Médiarchies – un rouage de la Machine à Faire Gagner les Droites
De Nîmes à Hénin-Beaumont, de Tel Aviv à Buenos Aires, de Washington à Budapest, d’Amsterdam à Moscou, d’Ankara à New Delhi, les gauches s’étonnent et se désolent de voir les droites gagner les élections. On s’ébahit de la bêtise d’électeurs votant contre leurs intérêts. On évoque le populisme, l’influence des réseaux sociaux, le charisme hypocrite des leaders. On s’indigne de leurs saillies, de leur impudence, de leur abjection. On suggère que « la gauche » (caviar, artiste) a abandonné « le peuple » (saucisson, vin rouge). En creusant un peu, on incrimine l’appropriation des médias de masse par quelques milliardaires, les atteintes aux libertés civiles et à la diversité de la presse par des régimes illibéraux, les algorithmes de Facebook, YouTube ou Twitter (empiré en X).
Et, bien entendu, on a raison.

On n’ose pas imaginer un complot – parce que le complotisme est une maladie (doublée d’une stratégie) de l’extrême droite, parce que les théories de la conspiration ont historiquement partie liée à l’antisémitisme, parce qu’il serait trop simple (et démodé) d’imaginer quelques capitalistes et magnats de la presse assis autour d’une table à fumer des cigares en se partageant la domination du monde.
Et, bien entendu, on a raison.
Ne pas croire naïvement à la machination d’un État Profond Transnational, ou d’une Confédération Générale des Multinationales, ne doit toutefois pas nous empêcher de reconnaître le fonctionnement objectif de certaines machines, résultant d’un mix impur d’intentions et d’accidents, d’opportunismes et de tendances, de stratégies et d’opportunisme, sans que ces drôles de machines n’aient forcément de pilote, ni même de cockpit.
Le ribosome est une admirable machine de synthèse des protéines, qui opère au cœur du vivant depuis des millions d’années sans que personne ne l’ait préconçue, programmée, dirigée, exploitée. Cette machine fonctionne : elle traduit l’ARN messager en protéines. Pour ce faire (et pour se reconstituer du même coup