Ceux qui demeurent – sur Le bel été de Pierre Creton et quelques autres films migratoires
Il est assez aisé de constater combien, au cours des dernières années, la question des migrations est devenue l’un des terrains décisifs du débat social et des décisions politiques, notamment en Europe. Le cinéma peut apparaître comme un observatoire particulièrement intéressant de l’importance contemporaine de ce phénomène et des sujets qui en sont protagonistes – à partir du constat de la place de plus en plus significative qu’ils ont gagnée dans la création filmique.
Tout d’abord, dans le cinéma documentaire. À ce propos, Les Cahiers du Cinéma renommaient significativement « terre d’accueil » le FID de Marseille – l’un de plus importants festivals francophones consacrés au créneau documentaire et expérimental. À ces thèmes, entre autres, était consacré le film lauréat de la compétition française La mer du milieu de Jean-Marc Chapoulie, avec la complicité de la plume de Nathalie Quintane.
En réalité, en observant leurs politiques de programmation où la migration dans toutes ses occurrences très rarement s’absente, la plupart des éditions récentes des festivals documentaires (du Réel parisien jusqu’aux États Généraux à Lussas) aurait pu faire l’objet de remarques similaires. Même au festival de Cannes, cette année, une attention particulière a été portée à ces questions à travers la fiction Atlantique de la jeune réalisatrice Mati Diop, qui a remporté le prestigieux « Grand Prix ».
En décalage par rapport à la plupart des films racontant les difficiles déplacements et le thème de la frontière (surtout dans la production documentaire : de Brûle la mer de Nathalie Nambot à Des spectres hantent l’Europe de Maria Kourkouta et Niki Giannari, jusqu’à Fuocommare de Gianfranco Rosi), un des défis les plus intéressants du premier long-métrage de Mati Diop était de composer un récit depuis ceux – mieux, celles – qui restent. Plutôt que depuis ceux qui partent.
Dans un contre-champ où l’Afrique n’est plus l’ombre d’un souvenir abandonné derrière soi, mais un territ