La démocratie dissociée : sur la nature du régime Trump
La seconde accession de Donald Trump à la présidence des Etats Unis a rouvert un débat que son « élection volée » de 2020 avait provisoirement refermé : son ambition politique se réduit-elle à un désir éperdu d’assouvir une soif maladive de pouvoir absolu ou trahit-elle une volonté de transformation de la société reposant sur une doctrine et une stratégie mûrement pensées ? À défaut de se prononcer sur cette épineuse question, les analystes se contentent de mettre l’accent sur l’imprévisibilité et les facéties d’un personnage dont la seule compétence serait de manier l’« art du deal ».

Cette esquive est devenue incongrue. C’est qu’il est difficile d’ignorer que l’avalanche de « décrets exécutifs », qui s’abat à un rythme effréné depuis l’entrée en fonction de l’équipe qui occupe aujourd’hui la Maison Blanche, affiche sans fard le caractère rétrograde, réactionnaire, extractiviste, arbitraire et liberticide de l’orientation qu’elle cherche à imposer aux Etats Unis, au mépris le plus total pour ce que le Congrès, la Constitution, la Cour Suprême, la morale ou la décence pourraient en dire. La férocité et l’étendue de cet assaut contre l’ancien monde a d’abord provoqué l’ahurissement et la sidération. Il soulève désormais une interrogation au sujet du qualificatif qu’il convient d’accoler au nouvel ordre qu’il entend mettre en place : illibéral, autoritaire, totalitaire ou fasciste ?
On peut aujourd’hui s’épargner d’entrer dans ces finesses sémantiques. Le flot ininterrompu d’actes règlementaires que le Président promulgue solennellement lors des joyeux happenings qui se déroulent dans un bureau ovale transformé en studio de télévision parle de lui-même. Il lève le voile sur les objectifs que la nouvelle administration poursuit :
1) la régénération morale de l’Amérique – et surtout celle de sa jeunesse qui aurait perdu le goût du travail et le respect de la hiérarchie. Ce qui a justifié l’interdiction des programmes et des recherches qui promeuvent la divers