrainiennes faiblement structurées. Ces dernières reçoivent moin