Fleurs, pesticides et maladies professionnelles
La crise que traverse actuellement l’agriculture a jeté une lumière crue sur la très forte dépendance des exploitations françaises aux pesticides. L’assouplissement des conditions de mise sur le marché des pesticides est devenu une revendication totémique de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles. Les concessions faites à ce sujet par le gouvernement ont créé un effet de sidération parmi la communauté scientifique qui étudie les dangers de ces substances pour la biodiversité et la santé humaine.

Comment comprendre que les efforts entrepris pour limiter le recours aux pesticides en agriculture et mieux contrôler les nuisances qu’ils induisent soient remis en question au plus haut niveau de l’État, alors que s’accumulent les données scientifiques et les rapports d’expertise qui mettent en évidence le coût humain et environnemental des produits de traitement ? Et comment comprendre que les agriculteurs et leurs représentants politiques se battent pour continuer à utiliser des produits qui les mettent en danger plutôt que pour être accompagnés vers une moindre dépendance à leur égard ?
La littérature épidémiologique montre en effet clairement que l’exposition professionnelle aux pesticides augmente le risque de contracter une série de pathologies chroniques lourdes : cancers du sang, de la prostate, maladies neurodégénératives, problèmes respiratoires, troubles cognitifs, et la liste ne fait que s’allonger à mesure que de nouvelles données paraissent.
À rebours de leur syndicat majoritaire, plusieurs associations d’agriculteurs victimes des pesticides se battent, depuis près de 15 ans, pour un plus strict contrôle de ces produits toxiques et une meilleure reconnaissance des pathologies qu’ils induisent parmi la main-d’œuvre exposée. Ces mobilisations ont obtenu plusieurs succès politiques marquants en matière d’indemnisation des pathologies des travailleurs exposés aux pesticides.
Trois tableaux de maladies professionnelles ont ainsi été