Télévision

Debout l’humour ! – à propos de la série Drôle

Sociologue du théâtre

Netflix vient d’annoncer que Drôle, qui suit le parcours de quatre jeunes stand-uppeurs qui tentent de percer dans le métier, ne connaitra pas de deuxième saison. Surprenant et très décevant tant cette nouvelle série française renverse le régime de représentation en proposant des personnages attachants qui contrecarrent les dominations en déjouant – par le rire – les stéréotypes qui les soutiennent.

Le jeudi 12 mai 2022, Netflix rendait publique sa décision de ne pas reconduire pour une deuxième saison sa dernière production française, Drôle. Malgré l’immense succès critique, malgré l’enthousiasme impressionnant des spectateurs. En cause, des chiffres d’audience gardés confidentiels mais jugés insuffisants au regard de ce que la plateforme espérait. Cette décision, prise après seulement trois semaines de mise en ligne, a de quoi surprendre. L’argument avancé aussi, tant il semble irréaliste de demander à une série de trouver son public en si peu de temps, surtout s’agissant d’un pari aussi audacieux : combiner série populaire et œuvre d’auteur, loin des attentes et des clichés.

publicité

Une première façon de pitcher Drôle serait de dire que la série, dont l’action se déroule principalement sur une petite scène parisienne, le Drôle Comedy Club, suit le parcours de quatre jeunes stand-uppeurs qui tentent de percer dans le métier. On les accompagne dans leurs aventures entre quête de reconnaissance, débrouille et travail acharné pour polir un art de la vanne dont la série fait comprendre combien il est exigeant et fragile.

Il y a Nézir, livreur autoentrepreneur qui vit avec son père algérien handicapé et au chômage. Sa force, c’est sa plume subtile et son charme discret d’anti-mâle alpha. Il y a aussi Aïssatou, jeune mère de famille pêchue qui a pour elle son énergie, son smile et son franc-parler. Un sketch audacieux sur le plaisir prostatique qui devient viral va accélérer brutalement sa carrière et la propulser sur le devant de la scène, devant Bling. Propriétaire du club, celui-ci a connu la gloire quelques années plus tôt, et les excès qui vont souvent avec. Depuis, l’ancien mentor de Nézir et Aïssatou galère pour retrouver le succès et surtout le sens de ce qu’il fait. Il y a enfin une nouvelle arrivante, Apolline, que l’on voit d’abord au Drôle comme spectatrice – disons même comme fan. Il faut dire que le stand-up est pour cette fille de (très) bonne fami


[1] Stuart Hall, traduit par Christophe Jaquet et Kolja Lindner, « Signification, représentation, idéologie : Althusser et les débats poststructuralistes » (1985), Raisons politiques, 2012/4 (n° 48), p. 131-162.

[2] Stuart Hall, « Nouvelles technicités », in Identités et cultures. Politiques des cultural Studies, édition établie par Maxime Cervulle, trad. Christophe Jaquet, Paris, Amsterdam, 2007, p. 289.

[3] Idem.

[4] Bérénice Hamidi, « Théâtres populaires (républicain+socialiste+paternaliste) = théâtre public ? De la diversité historique des grammaires du théâtre populaire en France ou comment les études théâtrales écrivent l’histoire du théâtre », in Olivier Bara (dir.), Peuple et théâtre de Condorcet à Gémier, Paris, Éditions Classiques Garnier, 2017, p. 529-546.

Bérénice Hamidi

Sociologue du théâtre, professeure en études théâtrales à l'Université Lyon 2 et membre de l'Institut Universitaire de France

Rayonnages

Télévision Culture

Notes

[1] Stuart Hall, traduit par Christophe Jaquet et Kolja Lindner, « Signification, représentation, idéologie : Althusser et les débats poststructuralistes » (1985), Raisons politiques, 2012/4 (n° 48), p. 131-162.

[2] Stuart Hall, « Nouvelles technicités », in Identités et cultures. Politiques des cultural Studies, édition établie par Maxime Cervulle, trad. Christophe Jaquet, Paris, Amsterdam, 2007, p. 289.

[3] Idem.

[4] Bérénice Hamidi, « Théâtres populaires (républicain+socialiste+paternaliste) = théâtre public ? De la diversité historique des grammaires du théâtre populaire en France ou comment les études théâtrales écrivent l’histoire du théâtre », in Olivier Bara (dir.), Peuple et théâtre de Condorcet à Gémier, Paris, Éditions Classiques Garnier, 2017, p. 529-546.