Le fascisme et ses mutants
Près d’une année déjà que Giorgia Meloni et son parti se sont installés au pouvoir en Italie. « Aucun bouleversement », « pas de fascisme en vue », « laissons-les travailler » s’écrient certains. Les résultats des élections communales de mai, avec la très nette victoire de la coalition gouvernementale, qui conquiert 10 villes dont Ancône, bastion traditionnel de la gauche italienne, semblent leur donner raison.

Toutefois, la hausse du taux d’abstention, alors que l’Italie pleurait les quinze morts et les dizaines de milliers de personnes déplacées, victimes des inondations qui ont frappé l’Émilie Romagne au début du même mois, raconte une autre histoire, celle de la désespérance d’une population qui s’enfonce dans la précarité et la pauvreté et qui semble vouloir tourner le dos au futur[1].
Mais Matteo Salvini et Giorgia Meloni jubilaient et pointent depuis sur les élections européennes de 2024, alors que partout en Europe l’extrême droite a le vent en poupe ; pensons à la Suède, à la Finlande, au Danemark, à l’Allemagne, à la Grèce ou même à l’Espagne où l’échec de Vox aux élections de juillet ne doit pas cacher le bond en avant du Parti populaire (PP) dans les urnes, un parti de droite extrêmement réactionnaire et historiquement lié à la dictature qui a engrangé pour part les votes de Vox, ce dernier restant la troisième formation du pays[2].
Tels des rouleaux compresseurs, la Première ministre Meloni et le leader de la Lega poursuivent le train de mesures de leur gouvernement. Au menu, des politiques sociales toujours plus régressives, des attaques aux droits des salarié·e·s, des femmes, des personnes migrantes, des personnes LGBTQIA+ et la mise en place d’instruments permettant à ce gouvernement de se maintenir au pouvoir pour longtemps ; Giorgia Meloni mise sur le présidentialisme, Matteo Salvini sur « l’autonomie différentielle » ou comme la nomme certains « la sécession des riches[3] ».
Et les motifs d’inquiétudes ne manquent pas. Ainsi, comment ne