Apprendre à vivre entre deux tempêtes
Une phrase revient spontanément dans la bouche des habitants frappés par une catastrophe climatique « On n’avait jamais vu cela de notre vie. » En effet, les changements qui affectent le climat se produisent de plus en plus souvent là où on ne les attendait pas.

Malheureusement, la première catastrophe n’y est jamais la dernière. En octobre 2020, la tempête Alex a été si intense qu’elle a conduit à un changement profond de la vallée de la Vésubie dans les Alpes-Maritimes : le lit de la rivière qui était pavé par des blocs de roches peu mobiles, a été rompu sur presque toute sa longueur par les divagations des flots, qui ont aussi conduit à des dégâts inédits. En octobre 2023, la tempête Aline, d’une mobilité inhabituelle pour une crue de cette ampleur, s’est produite dans ce lit déstabilisé. Elle marque un moment critique, un point de bascule, dans l’histoire de la Vésubie.
Le retour naturel à un lit pavé sera difficile avant très longtemps. Et pourtant, après la tempête Alex et les travaux considérables d’élargissement du lit de la Vésubie, tout le monde se pensait à l’abri d’une nouvelle catastrophe. La tempête Aline a mis à mal ce pronostic, seulement trois ans plus tard. Les mêmes remarques s’appliqueraient à la lutte contre le retrait du trait de côte le long de l’Atlantique, où les tempêtes d’automne se précipitent l’une derrière l’autre, ou encore aux feux de forêt entre le printemps et la fin de l’été dans les zones réputées tempérées d’Eurasie et d’Amérique du Nord. Nous assistons à un changement de régime des météo et à leurs conséquences à la fois pour la nature et pour les humains. Il convient d’en tirer quelques enseignements pour le temps présent.
Partons de quelques évidences. Tout d’abord, ni les changements de la nature ni ceux de la vie en société ne sont réversibles. C’est une loi de la thermodynamique et du monde vivant. Nos arrières petits-enfants ne connaîtront pas les conditions de vie de nos arrières grands-parents. D’autre part, no