Martino – à propos de Martin Eden de Pietro Marcello
Il est minuit, il ne pleut presque plus, je rentre de l’Escurial, le cinéma des Gobelins qui tient bon et nous régale depuis toujours, où nous sommes allés voir Martin Eden. Et je me demande encore comment je vais m’y prendre pour en rendre compte. Je me le demande depuis le début du film, dès que j’en ai perçu la tonalité singulière.
J’aurais tellement aimé adorer ce film, tellement, pour toutes les raisons du monde. Puis l’écrire, que je l’aime beaucoup, parce que la critique est faite pour ça, devrait exister d’abord pour transmettre un enthousiasme, une empathie naturelle, jamais forcée, pour les partager, avant de tenter d’en comprendre les tenants et les aboutissants.
Pietro Marcello est né en 1976. Autant dire 76 comme Jack London, à un siècle de distance, en juillet, lui, pas en janvier. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence, il faudrait le lui demander. Si on veut une coïncidence, on pourra toujours observer que le film a été présenté à la 76eme Mostra où il a été récompensé pour le rôle-titre. Marcello est un œil qui compte et comptera.
Même si ce n’est pas l’heure des rétrospectives, j’aimerais désormais regarder ses documentaires, par curiosité et pour mieux appréhender, peut-être, le film que je viens de voir. À commencer par Il passagio della linea, ces voyages en train à travers la péninsule et à travers les yeux d’un homme de quatre-vingt-dix ans. Quant à Bella e perduta, c’est un film splendide, entre documentaire et fiction, dont je retiens le polichinelle qui depuis l’Antiquité écoutait les morts pour parler aux vivants et le buffle qui se roule dans les herbes puisque « être un buffle est un art ». On l’aura retrouvé, le buffle, dans Martin Eden, en un plan fugace. La commedia dell’arte, on l’a retrouvée aussi pour une scène renversante, mais pas l’adagio non troppo du Concerto all’antica de Respighi, dommage.
Martin Eden est donc ce qu’on pourrait nommer le roman-phare de Jack London. Les romans très célèbres adaptés