Société

L’inconnu dangereux et le citoyen apathique – sur la politisation du harcèlement de rue

Sociologue

En le subordonnant à l’anticipation de violences plus graves, les politiques publiques offrent au harcèlement de rue une reconnaissance paradoxale et peu pertinente. En outre, la focalisation de la réponse publique sur la répression et sur l’appel au civisme tend à reléguer hors champ les relais institutionnels, disponibles, fiables et accessibles.

Depuis une dizaine d’années, les pouvoirs publics français se sont saisis du problème du harcèlement de rue et ont engagé une lutte contre ce phénomène. Faisant suite à plusieurs décennies de recherches scientifiques et de mobilisations militantes, cette action publique, longtemps attendue, infléchit en un sens discutable la politisation des offenses sexistes en public.

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Dans cet article, on revient sur certaines dimensions de ce processus de politisation, qui a conduit à la pénalisation de l’outrage sexiste en 2018. D’une part, le cadrage du harcèlement de rue en termes de dangerosité, adossé à un usage discutable de la notion de « continuum de violences », donne une reconnaissance paradoxale au problème, en subordonnant sa considération à l’anticipation de formes plus graves de violences auxquelles il est réputé mener (en particulier le viol). D’autre part, la focalisation de la réponse publique sur la répression et sur l’appel au civisme (au risque de la contradiction), relégue hors champ les conditions de possibilité pratiques de survenue des interventions civiles qu’il s’agit de susciter, au premier rang desquelles, l’existence de relais institutionnels, disponibles, fiables et accessibles.

Le harcèlement de rue ou la politisation des offenses sexistes en public

On a assisté au cours des dernières décennies, en France comme ailleurs en Europe, à la politisation du harcèlement de rue. L’expression désigne (et ce faisant dénonce) l’ensemble des comportements offensants, voire menaçants, imposés aux femmes dans les espaces publics et qui entravent leur libre accès à la ville et aux biens qui lui sont associés. Ceux-ci, sexualisant leur présence, commentant leur apparence, prennent des formes allant de l’apostrophe à l’injure et à l’intimidation (certaines définitions pouvant inclure des atteintes à l’intégrité physique).

Le concept de harcèlement de rue a été forgé par les sciences sociales nord-américaines dans les années 1980[1] pour objectiver un phénomène urbain jusque-là perçu comme négligeable et anodin, sans importance ni gravité, ou comme relevant même de l’hommage ou du compliment[2]. Face à ces comportements banalisés d’offense sexiste, pénibles, humiliants voire effrayants, l’expérience féminine a été longtemps marquée par un sentiment d’impuissance, accentué par la faiblesse de l’intérêt porté aux espaces publics et aux comportements y prenant place.

Dans son ouvrage pionnier de 1995 (toujours inédit en français[3]), la sociologue Carol B. Gardner y voyait la manifestation de « […] l’idée répandue selon laquelle les comportements et les situations publics seraient sans intérêt, négligeables et triviaux, et que les espaces publics ne seraient rien d’autre que d’insignifiants lieux de passages pour des citoyens engagés par ailleurs, dans le travail, le loisir ou le voyage[4] ». Pris isolément, en effet, ces épisodes de la vie publique urbaine semblent ne pas porter à conséquence. Cette négligence a donc contribué, jusqu’à très récemment, à confiner ces épreuves interactionnelles malheureuses et récurrentes dans le silence de l’expérience privée, qu’il s’agissait de relativiser, plutôt que de dénoncer ou de publiciser. Car les émotions suscitées par les interactions entre inconnus sont aisément rangées du côté de l’excès et de l’aberrante disproportion : pourquoi se rendre malade ou se disputer entre personnes que l’on ne reverra jamais ? Ne peut-on traiter les gens incorrects par le mépris et passer son chemin ?

Les offenseurs jouent précisément de cette euphémisation des enjeux, et de la réticence, vive dans les rapports en public, à « faire des histoires », « faire une scène », ou « se mêler » des affaires d’autrui, dessinant une préférence toujours possible pour la relativisation des maux passagers, y compris chez les victimes elles-mêmes. Comme le savent nombre de victimes de conduites déplacées ou injustes, cela coûte, en effet, de se défendre : c’est une épreuve supplémentaire à s’imposer à soi-même, pour quiconque prétend réclamer justice, que de s’opposer de manière frontale à celui ou celle qui inflige un tort, pour demander des comptes et assumer la dimension potentiellement agonistique que revêt le fait de se défendre.

Dans le contexte des rapports en public, la difficulté est redoublée par les conditions particulières de communication propres aux interactions entre non-familiers, où dominent la réserve et la distance, qui rendent l’engagement (y compris de réprobation) particulièrement coûteux en énergie et en volonté. L’effet combiné de l’euphémisation des conséquences et de la prudence, appelant à la retenue (éviter le conflit) donne du champ à tous ceux qui abusent des conditions d’accessibilité propres à la vie publique urbaine, pour y exercer des formes de malveillance, de nuisance, en somme y exerce une forme de pouvoir.

En permettant de penser ensemble ces comportements sexistes ordinaires, leur parenté et leurs conséquences cumulées (le préjudice induit) sur l’expérience féminine des rapports en public, le concept de harcèlement de rue a permis de requalifier la multitude fragmentée des interactions sexistes, auparavant comprises en termes interpersonnels et dispersés, en véritable fait social, phénomène d’ensemble, massif, inscrit dans le fonctionnement collectif, et justiciable de l’intervention des pouvoirs publics. Le harcèlement de rue est ainsi devenu un problème public[5], au sens où il est désormais admis que la maîtrise de ses conséquences concerne la société tout entière, au-delà de ses protagonistes directement concernées.

Le concept de harcèlement de rue s’est adossé à l’application aux rapports en public, furtifs et anonymes, d’une notion centrale dans l’histoire de la lutte contre les violences faites aux femmes, d’abord pensée pour désigner des formes de violences sexuelles subies par celles-ci sur leur lieu de travail : le harcèlement sexuel[6]. C’est l’exposition répétée aux gestes déplacés venant d’une même personne, aggravé par l’existence de rapports hiérarchiques plaçant l’auteur de harcèlement en position d’autorité vis-à-vis de sa victime, qui conditionnent la qualification juridique du phénomène[7].

L’application du concept de harcèlement sexuel au phénomène du harcèlement de rue relève d’un déplacement, porteur d’une extension du concept. Elle conduit en effet à passer, dans la définition des actes considérés, d’un auteur unique agissant de façon répétée, dans le cadre d’une relation stable, entre familiers, dont la victime est captive, à une pluralité d’auteurs distincts, non coordonnés[8], et à des occurrences uniques (mais répétées pour celles qui les subissent), se déroulant entre non-familiers qui ne font que se croiser, le plus souvent de façon fugace.

Cette extension du concept répond à la prise en considération du point de vue et de l’expérience des victimes, c’est-à-dire des effets de harcèlement produits sur elles, par la série des auteurs distincts, du fait de leur cumulativité dans la vie des femmes. L’opération devrait s’accompagner d’une relative prudence au moment de qualifier ce que cela implique, à l’horizon d’une qualification juridique et d’une réponse pénale de ces comportements, lorsque l’on considère chaque auteur, pris individuellement. Cette dimension du problème a cependant été obérée, dans le discours public, par la mobilisation d’une seconde notion, elle aussi issue des recherches sur les violences de genre : celle de « continuum des violences sexuelles ». Développée par Liz Kelly, pour « décrire l’étendue et la variété de la violence sexuelle dans [la] vie » des femmes[9] et souligner le « lien entre toutes les formes de violence sexuelle [10]», la notion de continuum de violence décrit davantage un apparentement et une affiliation commune de l’ensemble des violences faites aux femmes à une culture sexiste et patriarcale, que l’affirmation d’un lien de type causal faisant passer des formes mineures de violence à leurs formes les plus lourdes.

Or, les politiques publiques qui se sont saisies du sujet et ont promu sa pénalisation (aboutissant au vote de la loi définissant l’infraction contraventionnelle d’outrage sexiste, le 3 août 2018[11]), s’adossent à une interprétation singulière de cette notion : celle-ci y est mobilisée pour suggérer l’existence d’un engrenage, susceptible de mener du harcèlement de rue aux formes les plus lourdes de violence sexuelle, et en particulier au viol.

Un cadrage en termes de dangerosité. La lutte contre le harcèlement de rue impose-t-elle de cultiver la peur de l’inconnu des villes ?

Dans la rhétorique qui a conduit à la pénalisation de l’outrage sexiste, le harcèlement de rue est fréquemment décrit à partir des formes plus graves de violences auxquelles il pourrait mener. Un vecteur de ce glissement interprétatif est l’image de la pyramide de la culture du viol qui présente le harcèlement de rue comme un premier stade, et le viol avec homicide comme le dernier, de sorte que leur hiérarchisation par degrés de gravité tend à être vue comme un processus de croissance et comme autant d’étapes d’un développement spontané : depuis les remarques désobligeantes, violences verbales, jusqu’aux agressions physiques à caractère sexuel, viol et homicide.

Cet usage de la notion de continuum, comme processus de croissance menant d’une forme de violence, de déviance ou d’infraction mineure (sans atteinte physique) à des formes graves, n’est pas sans rappeler les théorisations de l’incivilité : la théorie dite de « la vitre brisée » et les théories de la « tolérance zéro » qui s’en sont inspirées ont fait des désordres urbains mineurs les stades de développement « précoce » des formes de délinquance et de criminalité les plus lourdes.

Cet usage active ce même postulat, qui a connu d’importants succès en criminologie, malgré de nombreux démentis empiriques, qui pense comme autant de moments d’un développement interne le passage de l’incivilité la plus ordinaire au crime. Certaines analyses avaient ainsi placé les incivilités au premier échelon de l’échelle des violences urbaines, le dernier échelon étant celui de la « guérilla urbaine », et le passage des premiers aux derniers se voyant conçu en termes d’engrenage et de pente glissante.

D’une manière analogue, la définition officielle du harcèlement de rue adoptée par les pouvoirs publics pose le caractère en soi répréhensible des formes de harcèlement de rue, tout en mettant l’accent sur leur possible évolution vers des formes d’agression plus graves. Dans son intervention devant la commission sénatoriale siégeant pour préparer la loi contre l’outrage sexiste, Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, formulait ce postulat de façon limpide :

« Ma conviction, celle des experts, est qu’il existe un véritable continuum des violences, depuis le harcèlement de rue jusqu’au viol : ces comportements ne sont pas décorrélés, la plupart des violeurs avaient en effet déjà agressé sexuellement ou déjà harcelé. Tous les policiers que nous avons auditionnés nous expliquent que les violences sexuelles suivent une forme de gradation exponentielle. […] je n’avance pas que quelqu’un qui harcèle dans la rue va devenir systématiquement un violeur mais je soutiens qu’il faut bloquer le processus immédiatement et pour cela ne rien laisser passer, même la plus « petite » des agressions ou des atteintes sexuelles à l’encontre des femmes.[12] »

On ne se situe pas ici à un niveau collectif (affirmant que le sexisme se nourrit de pratiques jugées bénignes et euphémisées qui contribuent à rendre possibles des actes plus graves) mais individuel, où la pénalisation entend « bloquer le processus immédiatement ». Malgré quelques signes oratoires de prudence – la secrétaire d’état se défendant d’endosser une vision causaliste – c’est un rapport de cause à effet qui est ainsi suggéré : quel autre enseignement tirer de l’affirmation selon laquelle « la plupart des violeurs avaient déjà agressé sexuellement ou déjà harcelé » ? L’idée sous-jacente est qu’une « gradation exponentielle » conduit, si ce n’est tous les harceleurs, du moins une partie d’entre eux, du harcèlement au viol.

Or, ce postulat, faisant des offenses sexistes ordinaires les prémisses des crimes sexuels (viol et homicide), n’est nullement documenté, et se trouve même largement démenti par les faits. L’ensemble des observations et des données statistiques disponibles à ce jour convergent pour l’infirmer. Les viols sont, en effet, dans une écrasante majorité de cas, commis par des personnes connues par la victime. Le rapport parlementaire, rendu le 22 février 2018[13] par Marie-Pierre Rixain et Sophie Auconie, le rappelait une nouvelle fois : parmi les 108 000 victimes de viol ou de tentative de viol déclarées en 2017, 91 % connaissaient l’agresseur.

Pour autant, l’idée que des violences sexistes et sexuelles mineures peuvent graduellement conduire à des violences plus graves, s’inscrire dans des processus d’engrenage et d’escalade, n’est pas dépourvue de fondement. Elle a été documentée dans d’autres contextes, en particulier pour les dynamiques de violences prenant place entre familiers.

Dans les contextes de violences conjugales, notamment, les recherches suggèrent que chaque épisode de violence perpétrée peut représenter le franchissement d’un seuil et un verrou levé, permettant qu’un degré supérieur soit franchi la fois suivante. Mais la situation est alors celle d’une stricte continuité temporelle et relationnelle entre des protagonistes constants, dans un espace lui-même stable, suivant des logiques relationnelles relevant de la répétition. L’application de cette perspective à une série d’hommes distincts, inconnus, croisés dans les espaces urbains, où la répétition et l’accumulation existent du seul côté des femmes, ne va donc pas de soi.

En dépit de l’existence de faits divers tragiques susceptibles d’étayer cet imaginaire (abondamment nourri par les œuvres de fiction), brosser le portrait des auteurs de harcèlement de rue en violeurs en puissance n’est pas sans conséquence. D’une part, cela nourrit un cliché urbanophobe et classiste, qui attise la défiance et la peur entre concitoyens, et décourage les formes ordinaires d’intervention civile, en dramatisant le danger perçu[14]. D’autre part, cela contribue à renforcer une perception faussée du sexisme et de ses ravages, suggérant que ceux-ci seraient l’apanage des catégories sociales dont le sexisme se manifeste dans les rues des villes, nourrissant des raccourcis courants de ces conduites à un simple manque d’éducation, qu’on trouverait d’autant moins qu’on grimperait dans l’échelle sociale.

Or, pour des raisons sociologiques assez simples, liées à la topographie des usages de la ville et des espaces publics urbains, le harcèlement de rue rend particulièrement visible, voire omniprésent, le sexisme des hommes issus des milieux les plus populaires, du fait que ceux-ci passent une partie de leur temps dans l’espace public, qui peut être à la fois un lieu de sociabilité et pour certains un lieu de travail ( ouvert, gratuit, lieu de mixité et de brassage), quand le sexisme des hommes de milieux plus aisés se manifeste davantage dans des espaces de sociabilité, de circulation et de travail plus sélectifs, protégés du regard public, leur offrant une discrétion accrue et une impunité qui l’est peut-être tout autant.

Les crimes sexuels, contrairement au harcèlement de rue, ne sont pas des crimes de rue. Ils sont commis dans des maisons, des bureaux, des campus. Ils n’épargnent pas les milieux sociaux les plus aisés. Dresse-t-on pour autant des portraits de nos collègues de bureau, de nos oncles, cousins et pères, de nos camarades de promotion, en êtres dont les pulsions animales sont incontrôlées, affichant, en 4 par 3 dans le métro parisien[15], le caractère angoissant de l’isolement auquel sont réduites les victimes face à ces meutes prédatrices menaçantes ?

Non. Cela paraît impensable. C’est pourtant sous ces traits caricaturaux de la bestialité qu’ont été figurés les auteurs de harcèlement de rue dans l’une des premières campagnes de communication à avoir ciblé le problème. Le traitement réservé aux auteurs de harcèlement de rue semble donc aussi politiquement dommageable, qu’empiriquement injustifié. Prendre au sérieux le harcèlement de rue nécessite-t-il de dramatiser ce à quoi il peut mener, en promettant le pire ? La peur est-elle le ressort pertinent à activer pour conduire la société à se mobiliser ?

Une forme de vandalisme interactionnel

L’approche ethnographique des situations de harcèlement de rue invite à porter davantage d’attention à leurs spécificités, comportementales et contextuelles, pour imaginer des réponses plus justes. Dans une majorité des situations observées et rapportées, le harcèlement de rue s’apparente davantage à un « vandalisme interactionnel[16] » qu’à des prémisses de violences sexuelles lourdes.

Saisi à hauteur des expériences urbaines concrètes, il s’inscrit dans le périmètre des formes ordinaires de la malveillance interactionnelle (à côté d’autres formes d’offenses liées à l’identité, réelle ou perçue, des personnes, plutôt qu’à leurs actions, telles que le racisme). Sa gravité ne dépend pas de son prolongement dans des comportements criminels impliquant des violences lourdes, mais tient à ce qu’il produit, par lui-même, de façon performative, au fil des situations : une entrave à la liberté de circuler, une atteinte à l’égalité, un déni du respect dû à chacun.e dans les espaces de la coexistence entre concitoyen.nes.

Dans le harcèlement de rue, les hommes s’ingénient à empêtrer les femmes qui passent devant eux dans des interactions gênantes, qui les déstabilisent, les mettent mal à l’aise, les souillent. Ces conduites opèrent la transgression systématique des normes routinières de l’échange civil, en imposant aux femmes un registre sexualisé ou intime, en ignorant les signes de clôture et de désintérêt qu’elles formulent, leurs refus réitérés, et finalement, en forçant les femmes à l’impolitesse.

Les femmes sont ainsi rendues captives d’interactions dans lesquelles leurs compétences conversationnelles ordinaires, et leurs scrupules moraux, les desservent, contribuant à générer un sentiment d’impuissance. Ces formes de transgression à l’œuvre ne sont jamais fortuites, ni indexées à quelque objectif annexe dont elles seraient un dommage collatéral : elles adviennent de façon pleinement délibérée, pour malmener et piéger leurs victimes. C’est en cela qu’elles relèvent d’une forme de malveillance sexiste.

Dans ces interactions subies, les femmes ne sont pas tant traitées comme des interlocutrices, que comme des objets : les commentaires qui leur sont lancés le sont souvent de biais, presque jamais de front : ils ne sont, en ce sens, jamais pleinement adressés. La passante passe, l’homme lui (ou le groupe d’hommes) est statique –ou l’inverse. Le harcèlement de rue joue sur l’asymétrie des rythmes et sur la dissociation des plans d’action : c’est ce qui permet de lancer des mots sans avoir à en assumer les conséquences interactionnelles. Les femmes peuvent d’autant plus aisément être traitées, à peu de frais, comme des silhouettes, des images, des stéréotypes – objets de commentaires, de raillerie, de provocation, de profanation symbolique. La réification est donc à la fois présumée par et accomplie dans l’interaction.

Ces paroles ne sont portées ni par un mouvement spontané de sympathie, ni par un geste de séduction, ni par la volonté de susciter une rencontre ou un échange plaisant avec elles. Elles relèvent d’une malveillance sexiste, ludique[17]. La grossièreté s’y accomplit comme l’exercice jubilatoire d’un rapport de pouvoir exercé dans l’interaction. Dans le cas de Mudrick, ce sans-abri new-yorkais noir, vendeur de journaux à Greenwich, étudié par Mitch Duneier, ces conduites (que la majorité du groupe de sans-abri enquêtés réprouve) s’apparentent à des braconneries d’hommes en position subalterne, par lesquelles ceux-ci se dédommagent de l’impossibilité de tenir avec les passantes entrevues des échanges inscrits sur un plan d’égalité. Ces enseignements empiriques vont à rebours du cadrage aujourd’hui dominant en termes de dangerosité. 

Le volet répressif de la réponse publique : la pénalisation du délit d’outrage

Le cadrage du harcèlement de rue en termes de dangerosité s’est imposé dans le débat public et a, logiquement, orienté l’action publique vers la pénalisation. Pour l’heure, on sait peu de choses des moyens effectivement déployés et de la façon dont cette nouvelle infraction est réprimée par les forces de sécurité. De même que l’on ignore à peu près tout de ce qui conditionne, en situation et en pratique, la qualification et la verbalisation qui s’ensuivent, en termes de topographie, de typologie de victimes et d’auteurs, de délits associés et plus généralement de circonstances.

Les statistiques relatives à la verbalisation publiées par le ministère de l’Intérieur[18], suggèrent que la répression reste infime, en regard de l’ampleur du phénomène. On compte seulement 2 800 infractions enregistrées sur le territoire français pour l’année 2022, et un total de 7 600 infractions enregistrées par les services de police et de gendarmerie depuis 2018. Ces chiffres sont sans commune mesure avec l’omniprésence et la banalité du phénomène qu’indiquent les enquêtes empiriques aussi bien que les enquêtes de victimation[19].

À titre de comparaison, les contraventions non délictuelles les plus courantes atteignent des ordres de grandeur qui se comptent en centaines de milliers, voire en millions. Ainsi des infractions routières : l’année 2022 a comptabilisé 29,2 millions de contraventions pour infractions au code de la route, dont 1,7 million d’infractions non délictuelles aux règles de conduite, incluant notamment des usages du téléphone portable, ou le port d’oreillettes[20].

Pour autant, la politisation du problème public du harcèlement de rue et sa médiatisation ont produit des effets qui débordent, fort heureusement, le périmètre de l’action législative ou policière. La politisation, toujours largement portée par les associations féministes – les formations militantes[21], les campagnes de sensibilisation menées sur les réseaux sociaux notamment – a contribué à équiper les citadines d’un arsenal de nouvelles façons de faire, d’un vocabulaire, de grilles de perceptions et de réflexes pratiques. L’observation et les entretiens donnent à voir le développement de ces formes inédites d’intervention civile, depuis une dizaine d’années. Cet essor est nourri par un sentiment de légitimité croissant à se faire militantes et pédagogues en situation : combattre ces pratiques, désormais identifiées comme symptômes d’un phénomène général, c’est contribuer à réformer les normes publiques des rapports de genre.

Or, les pouvoirs publics ont entrepris récemment d’investir également ce mode d’action, jusque-là porté par le monde associatif et militant, en finançant des campagnes de communication et de sensibilisation, dont la dernière en date, actuellement visible en ligne et dans les espaces d’affichage des transports publics, invite les voyageurs à prendre conscience du problème et à se mobiliser pour en répondre : « Contre les agresseurs, levons les yeux ».

L’appel au civisme. Les vertus civiques au secours de la régulation publique des espaces urbains ?

La campagne « Levons les yeux » s’inscrit dans une suite d’actions de sensibilisation et de pédagogie entreprises de longue date par les associations féministes (notamment « Osons le féminisme ! », « Hollaback ! » France, « Stop harcèlement de rue » et « La Fondation des femmes »). On pourrait se réjouir de voir l’État conforter et relayer la mobilisation citoyenne pour offrir sa force de frappe à des campagnes de communication et d’éducation de la population générale, contribuant à changer les mentalités et à éveiller les consciences et l’attention relatives au problème du harcèlement de rue.

La seule raison qui nous invite à nous garder d’un tel enthousiasme, est la considération des implications d’une telle prise de parole publique. Avec ce discours, en effet, l’État se place sur le même plan que les citoyens ordinaires, pour en appeler au civisme, à l’auto-organisation horizontale, locale, située, et aux tactiques d’intervention interactionnelles que chaque individu peut développer. Il appelle la population à se sentir concernée et à agir « contre les agresseurs », comme si c’était là une simple question d’attitude, et de bonne volonté, individuelles. Une telle vision méconnaît les conditions de l’intervention civile et de l’engagement civique, qui sont pratiques et collectives.

De l’aide aux sans-abri à l’intervention face au harcèlement de rue, un même problème se pose, celui des étais pratiques de l’intervention civile, des conditions de possibilité des gestes civiques, lorsque le concernement existe bel et bien. Reconduire la perpétuelle opposition entre l’indifférence (supposée cause de l’inaction) et l’intervention (citoyenne, vertueuse) est stérile. Ce dualisme nourrit la méconnaissance des ressorts pratiques de l’engagement, ou pire, signe le déni du rôle des médiations institutionnelles dans la constitution d’une capacité d’agir des citoyens.

Or, de même que les distributeurs de préservatifs équipent le souci de se protéger du VIH ; de même que le 115 permet (ou devrait permettre, si ses lignes et ses relais, en termes d’hébergement social, n’étaient pas saturés) de déléguer la préoccupation citoyenne ordinaire pour le sort des personnes à la rue ; de même que l’installation de poubelles publiques ou d’éteignoirs à cigarettes traduit autant qu’elle permet la mise en œuvre d’un souci collectif de rendre les rues propres et de moins polluer, en cessant de jeter papiers et mégots par terre ;  de même, le concernement pour les victimes de harcèlement de rue ne saurait prendre la forme d’une simple conversion des esprits, ou prise de conscience. Les militantes des associations engagées dans cette lutte l’ont d’ailleurs bien compris depuis longtemps : elles diffusent tracts et recettes pratiques pour donner des leviers d’action, en situation, de sorte à reconnaître les interactions relevant du harcèlement de rue et à intervenir sans se mettre en danger.

L’appel des pouvoirs publics aux bonnes volontés semble ainsi un peu court, de deux façons. D’abord, il méconnaît la dépendance des bonnes volontés, lorsqu’elles existent, à la possibilité de trouver des manières ajustées de se manifester. Bien sûr, les conseils pratiques en la matière peuvent être utiles (interrompre et faire mine de connaître la victime ou de lui demander l’heure). Mais ils ne sauraient suffire. Reste encore la question des relais, des appuis possibles offerts par les institutions, en cas de difficulté ou de détérioration de la situation, bref des dispositifs pratiques mis à disposition, avec des personnels dédiés, présents, accessibles.

Dans ce discours, la présence dissuasive, préventive (ou même répressive) de personnels dédiés au respect des règles de fonctionnement des espaces publics ne semble pas considérée. Or, à ce jour, quels dispositifs relaient-ils ce souci collectif ? Les pouvoirs publics ont contribué à la mise en place d’un numéro d’appel (31117, ou 3117) mais qui fonctionne très mal, pour ce qu’on a pu en observer[22].

Vers quels personnels se tourner pour obtenir de l’aide quand on veut intervenir et se mêler ? Cette négligence est d’autant plus gênante ici qu’elle provient des autorités publiques à qui incombe précisément la tâche d’offrir ces conditions pratiques de réalisation des interventions civiles qu’elles prétendent susciter. Une jeune femme raconte, en commentaire d’un post relayant la campagne : « Quand des agents m’ont distribué le papier [le tract de sensibilisation] il y a deux semaines, en me disant qu’ils étaient là pour aider, je me suis retenue de rire en leur disant que je n’avais jamais été témoin d’un agent qui aide une victime de harcèlement en plus de 7 ans ».

Ce sont précisément ces conditions pratiques de l’intervention civile dont les pouvoirs publics ont la responsabilité : existence de guichets, d’agents, de dispositifs opérationnels assurant la faisabilité des interventions civiles, leur donnant un contrefort et des relais, une réactivité ajustée aux situations, et à leur caractère urbain, anonyme et fugace. Le problème de la prévention et de la chaîne d’intervention (geste civique/relais public) rejoint ici le problème que pose la répression elle-même : c’est in fine une question de ressources humaines et d’effectifs, présents et disponibles, sur le terrain.

Pour le harcèlement de rue de même que pour nombre de troubles de la coexistence urbaine, l’effondrement depuis les années 1980 du nombre de professionnels de la régulation présents sur la voie publique (agents de police), dans les espaces intermédiaires (gardiens d’immeuble) et dans les transports publics (contrôleurs) mérite d’être considéré comme un facteur décisif, et pourtant systématiquement négligé au profit de caractérisations individuelles (manque d’éducation, etc.), des désordres et des difficultés.

Le discours des pouvoirs publics et des autorités de transport revient à considérer que le harcèlement de rue est affaire d’attitudes individuelles : celles des auteurs (leurs pulsions animales mal contrôlées), et celles des concitoyens (leur esprit civique défaillant). Il méconnaît ce faisant les enseignements des sciences sociales en matière de déviance, de ville, de côtoiement urbain et d’engagement civique. Il exclut du tableau le rôle des institutions dans l’émergence et dans la perpétuation de conditions de possibilité pratiques de comportements sexistes, offensants et d’agression, comme dans la difficile manifestation de comportements d’intervention civile et d’entraide. Un tel discours exonère les institutions de leur responsabilité de garantes des conditions civiles de coexistence dans les espaces publics dont elles ont pourtant la charge.

 

NDLR : Carole Gayet-Viaud a récemment publié La civilité urbaine. Les formes élémentaires de la coexistence démocratique, Economica.


[1] Pour de plus amples développements sur la genèse du concept et le processus de politisation du phénomène, je me permets de renvoyer à : Gayet-Viaud C., Dekker M., « Le harcèlement de rue, du problème public à la pénalisation », Déviance et société, 2021, 45, 1.

[2] Cf. Joeck S., « Les piropos, flatterie ou harcèlement ? Des débats politiques aux interactions : la perception des rapports de genre dans les espaces publics en Colombie », Déviance et société, 2021, 45, 1.

[3] Gardner B. C., Passing By. Gender and Public Harassment, Berkeley, University of California Press, 1995.

[4] Gardner C., op. cit., p. 13. Ma traduction.

[5] Au sens de John Dewey, 2010 [1927], Le public et ses problèmes, Paris, Gallimard.

[6] MacKinnon C. A., Sexual Harassment of Working Women. A Case of Sex Discrimination, New Haven and London, Yale University Press, 1979.

[7] Les quatre traits principaux qui encadrent la définition pénale du harcèlement sont : la fréquence, l’intensité, l’existence d’une relation de pouvoir et la nature des actes commis et de l’atteinte induite.

[8] Dans le cas des « raids numériques », que la loi de 2018 sur la lutte contre les violences sexuelles vise également, plusieurs auteurs sont engagés mais ils suivent un mot d’ordre qui les organise comme collectif, agissant de façon délibérée et conjointe. Cf. Balanant E., Rixain M.-P., Rapport de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, sur le projet de loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, « Compte rendu de l’audition de Marlène Schiappa mardi 17 avril », Assemblée Nationale, Rapport d’information 895, 2017.

[9] Kelly L., « Le continuum de la violence sexuelle », Cahiers du genre, 66, 2019, p. 20.

[10] Kelly L., art. cit., p. 23.

[11] L’article 621-1 du code pénal, créé par la loi n° 2018-703 du 3 août 2018, crée l’infraction d’outrage sexiste : une contravention de 4ème classe – ou de 5ème classe en cas de circonstance aggravante.

[12] Balanant E., Rixain M.- P., op. cit., p. 62.

[13] (https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/ega/l15b0721_rapport-information#P122_5245)

[14] Les recherches ont montré combien le spectre de la violence, et de la violence sexuelle en particulier, constitue un horizon redouté pour les victimes, qui pèse sur leur perception des situations et sur leurs réactions. Pour autant, adopter ce paradigme d’interprétation dans le discours public, traitant une hantise comme un fait établi, pose question.

[15] On pense ici à la campagne de mars 2018 intitulée « Ne minimisons pas le harcèlement de rue » et présentant des visuels lugubres de milieux naturels hostiles, grotte, fonds sous-marins, forêt nocturne, où se tient, esseulée, une jeune femme, manifestement tétanisée par la peur, s’accrochant à la barre de maintien qui figure la rame de métro, entourée d’animaux sauvages sur le point de l’attaquer : meute de loups, ours, requins.

[16] Duneier M., Sidewalk. New York, Farrar, Straus et Giroux, 1999 ; Duneier M., Molotch H., « Talking City Trouble: Interactional Vandalism, Social Inequality, and the “Urban interaction Problem” », American Journal of Sociology, 104, 5, 1999.

[17] Les travaux sur les auteurs, encore peu nombreux, suggèrent que la sociabilité masculine y joue d’ailleurs un rôle clé : Logan L. S., « Street Harassment: Current and Promising Avenues for Researchers and Activists », Sociological Compass, 9, 3, 2015, et Wesselman E. D., Kelly J. R., « Cat-calls and Culpability: Investigating the Frequency and Functions of Stranger Harassment », Sex Roles, 63, 2010.

[18] SSMSI, Infostat, octobre 2023.

[19] Guédj H., « Une approche statistique du harcèlement sexuel à partir de l’enquête Virage », Insécurité et délinquance 2017 : premier bilan statistique, SSMSI, 2018.

[20] Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière, « Bilan 2022 des infractions et du permis à points » (site de l’ONISR).

[21] On peut citer notamment les formations « Stand Up » portées par la Fondation des femmes, les tracts distribués par Stopharcèlementderue. Pour une enquête sur les interventions en établissements scolaires de second degré, cf. Dekker 2022.

[22] Si l’enquête sur ce volet n’en est qu’à ses débuts, les retours montrent que les tentatives de signalement aboutissent rarement. Plusieurs messages envoyés sont restés lettre morte, d’autres avaient reçu pour toute réponse le conseil d’aller porter plainte au commissariat du quartier (alors qu’ils étaient adressés depuis des lignes de bus ou de métro).

Carole Gayet-Viaud

Sociologue, Chercheuse CNRS au CESDIP et chercheuse associée au CEMS à l’EHESS

Notes

[1] Pour de plus amples développements sur la genèse du concept et le processus de politisation du phénomène, je me permets de renvoyer à : Gayet-Viaud C., Dekker M., « Le harcèlement de rue, du problème public à la pénalisation », Déviance et société, 2021, 45, 1.

[2] Cf. Joeck S., « Les piropos, flatterie ou harcèlement ? Des débats politiques aux interactions : la perception des rapports de genre dans les espaces publics en Colombie », Déviance et société, 2021, 45, 1.

[3] Gardner B. C., Passing By. Gender and Public Harassment, Berkeley, University of California Press, 1995.

[4] Gardner C., op. cit., p. 13. Ma traduction.

[5] Au sens de John Dewey, 2010 [1927], Le public et ses problèmes, Paris, Gallimard.

[6] MacKinnon C. A., Sexual Harassment of Working Women. A Case of Sex Discrimination, New Haven and London, Yale University Press, 1979.

[7] Les quatre traits principaux qui encadrent la définition pénale du harcèlement sont : la fréquence, l’intensité, l’existence d’une relation de pouvoir et la nature des actes commis et de l’atteinte induite.

[8] Dans le cas des « raids numériques », que la loi de 2018 sur la lutte contre les violences sexuelles vise également, plusieurs auteurs sont engagés mais ils suivent un mot d’ordre qui les organise comme collectif, agissant de façon délibérée et conjointe. Cf. Balanant E., Rixain M.-P., Rapport de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, sur le projet de loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, « Compte rendu de l’audition de Marlène Schiappa mardi 17 avril », Assemblée Nationale, Rapport d’information 895, 2017.

[9] Kelly L., « Le continuum de la violence sexuelle », Cahiers du genre, 66, 2019, p. 20.

[10] Kelly L., art. cit., p. 23.

[11] L’article 621-1 du code pénal, créé par la loi n° 2018-703 du 3 août 2018, crée l’infraction d’outrage sexiste : une contravention de 4ème classe – ou de 5ème classe en cas de circonstance aggravante.

[12] Balanant E., Rixain M.- P., op. cit., p. 62.

[13] (https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/ega/l15b0721_rapport-information#P122_5245)

[14] Les recherches ont montré combien le spectre de la violence, et de la violence sexuelle en particulier, constitue un horizon redouté pour les victimes, qui pèse sur leur perception des situations et sur leurs réactions. Pour autant, adopter ce paradigme d’interprétation dans le discours public, traitant une hantise comme un fait établi, pose question.

[15] On pense ici à la campagne de mars 2018 intitulée « Ne minimisons pas le harcèlement de rue » et présentant des visuels lugubres de milieux naturels hostiles, grotte, fonds sous-marins, forêt nocturne, où se tient, esseulée, une jeune femme, manifestement tétanisée par la peur, s’accrochant à la barre de maintien qui figure la rame de métro, entourée d’animaux sauvages sur le point de l’attaquer : meute de loups, ours, requins.

[16] Duneier M., Sidewalk. New York, Farrar, Straus et Giroux, 1999 ; Duneier M., Molotch H., « Talking City Trouble: Interactional Vandalism, Social Inequality, and the “Urban interaction Problem” », American Journal of Sociology, 104, 5, 1999.

[17] Les travaux sur les auteurs, encore peu nombreux, suggèrent que la sociabilité masculine y joue d’ailleurs un rôle clé : Logan L. S., « Street Harassment: Current and Promising Avenues for Researchers and Activists », Sociological Compass, 9, 3, 2015, et Wesselman E. D., Kelly J. R., « Cat-calls and Culpability: Investigating the Frequency and Functions of Stranger Harassment », Sex Roles, 63, 2010.

[18] SSMSI, Infostat, octobre 2023.

[19] Guédj H., « Une approche statistique du harcèlement sexuel à partir de l’enquête Virage », Insécurité et délinquance 2017 : premier bilan statistique, SSMSI, 2018.

[20] Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière, « Bilan 2022 des infractions et du permis à points » (site de l’ONISR).

[21] On peut citer notamment les formations « Stand Up » portées par la Fondation des femmes, les tracts distribués par Stopharcèlementderue. Pour une enquête sur les interventions en établissements scolaires de second degré, cf. Dekker 2022.

[22] Si l’enquête sur ce volet n’en est qu’à ses débuts, les retours montrent que les tentatives de signalement aboutissent rarement. Plusieurs messages envoyés sont restés lettre morte, d’autres avaient reçu pour toute réponse le conseil d’aller porter plainte au commissariat du quartier (alors qu’ils étaient adressés depuis des lignes de bus ou de métro).