Art contemporain

Spectre des troubles – sur l’exposition « Étoiles distantes »

Critique

Le FRAC des Pays de la Loire accroche sept jeunes talents français. Des propositions diverses qui toutes achoppent à la question du contact, des espaces et du partage, de la sensibilité ou du repli en temps d’écrans et de pandémie. Faisons l’hypothèse que, face à notre pénurie socio-émotionnelle, c’est comme si ces artistes empruntaient à l’autisme ses formes d’écologie.

Expérience : produire un texte critique sur sept jeunes artistes n’ayant aucun rapport entre elleux, sinon d’être réuni·e·s dans un même lieu. Pincettes : quel outil, quel filtre prendre pour cela (c’est-à-dire dans quel but) ? Conditions du prélèvement : ces artistes sont issu·e·s d’écoles supérieures d’art françaises (Angers, Lyon, Nantes/Saint-Nazaire, Paris, Quimper) et ont été sélectionné·e·s par des enseignant·e·s d’Angers et de Nantes/Saint-Nazaire ainsi que par les responsables du FRAC des Pays de la Loire. Cela se passe à Nantes, au Hangar à Bananes, dans la toute nouvelle antenne dudit FRAC.

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Le commissaire associé Franck Balland indique qu’« aucune ligne esthétique ne vient dicter la trame de ce qui se joue » ici, et que des « aspirations disparates » animent ces artistes, même si l’on retrouve dans « Étoiles distantes » les « préoccupations, espoirs et revendications qui traversent (…) la société dans son ensemble ». Donc cela ne fait certes pas groupe, mais autorise du moins quelques questions sur des traits communs à ces artistes plus ou moins né·e·s vers 1988 et à celleux, un peu plus âgé·e·s, qui les ont choisi·e·s.

Abandonnons notre subjectivité critique verticale et lisons le dossier de presse pour savoir ce qui se présente à nous : « espace de repli », « employé·e·s désœuvré·e·s », « espaces de circulation des aéroports », « sculptures sonores à l’apparence organique », « communauté (…) en voie d’absorption suite à des évolutions sociales et politiques », « assemblée de créatures imaginaires envahissant les lieux », « matériaux divers inspirés des “machines à câlins” développées pour soutenir le corps des autistes », « extracteur de contenu imitant la position des personnes en quête de sens ».

La mise en espace de l’exposition comprend une sorte de vestibule, un point de fuite, une cabane, des totems, une automobile en terre, des panneaux, le tout permettant à la visiteuse ou au visiteur de moduler intensités et points de vue. Il y a deux


[1] Pascal Lenoir, Joe͏̈lle Malvy, Chrystèle Bodier-Rethore, L’autisme et les troubles du développement psychologique, Masson, 2003, p. 25.

Éric Loret

Critique, Journaliste

Rayonnages

Arts visuels Culture

Notes

[1] Pascal Lenoir, Joe͏̈lle Malvy, Chrystèle Bodier-Rethore, L’autisme et les troubles du développement psychologique, Masson, 2003, p. 25.