En finir avec l’hindouisme, révolutionner l’Inde : la philosophie de Divya Dwivedi et Shaj Mohan
Les élections législatives générales en Inde ont commencé le 19 avril et se dérouleront jusqu’au 1er juin 2024 ; elles ont été préparées dans un climat de propagande, de violence et de répression orchestrées par l’État, si bien que l’issue en est presque entièrement prévisible : la confirmation de la mainmise sur la démocratie indienne du Bharatiya Janata Party (BJP), au pouvoir depuis 2014, et donc aussi du pouvoir autocratique de son chef Narendra Modi. L’opposition, réunie dans une coalition menée par le Parti du Congrès, est en déroute, comme l’ont suffisamment montré les élections régionales de 2023 : face au succès du récit national qui soutient le BJP, entièrement centré sur l’« hindouïté » (hindutva), elle peine à construire un contre-récit.

Partant de ce constat, un article de la Fondation Jean Jaurès souligne que « l’hindutva – le nationalisme culturel –, appelle pour l’opposition un débat portant non pas sur l’hindouisme, respectable comme toute croyance, mais sur ses dérives et ses excès » avant d’indiquer une autre approche qui « serait de débusquer le fait que l’hindutva, au nom de la nation hindoue, est une stratégie pour pérenniser la domination millénaire des castes supérieures. »
Cette seconde approche demande cependant à être clarifiée. Si elle repose sur un hindouisme moderne, compatible avec la démocratie et la liberté de croyance, elle correspond à l’un des pans de la doctrine du Parti du Congrès ; en effet, dès l’origine, ce parti n’est depuis le chemin vers l’indépendance qu’un agglomérat de tendances incompatibles (communisme, socialisme, islam, hindouisme) qui ne tient que grâce à l’objectif de l’émancipation et à la chimère, particulièrement entretenue par Gandhi, d’une spiritualité hindoue à la fois diffuse, unifiante et tolérante ; or cela n’a pas empêché son écroulement électoral. Ou bien elle peut reposer sur une critique radicale de l’hindouisme, montrant qu’il est indissociable du système des castes et n’est donc nullement