Rediffusion

Robin des villes – sur Banksy

Journaliste

Comment s’est construit Banksy, aujourd’hui star internationale de l’art contemporain ? Une star dont on ignore le nom, le visage et le passé. Un homme et son appareil photo n’ont pas perdu une miette de cette ascension inouïe : Steve Lazarides. L’ancien manager et complice du street-artist raconte comment il a manipulé le monde de l’art, à force de canulars et de gestes politiques. Rediffusion du 11 mars 2020.

«Ah ah ah ! », c’est la réponse qu’apporte Steve Lazarides quand on mentionne une rumeur très française selon laquelle le street-artist Banksy et le chanteur de Massive Attack 3D seraient la même personne. Steve Lazarides, qui vient de sortir un livre intitulé Banksy Captured, est bien placé pour parler des deux hommes : il a été manager de Banksy de ses débuts à la fin des années 2000, en plus d’être son complice, son photographe et son marchand. Et il avait longuement photographié les graffitis de 3D dès les années 80, quand le futur musicien était un des piliers du collectif The Wild Bunch, dont allait découler Massive Attack.

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Il a donc suivi de près, à Bristol, l’évolution du mentor 3D et de son disciple Banksy sur les murs de la ville. Surtout que cette petite troupe suivait avec assiduité les matches d’une des deux équipes locales de football, Bristol City. Un club dont 3D mettait en scène le fanzine et pour lequel Steve Lazarides offrait volontiers ses poings et sa culture hooligan. Et Banksy ? Il était là, simple supporter encore, avant de rejoindre brièvement une légende bristolienne : le club de foot des Easton Cowboys, bande de gauchistes esthètes de foot sud-américain.

La première rencontre entre Banksy et Lazarides a lieu en 1997, sur les docks de Bristol. « Il était déjà débraillé, habillé comme un clochard. Je venais le photographier et il préfigurait Daft Punk : interdit de montrer son visage. On a sympathisé au fil des mois. J’ai appris dans ma carrière à reconnaître le génie en faisant abstraction de l’âge ou de la notoriété de l’artiste… Eh bien Banksy était déjà un génie, je l’ai vu d’entrée. Il était politique, cultivé, habité… Il connaissait le situationnisme, les affiches de Mai 68, mais il était plutôt, dans le style, influencé par le communisme. Il se moquait de moi, me disait que l’on pouvait consigner mon savoir culturel au dos d’un timbre ! Il savait que les pochoirs étaient à la base des outils politiques, car il fallait vi


JD Beauvallet

Journaliste, Critique