Qu’est-ce que la notion d’hégémonie pour Antonio Gramsci ?
Gramsci est par excellence le penseur de l’hégémonie et son nom est à juste titre associé à ce concept. Mais dans l’espace public, tant journalistique que politique, une réduction abusive tend à identifier ce dernier à la seule hégémonie culturelle. Dans un article publié le 25 avril 2023 dans AOC sur « L’improbable “gramscisme de droite” » nous avons montré comment cette réduction a servi à l’extrême droite pour tenter de s’accaparer la pensée d’Antonio Gramsci. Plusieurs lectrices et lecteurs de cet article nous ont demandé de développer de façon synthétique ce qu’était l’hégémonie dans les écrits du penseur sarde et c’est le but de cet article.
La question de la culture et celle des intellectuels occupent une place centrale dans la réflexion que Gramsci développe en prison ; mais la notion d’hégémonie, éminemment politique, présente chez lui une richesse et une complexité qui tiennent à la nature plastique et englobante de la notion. Plastique, au sens où elle se modifie et s’enrichit tout au long du parcours politique et théorique de Gramsci : sa signification initiale, dans les années 1924-1926, diffère de celle qu’elle acquiert durant les années de prison, au cours desquelles elle continue d’évoluer jusqu’aux tous derniers textes des Cahiers rédigés en 1935. Englobante, car elle surdétermine l’ensemble de la pensée qu’il développe en prison, devenant en quelque sorte le dénominateur commun de la constellation formée par la quasi-totalité des notions et thèmes gramsciens (question méridionale, guerre de position, intellectuels, révolution passive, philosophie de la praxis…).
La variété des adjectifs qui lui sont accolés – elle est tour à tour qualifiée de politique, sociale, intellectuelle et morale, civile, éthico-politique, commerciale, culturelle, spirituelle, internationale – montre la démultiplication des champs d’application et des connotations de la notion.
Lénine et l’hégémonie du prolétariat
Comme Gramsci le suggère lui-même dans les Cahiers, c’est à la révolution russe et tout particulièrement à Lénine qu’il doit son concept d’hégémonie. Le mot n’est en réalité pas propre au langage de Lénine : dès la révolution de 1905, il est couramment employé pour désigner la position bolchévik, consistant à confier au prolétariat la direction de la lutte révolutionnaire contre le régime tsariste, en s’assurant l’alliance des paysans – en opposition aux menchéviks qui pour des raisons stratégiques croyaient qu’une direction bourgeoise-libérale serait plus efficace. La position de Lénine comportait ainsi un double aspect : de direction (de la lutte révolutionnaire par le prolétariat ouvrier) et d’alliance (avec les paysans).
Après la révolution d’Octobre, l’intervention étrangère, la famine et la guerre civile conduisent d’abord à une occultation de la direction et de l’alliance (hégémonie du prolétariat) au profit de la seule coercition (dictature du prolétariat). Mais à partir de 1919 Lénine insiste sur la nécessité de la persuasion à l’égard des paysans – sans lesquels les villes ne peuvent survivre – ce qui va conduire aux « concessions » et à la « retraite » de la NEP (Nouvelle politique économique) officiellement promulguée en mars 1921. Enfin, durant les derniers mois d’activité de Lénine – en 1922-1923, période où Gramsci vit à Moscou comme représentant italien auprès de l’Internationale – la question de l’attitude de la ville vis-à-vis de la campagne et de la mise en place d’une politique culturelle et éducative visant à réduire les écarts entre les différentes couches de la société russe devient prioritaire pour Lénine. En janvier 1923, il affirme qu’il faut de toute urgence « poser dans toute son ampleur cet immense problème culturel d’une portée historique mondiale » : « établir le contact entre les ouvriers de la ville et les travailleurs des campagnes », au moyen de l’élévation de l’instruction et de la culture.
Les dix-huit mois que Gramsci passe en Russie sont par ailleurs décisifs : ce sont ceux de la mise en place au sein de l’Internationale de la politique du « front unique » visant à instaurer une politique de masse dépassant les seuls partis communistes au moyen de l’alliance la plus vaste possible des organisations ouvrières et démocratiques.
En juin 1923, lors du Troisième Plénum Élargi du Komintern, qui lance le mot d’ordre du « gouvernement ouvrier et paysan », la délégation italienne menée par Gramsci précise que « le problème des rapports entre les ouvriers et les paysans […] en Italie se présente en général comme la constitution d’un lien organique entre les masses ouvrières du Nord et les masses paysannes du Sud ». Deux mois plus tard, Gramsci appelle le comité exécutif du PCd’I à fonder un nouveau journal, l’Unità, un titre choisi pour mieux insister sur la nécessité de l’alliance entre ouvriers et paysans, qui doit selon lui se traduire en un projet politique national spécifiquement italien, remplaçant le régime monarchique qui prend désormais appui sur le gouvernement fasciste : celui d’une « République fédérale des ouvriers et des paysans » (septembre 1923). Quelques mois plus tard, dans le texte consacré à la mémoire de Lénine et paru en mars 1924, Gramsci théorise pour la première fois explicitement « l’hégémonie du prolétariat », dont il fait l’essence même du bolchévisme en tant que pensée concrète : elle signifie la nécessité historique pour la classe ouvrière de s’allier « la masse des paysans pauvres ». C’est avant tout la traduction de ce principe qui l’occupe dans le contexte de l’Italie fasciste à partir de son retour dans la péninsule en mai 1924. Il dirige alors le parti jusqu’à son arrestation en novembre 1926, alors même qu’il finit de rédiger ses Notes sur le problème méridional consacrées justement à cette double alliance avec les paysans et l’ensemble des forces antifascistes. C’est encore ce principe de l’alliance qui constitue le présupposé et l’arrière-fond des Cahiers de prison qu’il obtient la permission de rédiger à partir de 1929.
Direction et domination
Un fait majeur caractérise sa réflexion dès le Cahier 1 : il n’y est plus question de l’hégémonie du prolétariat en tant que telle. Le sujet hégémonique peut être toute classe sociale, quelle qu’elle soit. En réalité, selon une tendance plus générale qui caractérise l’ensemble de la méthode de travail de Gramsci en prison, l’analyse historique concrète, ayant pour objet le Risorgimento et la construction de la nation et de l’État en Italie, alterne avec le discours théorique et l’élaboration d’outils politico-conceptuels, selon une montée en généralité qui n’est cependant jamais détachée de la mise à l’épreuve des faits. L’enquête portant sur l’histoire italienne, le sujet de l’hégémonie explicitement envisagé est nécessairement la bourgeoisie et non le prolétariat. Mais il est évident que lorsque le discours devient plus abstrait et ne spécifie plus tel ou tel sujet socio-politique, c’est aussi bien l’hégémonie du prolétariat qui est implicitement envisagée. D’autant plus qu’au passage du discours historique au discours théorique correspond un second passage possible, plus temporel, de l’analyse du passé à la perspective stratégique pour le futur – quand bien-même ce passage reste-t-il là encore implicite, ne serait-ce que pour des raisons de prudence (Gramsci savait que ses cahiers étaient contrôlés et craignait plus que tout qu’on lui retire l’autorisation de les écrire).
Le point de départ de Gramsci est la « Direction politique de classe avant et après l’arrivée au gouvernement » : cette question est développée en référence à la bourgeoisie italienne de l’époque du Risorgimento, mais trahit dans ses termes même son arrière-plan communiste ou, mieux, “léniniste” (au sens du dernier Lénine, celui que Gramsci avait connu). La double perspective imposée par la prise en compte de l’avant et de l’après, de la lutte pour le pouvoir et de l’exercice du pouvoir, conduit à enrichir et complexifier le contenu de la notion d’hégémonie : celle-ci est toujours, fondamentalement, direction plutôt que domination, consenso plutôt que force, relevant à la fois de la persuasion, du consentement et du consensus.
Mais si, avant l’arrivée au pouvoir, l’hégémonie est définie par la seule direction, elle devient inséparable, après l’arrivée au pouvoir, de la domination effective et de l’exercice de la coercition. Le point fondamental est que l’hégémonie – en tant que direction et consenso – est indispensable dans l’un et l’autre moment : « Il peut et il doit y avoir une “hégémonie politique” avant même l’arrivée au gouvernement et il ne faut pas compter seulement sur le pouvoir et sur la force matérielle qu’il donne pour exercer la direction ou l’hégémonie politique ». Cette phrase de 1930, relative à l’analyse de l’hégémonie exercée par les Modérés en Italie avant et après l’Unité (1870), peut aussi bien être appliquée par le lecteur à toute expérience de prise du pouvoir d’État, y compris à celle des bolcheviks en Russie ou à celle des fascistes en Italie. Et le caractère indispensable de l’hégémonie après la prise du pouvoir apparaît clairement dans la comparaison entre deux situations possibles : celle d’un « exercice “normal” de l’hégémonie […] caractérisé par une combinaison de la force et du consentement (consenso) qui s’équilibrent, sans que la force ne prévale trop sur le consentement, puisqu’elle paraît au contraire appuyée sur le consentement de la majorité », et celle – vécue notamment par l’Italie au sortir de la Première Guerre mondiale – où « l’appareil hégémonique s’effrite et l’exercice de l’hégémonie devient toujours plus difficile », révélant ainsi une véritable « crise d’hégémonie .
Guerre de position et hégémonie
Un élément important de la réflexion de Gramsci est son opposition à la ligne du VIe congrès de l’Internationale communiste (juillet 1928). Cette ligne qui marque un « tournant » et la victoire définitive de Staline dans le parti russe estime qu’il faut désormais lutter « classe contre classe » ; elle part de l’idée de la crise du monde capitaliste, fait l’hypothèse d’insurrections victorieuses dans toute l’Europe et désigne le « social-fascisme » comme un des adversaires principaux à abattre. Le parti communiste d’Italie, d’abord réticent, finit par accepter cette ligne et renonce aux thèses qu’il avait avancées lors du Congrès de Lyon de janvier 1926. En janvier-février 1930, le PCd’I énonce la « nécessité d’un tournant ». En prison, Antonio Gramsci s’élève contre cette ligne et défend lors des discussions avec ses camarades de parti le mot d’ordre, pour l’Italie, d’une assemblée constituante républicaine, qui implique l’unité des forces antifascistes.
En novembre 1930, au moment même où se déroule dans le pénitencier de Turi ce débat politique entre Gramsci et ses camarades, apparaît dans les Cahiers le concept de “guerre de position” qui s’oppose à l’idée de “guerre de mouvement”. Partant d’une lecture critique du livre de Rosa Luxemburg Grève de masse, parti et syndicat, Gramsci mène une réflexion comparée entre la guerre et la politique et estime qu’il faut prendre acte du passage, au cours de la dernière guerre, « de la guerre de manœuvre à la guerre de position ». Dans cette séquence historique « la guerre de position n’est pas en effet seulement constituée par les tranchées pures et simples mais par tout le système organisationnel et industriel de l’armée déployée […] ». Cela ne signifie pas pour Gramsci que la guerre de manœuvre et les tactiques offensives n’existent plus mais « il faut considérer qu’elles sont réduites à une fonction tactique plus qu’à une fonction stratégique […]. Cette même réduction doit advenir dans l’art et la science de la politique, au moins pour ce qui regarde les États les plus avancés, où la “société civile” est devenue une structure très complexe et résistante aux “irruptions” catastrophiques de l’élément économique immédiat (crise, dépressions etc.) : les superstructures de la société civile sont comme le système des tranchées dans la guerre moderne ».
Gramsci poursuit cette réflexion dans une note écrite très peu de temps après en estimant que Lénine avait sans doute compris la nécessité du passage de la guerre de mouvement à la guerre de position :
« Sauf qu’Ilitch n’eut pas le temps d’approfondir sa formule, sans compter qu’il ne pouvait l’approfondir que théoriquement, alors que la tâche fondamentale était nationale, c’est-à-dire qu’elle demandait une reconnaissance du terrain et une fixation des éléments de tranchée et de forteresse représentées par les éléments de société civile etc. En Orient, l’État était tout, la société civile était primordiale et gélatineuse ; en Occident, entre État et société civile, il y avait un juste rapport et dans le tremblement de l’État on discernait aussitôt une robuste structure de la société civile. L’État était seulement une tranchée avancée, derrière laquelle se trouvait une chaîne robuste de forteresses et de casemates ; plus ou moins, d’État à État, on le comprend, mais ceci demandait précisément un examen soigneux de caractère national. »
L’émergence de ce concept de « guerre de position » signifie que, dans le moment historique déterminé, il ne faut plus envisager la révolution comme insurrection généralisée et passage immédiat à la dictature du prolétariat. Ce concept conduira Gramsci à repenser l’État, le rôle des intellectuels dans la société civile et à faire évoluer la notion d’hégémonie. En 1932, il écrira d’ailleurs que « la guerre de position, en politique, c’est le concept d’hégémonie ». Toute cette réflexion stratégique et politique se comprend donc aussi comme une pensée alternative à la ligne qui s’est imposée dans le mouvement communiste avec le « tournant ».
La constitution de l’hégémonie bourgeoise
L’enquête historique de Gramsci sur la constitution de l’hégémonie bourgeoise est une des spécificités de sa réflexion sur l’hégémonie. Bien des évolutions dans les usages et les significations qu’il imprime à la notion dans les Cahiers viennent de sa réflexion sur la façon dont la constitution d’une nouvelle conception du monde propre à la bourgeoisie est devenue dominante avant les révolutions modernes et a été l’une des principales conditions de possibilité de la Révolution française. Cette réflexion lui vient notamment de la lecture d’un ouvrage, Aux origines de l’esprit bourgeois en France, qu’il lit dès sa parution en 1927 chez Gallimard, alors qu’il est emprisonné à Milan dans l’attente de son procès – il n’a pas encore le droit d’écrire mais il lit abondamment et commence à élaborer un programme d’études. Comme en témoignent plusieurs lettres, il est très admiratif de ce livre de Bernard Groethuysen, philosophe et historien allemand installé en France, et il entend développer quelque chose de semblable pour l’Italie, sous la forme de ce qu’il appelle par ailleurs une histoire des intellectuels. Gramsci en vient ainsi à donner un sens plus large à l’hégémonie : elle est désormais ce qui fait société, ce qui conduit à la diffusion et au partage de valeurs qui, bien qu’émanant d’une classe précise, tendent à une forme d’universalité. Elle est en ce sens le propre de la société civile plutôt que de la société politique, selon la division qu’il établit à partir de 1931 entre les deux parties de l’État « dans sa signification intégrale » (« État = société civile + société politique, c’est-à-dire hégémonie cuirassée de coercition »). Partis, journaux, clubs, écoles, églises etc. sont autant d’appareils d’hégémonie indispensables au fonctionnement de l’État.
Hégémonie et démocratie
On en vient ainsi à une dimension spécifique de l’hégémonie gramscienne : son lien avec les deux dimensions, étroitement liées, de l’éducation et des intellectuels. Sans suivre les nombreux méandres des Cahiers sur ces questions, il faut souligner leur centralité pour comprendre que l’hégémonie est irréductible à toute théorie d’un pouvoir imposé plus ou moins subrepticement : il ne s’agit ni d’une microphysique du pouvoir ni d’une modélisation des appareils idéologiques d’État (ce qui n’empêche pas à l’inverse qu’Althusser se soit inspiré de Gramsci pour théoriser ces derniers).
Deux affirmations formulées en 1932 présentent une importance particulière : « tout rapport d’“hégémonie” est nécessairement un rapport pédagogique » et « tous les hommes sont des intellectuels ». Elles expriment le fait que le souci de l’hégémonie se confond avec celui de l’émancipation des classes subalternes par leur devenir dirigeant. Tout au long de son activité politique Gramsci a conçu et pratiqué la pédagogie comme transmission des outils critiques permettant aux prolétaires de sortir de leur condition subalterne et d’accéder au rang de dirigeants.
Le rapport pédagogique tel qu’il le pense est toujours réciproque et passe par la mise en commun d’outils critiques – il n’a rien à voir avec le rapport hiérarchique maîtres-élèves encore trop souvent pris comme modèle par nos dirigeants politiques dans l’idée qu’ils se font de leur rapport au peuple (ce modèle infantilisant qui saute aux yeux dans des phrases type telles que “nous n’avons pas su faire la pédagogie de la réforme”…). C’est dans cette même direction que Gramsci s’attache à étendre la notion d’intellectuel, refusant de se limiter « à la notion courante, qui se réfère aux grands intellectuels », comme il l’écrit à Tania dès sa lettre du 7 septembre 1931. Est un intellectuel, toute personne qui exerce des fonctions de direction et d’organisation, y compris à des niveaux subalternes. Dès lors, penser l’hégémonie, c’est réfléchir aux conditions de possibilité et d’effectuation du devenir intellectuel (et donc du devenir dirigeant) de tous.
C’est pourquoi, dans son sens le plus accompli, l’hégémonie équivaut à l’unité des dirigeants et des dirigés, acquise par l’établissement d’un passage constant et « moléculaire » des uns aux autres. Les « connexions nationales entre gouvernants et gouvernés » sont autant de « facteurs d’hégémonie », ce qui revient pour Gramsci à identifier entièrement hégémonie et « démocratie au sens moderne ». De ce fait, le consenso démocratique qui est au cœur de l’hégémonie gramscienne n’est assimilable ni au consentement passif ni au consensus mou : il s’agit d’un consensus actif, de la construction d’une entente, d’une volonté collective fondée sur l’unité entre dirigés et dirigeants, au moyen d’un passage constant du statut de gouverné à celui de gouvernant. « Dans le système hégémonique, il existe une démocratie entre le groupe dirigeant et les groupes dirigés, dans la mesure où le développement de l’économie, et donc la législation qui exprime ce développement, favorise le passage moléculaire des groupes dirigés au groupe dirigeant. » Une telle situation revient en réalité à effacer la séparation entre la société civile et la société politique (l’État au sens étroit) : il s’agit de cette « réabsorption de la société politique dans la société civile », qui est la traduction que Gramsci donne à l’objectif marxiste de l’extinction de l’État, à ce « système de principes qui affirment comme fin de l’État sa propre fin, sa propre disparition ». Un système de principes et une conception de l’hégémonie comme démocratie radicale qu’il développe pour mieux « exclure soigneusement tout appui ne serait-ce qu’apparent aux tendances “absolutistes” », c’est-à-dire au stalinisme triomphant.
L’hégémonie envisagée en ce sens éminemment démocratique conserve bien sûr la dimension utopique propre à la perspective stratégique communiste. Mais elle prend ancrage dans des analyses historiques concrètes et traduit la lutte que ne cesse de mener, sur le plan de la théorie désormais, un dirigeant révolutionnaire qui, bien que vaincu et malade, ne se laisse pas abattre tant que lui reste la force d’écrire. Plus qu’un concept, l’hégémonie est ainsi une pensée complexe qui ne saurait en aucun cas se laisser résumer aux slogans prétendument gramsciens et actuellement si prisés, tels que « conquérir l’hégémonie culturelle » et « gagner la bataille des idées ».
NDLR : Jean-Claude Zancarini et Romain Descendre ont publié récemment aux éditions La Découverte L’œuvre-vie d’Antonio Gramsci.