Collaboration, le legs d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron est un homme de projets. Depuis son irruption dans l’arène électorale, il en a successivement conçu trois, de factures fort différentes, mais qu’il a poursuivis avec un succès que son impopularité croissante ne doit pas occulter.

Le premier, dont la réalisation a précédé l’entame de son premier mandat, relevait seulement d’une expérience de pensée destinée à mettre sa campagne en récit. Il s’agissait, on s’en souvient peut-être, d’imaginer un « nouveau monde » où l’alternance entre la droite et la gauche disparaîtrait au profit d’une alternative dont les termes étaient le progressisme et le populisme. Confrontés à un tel choix, avançait le héraut de la start-up nation, tous les Français raisonnables, quelle que soit leur affiliation d’origine, ne manqueraient pas de faire le pari de l’ouverture et de l’avenir.
Effacée dès la prise de fonction d’Emmanuel Macron, la story du « en même temps » progressiste a rapidement cédé la place à un deuxième projet, conçu pour assurer la réélection du nouvel hôte de l’Élysée. Celui-ci se donnait alors pour mission de priver les Républicains de leur raison d’être tout en confortant Marine Le Pen dans son rôle de Raymond Poulidor de la République – soit de candidate indéfiniment vouée à finir deuxième. Concurremment fondée sur les difficultés des partis de gauche à s’unir et sur la discipline républicaine de leurs électeurs, cette entreprise a bien atteint son objectif en 2022, puisqu’en privant Valérie Pécresse de troupes au premier tour et en obtenant les voix des électeurs de Jean-Luc Mélenchon au second, le président sortant a été reconduit à la tête de l’État.
Pour autant, la manière dont la victoire a été acquise a aussitôt généré des désagréments considérables pour le camp présidentiel : la promotion de la candidate d’extrême droite au rang de challenger officielle s’est en effet traduite par l’entrée en force du Rassemblement National (RN) à l’Assemblée nationale, tandis que le dépit des citoyens qu