L’art perméable – sur l’exposition La vie à elle-même
L’exposition curatée par Flora Katz regroupe sept artistes, dont les œuvres s’entremêlent dans les espaces du Centre international d’art et du paysage de l’Île de Vassivière. C’est un cadre particulier, et chargé : nous sommes d’autant plus loin du white cube que les environs très verts sont chargés d’insectes, d’une vie grouillante et fourmillante, qui s’invite en permanence dans le bâtiment ouvert du centre composé d’un phare et d’une longue halle aménagée de fenêtres. La vie pénètre, dans les passages des insectes autant que dans les processus de lumière, de changement d’air et d’atmosphère qui l’affectent également.

Il est probable aussi que les œuvres attirent ces présences et les exacerbent. Les quelques modules en terre crue et paille de Tiphaine Calmettes, provenant de son exposition personnelle au Centre d’art, fermée par la crise sanitaire ; les souches exposées par Grégory Chatonsky dans des structures et contenants de plexiglas ; les plantes semées par Bianca Bondi sur les meubles de son installation et celles qui y ont poussé d’elles-mêmes ; la kombucha de Tiphaine Calmettes ; la spiruline (une variété d’algues que nous connaissons plutôt sous la forme de compléments alimentaires) de Laure Vigna, ainsi que ses cultures de cyanobactéries à l’intérieur de pièces en verre soufflé ; les quelques arbres de l’île, visibles depuis le centre, dont Dora Budor a changé la teinte, les sculptures de céramique d’Isabelle Andriessen, les graines de chia mucilagineuse de Rochelle Goldberg.
Toutes les œuvres sont constituées de matières qui, si elles ne sont pas directement vivantes, sont amenées à vivre comme vivent les matières, de réactions chimiques permanentes avec leur environnement : à changer et parfois se corrompre aussi largement et rapidement que des organismes vivants.
L’exposition de ce qui ne se voit pas
De fait, l’installation d’Isabelle Andriessen vit comme vivre veut dire, pour nous autres individus et pour nos sociétés également, être altéré