International

Make Empathy Great Again : la contestation aux États-Unis

Enseignant-chercheur en littérature

Tandis que les médias européens s’attardent sur les saillies de l’administration Trump II, des millions d’Étasuniens inventent des manières d’y résister. Le trumpisme n’y suscite pas qu’adhésion, sidération ou indifférence. À l’instar du mouvement #teslatakedown, les oppositions s’expriment, y compris de manière véhémente.

Le 4 mars 2025, le président des États-Unis a annoncé via le réseau Truth Social qu’il bloquerait les subsides fédéraux des universités qui autoriseraient des « manifestations illégales » — précisant que les participants seraient arrêtés, exclus de leurs institutions et, le cas échéant, déportés dans leurs pays d’origine.

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La mesure, parfaitement illégale, viole le principe de « liberté d’expression » dont J. D. Vance et Elon Musk ne cessent de se réclamer pourvu qu’elle corresponde à leur axiologie réactionnaire. Elle entend en premier lieu cibler les rassemblements similaires à ceux qui ont animé les campus l’an dernier en soutien au peuple palestinien. Mais le fait est surtout que les manifestations opposées au président et à ses actions commencent à prendre de l’ampleur. En Europe, la presse est submergée à la fois par la brutalité des décisions présidentielles et par la multiplication de provocations destinées à capter l’attention (entre saluts fascistes et exhibition de tronçonneuse) ; en donnant peu de place à ces formes d’opposition, elle entretient malgré elle l’illusion d’une adhésion massive des citoyens américains à ce qui est en train de se jouer.

Le 3 février, des dizaines de magasins et restaurants tenus par des personnes n’ayant pas la nationalité américaine ont fermé leurs portes, dans les États de Floride, Ohio, Oklahoma, Californie et Washington, à l’occasion d’une campagne intitulée « A Day Without Immigrants » pour mettre en lumière le rôle crucial de ces derniers dans l’économie et l’accès aux services. Le 5 février, dans le cadre du mouvement #50501 (50 protestations dans 50 États en un seul jour), on a pu voir devant les capitoles des différents États des rassemblements visant les déportations massives annoncées par l’administration Trump, la répression de l’immigration, l’abrogation des politiques « DEI » (diversité-équité-inclusion) entraînant licenciements et ruptures de financements, mais aussi le recul des droits des personnes t


Denis Saint-Amand

Enseignant-chercheur en littérature