L’art et la manière de critiquer son boss – à propos d’Une minute quarante-neuf secondes de Riss
J’écris pour Charlie Hebdo. M. Laurent Sourrisseau est donc mon patron. Plus connu sous le nom de Riss (il faudra un jour que les dessinateurs de presse m’expliquent leur problème avec les surnoms : une seconde syllabe serait trop leur demander ?), Sourrisseau, rédacteur en chef et grand manitou de Charlie, vient de sortir un livre. Alors, comment, en effet, fait-on la critique de son patron ? En prenant des pincettes, me direz-vous. Mais là, c’est Charlie Hebdo, alors non seulement suis-je autorisé à dire à mon patron d’aller se faire foutre mais c’est précisément ce qu’on attend de moi.
On a beau connaître les mêmes par cœur et les réciter ad lib, la plupart des premières phrases d’un livre ne nous apprennent en fait pas grand chose qui vaille la peine d’être su. Hier maman est morte. On s’en tape. Longtemps je me suis couché de bonne heure. Alors là, Marcel, tu m’épates. Ils se prennent pour qui, au juste, ces écrivains ?
Par contraste, voilà la première phrase d’Une minute quarante-neuf secondes de Laurent Sourrisseau : « Il est impossible d’écrire quoi que ce soit. » Tout (ou presque) est dit. Ni déclaration d’intention, ni manifeste littéraire, plutôt l’expression suicidaire d’une misérable incompétence. La mise en garde est la suivante : le livre que vous allez lire a été écrit par un homme qui ne sait pas comment l’écrire.
Dire que jamais aucun écrivain professionnel ou expérimenté ne commencerait ainsi son œuvre c’est passer à côté de la gravité des faits. Un écrivain qui oserait commencer ainsi serait d’emblée cloué au pilori par une horde de scribouillards en rangs serrés. « Mais t’as quoi dans le ciboulot, mec ? » lui hurleraient-ils au visage tout en lui arrachant un à un ses boutons dans quelque arrière-cour. Tu dois jamais laisser voir le blanc de tes yeux. L’écriture, c’est un jeu de confiance. Il faut donner envie, affrioler, appâter.
Mais Riss s’en fiche pas mal d’appâter le chaland. Ni n’en serait même capable s’il le voulait. Une minute quarante-neuf secondes est un voyage, long et contusionné, vers la sincérité. Et la simplicité aussi. C’est l’histoire simple de la vie de Riss dessinateur de presse. Une vie faite de voyages, de dates de bouclage, de dessins, de reportages sur des gens et des lieux plus improbables les uns que les autres. On y découvre comment le gamin qui a commencé à la SNCF se retrouve en Côte-d’Ivoire face à cet inoubliable jeune Libérien, unique survivant d’un massacre au cours duquel tous les gens qu’il connaissait ont péri ; comment cette jeune fille jette sur lui son dévolu dans les Territoires Occupés du fait de son côté français si peu macho (et peut-être aussi de ses sous). Une vie faite d’une centaine de voyages et de dizaines de milliers de dessins et reportages. De l’enfance à l’âge adulte, c’est tout ça, cette histoire, le récit d’une vie si souvent marquée par la mort – et ce bien avant le chaos meurtrier du 7 janvier 2015.
C’est aussi, inévitablement, l’histoire de ce que cela fait que d’assister à une réunion de rédaction d’un vieux journal satirique le jour où deux jeunes types armés de kalachnikovs entrent et tuent la plupart des personnes présentes (1’49” est le temps qu’a duré la tuerie). C’est cet homme là qui nous dit : « Il est impossible d’écrire quoi que ce soit. »
The Phil & Lolo Show – Lançon v Riss
Il est assez rare dans les annales de la littérature française récente que tout repose sur la science de la balistique. Néanmoins, cette sinistre et exigeante discipline est le véritable géniteur de deux nouvelles contributions importantes au canon français (qui aurait cru que la balistique pouvait être si fertile, si féconde ?). Le Lambeau de Philippe Lançon et Une minute quarante-neuf secondes de Riss. Ces deux livres sont nés de la masse, de la vitesse et de toute leur cruelle physique.
Mais l’ingrédient secret de ces cassoulets littéraires c’est, bien évidemment, les frères Kouachi, les tueurs du 7 janvier. Il est frappant que toute cette délicate réflexion, toute cette réaction complexe et toute cette abstraction analytique soient le fait de ces deux frères, les Laurel et Hardy de la stupidité, les Chevalier et Laspalès de l’ignorance.
Il est étonnant de constater à quel point les frères Kouachi sont relativement peu traités dans la presse et la fiction (exception charitablement faite des débiles fantasmes masturbatoires de Virginie Despentes). Etant donné la réserve de roquet avec laquelle les Français abordent habituellement tout sujet culturel ou politique d’importance, les Kouachi ont fait couler assez peu d’encre. Mais cela s’explique. Il n’y a, tout simplement, rien à dire.
À bien des égards, ces deux livres sont ce qui se passe quand Sombre Crétin rencontre Est-allé-à-l’école-et-a-fait-ses-devoirs. Parce que ces frères sont précisément, comme je l’ai déjà dit, un ingrédient. Aussi inertes que le sel et le poivre. D’un ennui magistral. Exactement comme il est difficile d’écrire au sujet d’une chose grotesquement stupide, il est difficile d’écrire au sujet de ces deux frères. « Nous ne tuons pas les femmes », ont-ils crié en assassinant Elsa Cayat. C’est littéralement abyssal.
Lançon et Riss parlent tous les deux de colère, même si c’est en passant. La colère de Lançon est essentiellement discrète et dissimulée, grâce à ses compétences d’homme de lettres aguerri ; cependant, elle échappe parfois à son contrôle, et vous glace votre putain de sang. Celle de Riss est plus organique, plus entrelacée à l’ensemble de son texte. Et il ne la réserve pas uniquement aux hommes armés. Bon nombre de lâches et d’imbéciles courbent l’échine sous les coups de fouet de son ire. Curieusement, sa colère est bien moins terrifiante que la rage bouillonnante que Lançon, malgré toute son habileté, échoue à dissimuler. Riss, parfois, s’amuse même de sa propre colère. Et c’est honteux et consterné qu’il raconte comment, dans un moment particulièrement sombre, il lui est arrivé de vouloir tuer quelqu’un.
La différence entre Riss et Lançon dépasse la simple expression de leur colère. Lançon glisse élégamment sur le sujet des frères Kouachi. Ils ne sont pas dignes de son attention. Il ne leur fera pas l’honneur de sa gracieuse et glaciale plume. Riss, lui, est beaucoup trop désorganisé, drôle et aimablement autiste pour mener avec assurance une telle manœuvre. Ses tourments lui échappent par poussées convulsives comme une cuisine pleine de bouilloires sifflantes atteintes du syndrome de la Tourette. Tel homme politique anonyme est un poltron, tel journaliste mystérieux un imbécile doublé d’un lâche, tel déloyal et non identifié ex-collègue le souvenir enrageant d’une perfide tromperie. Sans filtre et sans retenu, Riss demeure pourtant d’une incroyable discrétion, ce qui est plutôt surprenant de la part d’un dessinateur de presse parmi les plus insolents et dérangeants qui soient.
Pour partie, cette différence est due au fait que Philippe Lançon jouit de quelques longueurs d’avance dans le domaine de l’écriture. Il sait déjà écrire quand vient le traumatisme. Mais elle est aussi due au fait que l’un de ces types a pris une balle dans la figure et l’autre à l’épaule. Je ne suis pas un expert, mais ce n’est pas la même chose.
De peur que cela ne paraisse critique à l’égard de Lançon, permettez-moi de dire que c’est exactement la voie que j’aurais choisie si j’avais vécu ce qu’il a vécu. Le plus aride et glacial des mépris hautains. Comme si, à l’aide de la toute puissante balistique de mon dédain, il était possible de protéger ou soigner mon moi brisé.
Teenage Kicks
À quel moment de l’histoire de l’humanité le mot « adolescent » est-il devenu une insulte indiscutable, définitive ? Qualifier quelque chose d’adolescent n’augure jamais rien de bon. Cela veut dire immature, à moitié formé, superficiel ou puérile. Pourtant, ni dans l’Antiquité, ni au Moyen-Âge, ne considérait-on ainsi l’adolescence. Très longtemps, dans l’histoire de l’humanité, l’adolescence était, fondamentalement, adulte. Mais depuis environ un siècle, être adolescent est une très mauvaise chose.
À bien des égards, c’est à l’adolescence que nous atteignons notre apogée. L’adolescent est en effet plus optimiste, plus sincère, plus engagé. Il est passionné, réactif, presque noble. Souvent pénible, émotionnellement labile et, certes, étourdissant de sottise, il est presque toujours certain que quelque chose l’attend dans le monde.
Alors quand je dis que 1′ 49 est profondément adolescent, il faut y voir un compliment. Sachant qu’une partie au moins du moteur du récit carbure à la rage, ce livre demeure un document remarquablement franc et ouvert. Les questions que posent les adolescents ne sont peut-être pas toujours les meilleures, ni les plus pertinentes, mais elles sont, avec une régularité étonnante, celles auxquelles il est le plus difficile de répondre. Riss interroge d’avantage qu’il n’apporte de réponses. Et sa question est souvent simple. Qu’est-ce que je fous là ? Au minimum, 1’49 est un livre sur la surprise. Et son contraire. L’expression d’un franc étonnement revient toutes les 20 pages environ, alors que Riss est plongé dans un état de constante perplexité à se trouver là où il est. Qu’il s’agisse de reportages sur les guerres civiles sanglantes en Afrique, sur le délitement de la démocratie américaine ou sur les décombres semi-permanents des aspirations palestiniennes, il ne cesse de s’étonner d’être là où il se trouve, que le lieu soit familier ou non.
Et cet étonnement est palpable dans chacun des mots que Riss écrit. Son regard, fixe, critique, perpétuellement interrogateur, est celui de l’ado. Riss excelle, du point de vue de l’écriture à proprement parler, lorsqu’il raconte des moments de sa jeunesse. Très vite au début du livre on trouve cet instant inoubliable où, enfant, il voit le corps mort de son grand-père. Quelques pages plus tard, alors qu’il a 20 ans et travaille dans une maison funéraire à La Baule, il raconte cette femme dont le mari est mort subitement le matin même, et qui, incrédule, vient voir le corps. Naturellement, elle explose quand Riss lui répond que la dépouille est encore à la morgue. « Je veux voir mon mari », répète-t-elle en hurlant au tout jeune Riss. Dans une scène qui rappelle le meilleur de Camus, ils se rendent à l’hôpital où Riss sort le défunt de la chambre froide.
« La première chose que j’aperçus du macchabée fut ses chaussettes, élégantes et de belle facture. On devinait l’homme de goût qu’il avait été. Ses deux pieds, légèrement tournés l’un vers l’autre, portaient des chaussettes de couleur grise, mais anthracite sur les orteils et les talons. J’imaginai le défunt ce matin même, assis sur le bord de son lit, enfilant ses belles chaussettes bicolores. Quelques heures plus tard, ses chaussettes se retrouvaient dans une morgue, examinées sous toutes leurs coutures par un assistant funéraire fraîchement embauché. Quatre-vingt-dix pour cent des péripéties qui modifient le cours de notre vie sont le fruit du hasard. Les dix pour cent restants sur lesquels on impose nos décisions ne concernent que des choses mineures : le choix de notre conjoint, le crépi de notre pavillon, le modèle des couches de nos enfants, la couleur de nos chaussettes. Et puis c’est tout. Tout le reste est le fruit du grand bordel de la vie plus communément appelé « le hasard ». Vous êtes né par hasard, vous vivez par hasard, vous mourez par hasard. Vous vous retrouvez, par hasard, croque-mort un beau jour de juillet en train d’ouvrir la porte métallique d’un frigo ou repose le corps d’un type dont vous avez rencontré, par hasard, la famille le matin même dans le bureau d’une agence de pompes funèbres où on vous avait expédié par hasard aussi. Le hasard est le meilleur ami de l’homme, même si souvent il le met dans la merde. »
Il y a là une grande force. Malgré la froideur apparente du ton, le passage est empreint d’une empathie perplexe (particulièrement surprenante de la part d’un si jeune homme). En dépit de sa cadence camusienne, ce passage révèle un regard qui n’a rien de froid. Et qui n’a rien non plus de l’absurdisme au rabais d’un Houellebecq ou d’une Despentes. Non, ce que nous avons là, c’est toute la triste mélancolie de la mort saisie par un homme sensible. Un homme humblement consterné et profondément respectueux. Ce passage fait ce que tout écrit à propos de la mort devrait faire. Nous faire sentir le poids d’une vie perdue.
Qu’est-ce qu’il fout là ?
L’indéfectible sensibilité à la mort est partout dans ce que Riss relate, qu’il s’agisse de faits anciens ou récents, professionnels ou personnels. Il parle des morts proches et des morts de régions en guerre, sites de ses reportages (des récits remarquables dans lesquels, toujours un peu honteux, il questionne le caractère éthique de sa présence – ce livre mérite d’être lu ne serait-ce que pour ce regard humain merveilleusement non professionnel porté sur la guerre et les conflits politiques –, contraire moral du correspondant de guerre). Le récit n’est pas linéaire. Il produit une étrange sensation de spirale. Je serais tenté de dire que cette histoire est une roue et que le 7 Janvier est le moyeu autour duquel elle gravite. Mais ce serait à la fois paresseux et faux. L’histoire est fluide, dynamique, extrêmement liquide et le rôle de l’attentat est infiniment plus étrange qu’un moyeu. Ni destination, ni point de repère, le massacre de Charlie Hebdo forme une sorte de trou. Mais les flots de ce récit ne s’y déversent pas. Ils en émergent plutôt, et tournent en orbite, turbulents mais respectueux.
Riss contribue peu de lui-même à la mécanique de l’attaque et à ses auteurs. Malgré toute la colère et les féroces railleries de la voix, le ton est incroyablement égal pour quelqu’un qui a vu pareille chose.
Il parle, bien sûr, de l’attaque. Et de ses séquelles, tant personnelles que nationales (pendant un certain temps, il a dû être très difficile pour lui et pour les autres de faire la distinction entre le personnel et le national – ce mélange des genres a dû longtemps sembler étrange). Il parle des morts (une série de portraits à la plume d’une grande émotion et pudeur), des blessés et des effrayés. Les détails sont, comme vous pouvez l’imaginer, inimaginables. Sa femme, qui faisait alors un bilan cardiaque, portait des capteurs cette semaine-là. On peut voir l’instant où elle apprend la nouvelle de l’attaque de Charlie Hebdo dans l’enregistrement de la folle flambée de son rythme cardiaque et de sa tension artérielle – sans doute l’un des documents les plus étranges de tout mariage. Le jour où on le raccompagne dans les anciens bureaux (soigneusement nettoyés) où le massacre a eu lieu. Il voit les dessins de la semaine sur le mur, tous les détails de la conf de rédac de cette semaine-là, puis, alors qu’il déplace une pile de papiers en désordre, une balle d’AK-47 de calibre 7,62 mm tombe par terre avec un bruit sourd et métallique.
Il y a la folie des manifestations géantes en soutien à Charlie le week-end après l’attaque, alors que Riss languit à l’hôpital sans même vraiment savoir que toute la presse en parle. Et puis le retour au journal, après son rétablissement de sa blessure à l’épaule. La grande diversité des réactions des personnes présentes : inconsolable chagrin, totale perte de repères – naufrages intimes d’une catastrophe nationale. Et autre chose, aussi. Quelque chose, chez certains, d’une incroyable laideur. L’ambition, l’avidité, le désir de profiter de l’immense marque mondiale que Charlie est soudainement devenu – un slogan, des ventes par millions, les appels du Pape et de Barack Obama.
C’est en affrontant, avec discrétion, cette trahison humaine et la réaction d’une partie de la presse nationale et internationale que Riss met vraiment sa colère à l’épreuve. Juste pour voir ce dont elle est capable. Et elle est capable de beaucoup. Handicapé par sa louable pudeur (il ne nomme personne), il s’abat sur les couards, canailles et crétins de la période post-Charlie tel un Savonarole ou un Jonathan Swift. Il fustige et vilipende les attributs qu’il ne comprend pas. Et montre comment Charlie a été la version française du procès d’OJ Simpson en Amérique, mais en bien pire. La même gloire en live qui corrompt, le même manquement moral et la même occasion pour des gens sans scrupules de se transformer, au nom de l’argent ou de la notoriété, en parfaits imbéciles. Riss révèle, comme jamais auparavant, toute la vérité autour du débat Charlie Hebdo. Et cette vérité est on ne peut plus simple. Quel débat ? Il n’y a pas de débat. Si Charlie Hebdo est raciste, alors ses membres sont les pires racistes de l’histoire du racisme – ils sont pitoyablement mauvais dans ce domaine. Et s’il est question de liberté d’expression, quelle est au juste la putain de question ? À l’ère post-Charlie, deux camps existent, dont l’un est extrêmement néfaste pour l’âme.
Ce livre est plein d’intégrité. Tout comme l’honnêteté et le courage, l’intégrité est une vertu qui ne se connaît pas elle-même. Les gens intègres n’ont pas réellement conscience de l’être. C’est simplement une partie intégrale et acceptée de leur constitution morale et émotionnelle. Et il est rigoureusement impossible de voir l’intégrité. On ne dit jamais de quelqu’un qui marche dans la rue, « Ouah ! regarde l’intégrité de ce type ! » Cela tient en partie au fait qu’il s’agit davantage d’une absence que d’une présence. Comme beaucoup des plus belles qualités humaines, l’intégrité n’est vraiment perçue et pleinement admise qu’en l’absence de son contraire. On la détecte par le trou qu’elle laisse derrière elle tandis quelle se fraye un chemin dans l’univers moral. En gros, c’est comme une taupe. Combien de fois avez-vous vu, en vrai, une taupe ? Exactement. Je n’ai jamais vu de taupe, mais je sais qu’elles existent. L’intégrité c’est exactement ça. Une minuscule créature, furtive et mal à l’aise, qui s’enfouit dans le jardin de tous nos échecs éthiques et banales tentations. Tout mignon, très difficile à repérer et presque impossible à attraper. Percevoir l’intégrité chez quelqu’un peut prendre des années. Mais quelques secondes suffisent pour en détecter l’absence.
Vous ne lirez jamais quelque chose qui ressemble tout à fait à Une minute quarante-neuf secondes. Je ne peux pas vous dire ce que c’est, mais je peux vous dire ce que ce n’est pas. Ce n’est ni un récit, ni un reportage ni un essai. Ni un roman, ni une autobiographie, ni même un témoignage. Et je peux vous dire ce que ça fait. Ce que ça dit. Les langues française et anglaise sont presque aussi ineptes l’une que l’autre s’agissant du fait de raconter ou de décrire. « C’est comment ? » disent les Français. What’s it like ? les Anglais. Autrement dit, ne me racontez pas la chose elle-même, parlez-moi de quelque chose qui lui ressemble. Riss, le moins métaphorique et le plus agressif des écrivains, ne nous dit pas comment c’est. Il nous dit ce que c’est.
Voilà qui est extrêmement rare.
Traduit de l’anglais par Hélène Borraz
Riss, Une minute quarante-neuf secondes, Actes Sud-Les Éditions Rotatives, 320 pages