« Madame Hyde » : l’étrange cas du professeure Géquil
Certains enseignants auraient une forme d’autorité naturelle, tandis que d’autres en seraient tout à fait dépourvus. Et madame Géquil, professeure de sciences en lycée technologique, appartiendrait de toute évidence à la deuxième catégorie. L’opinion selon laquelle l’aura pédagogique d’un.e professeur.e dépend d’un étrange pouvoir magique, comme s’il s’agissait d’un fluide mystérieux à maîtriser, est largement partagée, souvent par le corps enseignant lui-même. Et c’est là un des sujets intéressants abordés par le film de Serge Bozon, à travers une déconcertante fable fantastique.
Le cinéma français s’est emparé récemment de la figure de l’enseignant.e pour en faire l’héroïne ou le héros d’un certain nombre de films intéressants, entre autres : L’avenir de Mia Hansen-Love (dans lequel Isabelle Huppert incarnait déjà une professeure), La Mélodie de Rachid Hami avec Kad Merad en professeur de violon, ou L’atelier de Laurent Cantet, avec Marina Foïs. Mettant en scène respectivement une philosophe, un musicien, une romancière, ces films idéalisaient joliment le rôle de l’enseignant, intellectuel ou artiste.
Son registre volontairement dissonant mêle la tonalité comique des chahuts scolaires, le fantastique de métamorphose, une sorte d’excentricité poétique, à des considérations sociales réalistes et profondes.
Le film de Serge Bozon est un objet étrange qui a le mérite de pousser beaucoup plus loin la réflexion sur le métier d’enseigner. Cette fable fantastique se passe dans un lycée de banlieue qui comporte à la fois des sections technologiques et des sections générales. Son registre volontairement dissonant mêle la tonalité comique des chahuts scolaires, le fantastique de métamorphose, une sorte d’excentricité poétique, à des considérations sociales réalistes et profondes. De fait, ce film surprend. On comprend que Madame Hyde enseigne une matière scientifique un peu floue qui ressemble aux sciences physiques (quand elle ne s’égare pas dans les sciences nat