Porto Rico : de la pauvreté à la paupérisation
La pauvreté est un sujet récurrent dans la presse portoricaine. Avec 44,5% de la population et 40% des familles vivant sous le seuil de pauvreté – défini au niveau fédéral américain par un revenu familial de 26.000 dollars annuels – Porto Rico reste en 2019 la juridiction la plus pauvre des États-Unis. Une étude de 2018[1] montre que depuis 2000, la pauvreté affecte en particulier des groupes ciblés – principalement les femmes, les enfants et les mères seules avec enfants, avec des taux moyens supérieurs à 50%.

Si la hausse du salaire minimum en 2022 puis 2023 (désormais 9,5 dollars de l’heure) et la baisse significative du chômage témoignent d’une meilleure situation économique, l’inflation a limité les effets positifs de ces deux facteurs, et n’a pas empêché une augmentation significative du niveau de pauvreté dans certaines petites villes, au cours de la période 2014-2018[2].
Malgré ces données et le solide travail des sociologues[3], le sujet demeure polémique en raison d’un schéma de pensée courant identifiant la pauvreté à l’absence de ressources vitales, et conduisant à nier la réalité du phénomène. À l’appui de cette vision des choses, qui tend parfois aussi à stigmatiser la personne pauvre en en faisant une personne paresseuse voire alcoolique, il est fréquent de citer la République dominicaine, Haïti et certains pays d’Amérique du sud, qui fourniraient l’étalon de la pauvreté, la « vraie » – celle que les classifications qualifient d’absolue, quand manque le nécessaire à la survie, par différence avec la pauvreté relative qui se définit par rapport à un certain niveau du revenu médian dans un pays donné.
Le motif de cette mise à distance tient notamment à l’existence de programmes d’aides fédérales permettant de pallier jusqu’à un certain point le manque de ressources. Ainsi du Programme d’Aide Temporaire aux Familles dans le Besoin (Programa de Ayuda Temporal para Familias Necesitadas ou TANF), ou du Programme d’Assistance Alimentaire (Programa