« je ne fais rien / je grossis » – sur Christophe Tarkos
Je ne comprends rien à Christophe Tarkos. Je n’ai jamais rien compris à Christophe Tarkos. J’aime Christophe Tarkos. C’est plutôt compatible. J’avais le coffret Ma langue, publié en 2000 chez Al Dante, j’ai prêté Ma langue à je ne sais qui, je ne l’ai plus revue. Si tu tombes sur cet article, écris-moi. En version Al Dante, j’ai encore Oui (1996), l’Argent (1999), la Cage (1999), le Baroque (2009). J’ai Processe (1997) chez Ulysse Fin de Siècle. Il me reste aussi tous les recueils parus chez P.O.L.
En 1995 et 1996, Pierre Alferi et Olivier Cadiot sortent les deux volumes de leur Revue de littérature générale. Deux compilations de ce qui se fait alors de plus neuf en écriture. On ne sait par quel miracle ils arrivent à présenter la chose sur le plateau de Canal+. Nous avons 25 ou 30 ans, nous sentons qu’un truc se passe, une sorte de frémissement, de renouveau. Dans le volume 2, il y a un texte de Tarkos intitulé « Je te lave », qui est une version possible du Kilo, livre aujourd’hui dévoilé chez P.O.L avec un nombre conséquent d’autres inédits. Ses deux éditeurs, le poète et producteur radio David Christoffel et le critique et curateur Alexandre Mare, ont rassemblé en outre à Marseille manuscrits, lettres, vidéos, photos, dans une exposition partagée entre le Frac et le Centre international de poésie (CipM), à quelques minutes à pied l’un de l’autre.

Je me souviens qu’au moment où cet air frais soufflait sur la poésie française, dès qu’un·e critique de la presse généraliste s’avisait d’en rendre compte (nous étions peu à nous y intéresser), quelqu’un·e sortait un poignard : un·e lyrique qui n’aimait pas l’objectivisme, un·e ex-mao qui nous trouvait terroriste, un·e écrivain·e qui voulait être lu·e comme elle ou lui l’entendait et pas autrement, un·e théoricien·ne qui avait mieux compris que vous, etc. Le plus simple, à la fin, ce fut d’arrêter de parler de poésie dans les médias, ça évitait les balles perdues. Or, les paranoïaques ont raison de l’être, com