DOGE : un accélérationnisme réactionnaire

En 2013 paraissait un Manifeste pour une politique accélérationniste, signé par Nick Srnicek et Alex Williams, émanant de cercles intellectuels d’une gauche radicale réunis dans les années 1990 autour de Nick Land et Sadie Plant à l’Université de Warwick sous le nom de CCRU (Cybernetic Culture Research Unit). On y trouvait, entre autres choses, cinq propositions majeures :
a) Contrairement à ce que l’on entend souvent, le capitalisme n’opère pas aujourd’hui comme un vecteur d’accélération, mais comme un poids qui nous enferme dans les contraintes de structures légales et économiques obsolètes (la propriété privée des moyens de production, la course compétitive au profit, l’indifférence envers les conséquences environnementales de l’optimisation économique).
b) L’une des tâches cruciales d’une gauche réellement progressiste et écologique doit être de se réapproprier les innovations technologiques (numériques et autres) pour libérer le temps humain des processus susceptibles d’être automatisés.
c) Nos infrastructures techniques étant désormais interdépendantes à l’échelle globale, c’est à cette échelle planétaire et sur ces infrastructures que doivent porter les revendications et les actions politiques les plus urgentes.
d) Du double fait de cette échelle planétaire et des contraintes temporelles relatives à l’urgence climatique, l’attachement de la gauche radicale à l’horizontalité des processus de décision politique (assemblisme, spontanéisme, primat du bottom up) doit être non abandonné, mais reconsidéré pour coordonner des actions bien plus larges et plus ambitieuses que ce qui se fait depuis vingt ans.
e) La priorité stratégique des mouvements progressistes doit porter sur la constitution de médias de masse capables d’élaborer et de diffuser à l’échelle internationale le nouvel agenda révolutionnaire appelé par notre situation historique sans précédent.
Une traduction française de ce manifeste a paru dans Multitudes en 2014, dans une indifférence à pe