Retour sur Game of Thrones, une expérience personnelle augmentée
Demandes collectives de réécriture de la dernière saison, multiples protestations en ligne contre la trajectoire psychologique de certains personnages, faux épisodes 7 et dénouements alternatifs… Les fans et critiques de la série culte Game of Thrones qui vient de s’achever après huit saisons sur HBO continuent à y réagir tous les jours, comme pour prolonger leur lien intense à la série. Au delà de l’absurdité qui consiste à s’en prendre aux auteurs d’une série – qui vous ont précisément attachés aux personnages dont on déplore ensuite l’évolution – il est surtout remarquable que ces héros de fiction, et l’histoire qui les porte, soient ainsi appropriés par leur public, au point qu’il considère mieux les connaître que leurs créateurs. C’est bien la réussite suprême de GoT, et son pouvoir de démocratisation ; par laquelle tant de spectateurs auront eu accès à la série, en ont fait l’expérience singulière, et se tient pour compétent pour en juger.

GoT aura été un événement dans la façon d’inclure son public, individuellement et collectivement, dans sa production. Et dans sa façon particulière de rompre ce lien, en créant – comme toujours – de la surprise et de la frustration. Car l’attachement à la série est appropriation des personnages et de leurs trajectoires, qui font à ce point partie de la vie des fans qu’ils considèrent les connaître mieux que les créateurs. En ce sens, les multiples critiques qui ont émaillé cette dernière saison sont une des grandes réussites de la série.
Game of Thrones est une série construite sur l’attente (et qu’est-ce qu’on a attendu ces derniers épisodes) comme pour faire ressentir le passage du temps, en une époque où se multiplient les mini-séries de 6 épisodes vues en 2 jours — parfois excellentes, mais qui ne laissent guère l’occasion de voir mûrir leurs protagonistes ou de s’installer dans leur univers. En ce sens, et c’est peut-être une raison de son succès qui n’aurait rien à voir avec sa démesure et ses records habituels, ni m