L’architecture entre nature et culture ?
Les discours ambiants enjoignent aux architectures de s’accorder à la nature, mère inspiratrice et bienveillante, de prendre leçons auprès des savoirs immanents qui guident ses déploiements, de mieux mitiger les habitats humains par les milieux vivants.

Telles seraient les conditions pour engager la bifurcation écologique qui s’impose à nos mondes. Sans succomber cependant à l’empire des naïvetés, pourrions-nous dire, en demeurant alignés sur les savoirs vifs de l’anthropologie, attentifs aux théories des habitats qui nous enseignent que, parmi les fonctions culturelles de l’architecture, comptent celles qui instituent les collectifs humains, avec les relations qu’ils entretiennent entre eux, au sein des écosystèmes dont ils procèdent.
L’architecture
Un imaginaire commun compare les habitats à des enveloppes protectrices qui adapteraient les fragilités humaines à leurs environnements, telles les coquilles générées par les mollusques. Leur construction répondrait ainsi à d’impérieux besoins. Ce n’est pas si simple ! Tant la construction des enveloppes que les besoins auxquelles elles répondraient ne sont inhérents aux nécessités humaines de survie, au point d’y épuiser toutes leurs raisons.
Prétendre être en mesure de les atteindre détourne l’attention des institutions symboliques et collectives où les architectures tiennent une fonction majeure : davantage que des enveloppes qui abriteraient les collectivités et leurs sujets, les architectures déploient pour les ouvrir des espaces – des espacements matériels –, des vides habitables où repos et mouvements trouvent à se loger et à composer avec les altérités et les adversités.
Ces dispositifs n’émergent pas spontanément, au fil d’expressions innées qui seraient inscrites au creux de l’intimité d’Homo sapiens. Ce sont les cultures, avec leur diversité indénombrable, qui composent le foyer de leurs inventions. Les travaux de l’architecte Amos Rapoport, dans les années 1960, ont patiemment informé ces variation