Les aventures d’un son : sur Radio Fischli & Weiss du collectif ∏node
Le parcours commence par une voix. Elle sort d’un haut-parleur sphérique sous lequel se trouve un microphone. Du microphone, elle passe dans un modulateur Ultra Haute Fréquence (UHF) qui, après l’avoir transformée en signal, l’envoie par la grâce de deux antennes dans un téléviseur de salon, où le visiteur qui, entre-temps, a poursuivi son chemin peut l’entendre à nouveau.

Cette seconde station est suivie de onze autres, onze dispositifs médiatiques différents que la voix traverse de manière continue et sous les effets parasites desquels, inéluctablement, elle se transforme. Elle fait ainsi vibrer une corde entre deux boîtes de conserve, une pierre de montagne, de l’eau de pluie dans une bassine, l’air ambiant sous la forme d’une onde ultrason et une corde de guitare. Elle devient signal électrique, ondes électromagnétiques, code numérique et se fixe dans des particules d’oxyde de fer sur une bande magnétique. Elle passe par un modem, une bobine de cuivre, une carte Arduino, un câble monobrin, une antenne TV et plusieurs amplificateurs.
Elle finit son parcours sous le robinet d’un cubitainer de vin naturel qui, quand le vin s’écoule et établit le contact, active un haut-parleur disposé sur une de ses faces. Le son qui sort de ce haut-parleur n’a pas grand-chose à voir avec celui qu’émet simultanément le haut-parleur sphérique du début. La voix en a presque entièrement disparu. Elle ne demeure audible comme telle que pendant les cinq premières stations. La sixième – celle qui l’accélère en ultrason – défait irrémédiablement l’articulation qui lui permet de délivrer son message. Passée cette étape, la parnole devient bruit.
Le titre de cette installation qui relève autant du media art que du sound art, Radio Fischli & Weiss, dit sa dette à l’égard des auteurs du Cours des choses (Der Lauf der Dinge), un film de 1987 où l’on suit un premier mouvement se déplacer à travers une multiplicité hétérogène de dispositifs sans jamais suspendre son cours.
Le mouveme