Télévision

Debout l’humour ! – à propos de la série Drôle

Sociologue du théâtre

Netflix vient d’annoncer que Drôle, qui suit le parcours de quatre jeunes stand-uppeurs qui tentent de percer dans le métier, ne connaitra pas de deuxième saison. Surprenant et très décevant tant cette nouvelle série française renverse le régime de représentation en proposant des personnages attachants qui contrecarrent les dominations en déjouant – par le rire – les stéréotypes qui les soutiennent.

Le jeudi 12 mai 2022, Netflix rendait publique sa décision de ne pas reconduire pour une deuxième saison sa dernière production française, Drôle. Malgré l’immense succès critique, malgré l’enthousiasme impressionnant des spectateurs. En cause, des chiffres d’audience gardés confidentiels mais jugés insuffisants au regard de ce que la plateforme espérait. Cette décision, prise après seulement trois semaines de mise en ligne, a de quoi surprendre. L’argument avancé aussi, tant il semble irréaliste de demander à une série de trouver son public en si peu de temps, surtout s’agissant d’un pari aussi audacieux : combiner série populaire et œuvre d’auteur, loin des attentes et des clichés.

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Une première façon de pitcher Drôle serait de dire que la série, dont l’action se déroule principalement sur une petite scène parisienne, le Drôle Comedy Club, suit le parcours de quatre jeunes stand-uppeurs qui tentent de percer dans le métier. On les accompagne dans leurs aventures entre quête de reconnaissance, débrouille et travail acharné pour polir un art de la vanne dont la série fait comprendre combien il est exigeant et fragile.

Il y a Nézir, livreur autoentrepreneur qui vit avec son père algérien handicapé et au chômage. Sa force, c’est sa plume subtile et son charme discret d’anti-mâle alpha. Il y a aussi Aïssatou, jeune mère de famille pêchue qui a pour elle son énergie, son smile et son franc-parler. Un sketch audacieux sur le plaisir prostatique qui devient viral va accélérer brutalement sa carrière et la propulser sur le devant de la scène, devant Bling. Propriétaire du club, celui-ci a connu la gloire quelques années plus tôt, et les excès qui vont souvent avec. Depuis, l’ancien mentor de Nézir et Aïssatou galère pour retrouver le succès et surtout le sens de ce qu’il fait. Il y a enfin une nouvelle arrivante, Apolline, que l’on voit d’abord au Drôle comme spectatrice – disons même comme fan. Il faut dire que le stand-up est pour cette fille de (très) bonne famille une façon de dire un grand m… à sa mère envahissante et à la voie toute tracée de réussite prévue pour elle : École du Louvre, stage chez Christie’s à Londres puis carrière dans la vente aux enchères d’œuvres d’art ou dans un grand musée.

Mais il y aurait aussi une autre façon de pitcher la série créée par la showrunneuse Fanny Herrero et réalisée par Brian Marciano et Farid Bouthouni, qui insisterait moins sur l’intrigue que sur ce que la production de la série et son arrêt révèlent de la stratégie économique, mais aussi politique et esthétique de la plateforme. C’est que Drôle entendait incarner la « Netflix touch » pour s’imposer sur le marché de la production de séries françaises. Un pari audacieux et réjouissant, comme une nique que la plateforme adressait à ses détracteurs qui l’ont attaquée pour son supposé wokisme. Parmi eux, les médias conservateurs français comme Causeur mais aussi, plus lourd de conséquences, le multi-milliardaire libertarien proche de Trump Elon Musk. Celui-ci a estimé dans un tweet assassin d’avril 2022 que « le virus woke rend Netflix irregardable ». Si la raison de la perte d’abonnés et de la chute des actions de Netflix se trouve ailleurs (notamment dans le partage d’abonnements), et si la virulence de l’homme le plus riche du monde s’explique peut-être aussi par le fait que Netflix s’apprête à sortir un documentaire sur lui, il n’empêche que ces critiques réactionnaires n’ont pas tort sur un point. Si l’intersectionnalité fonctionnait sous la forme d’une check-list, la série cocherait beaucoup de cases tant sur le plan du casting que de l’intrigue : handicap, question sociale, question raciale et diversité +++ avec trois personnages/acteurs principaux sur quatre qui sont issus de l’immigration. Par ailleurs, si à première vue on pourrait se dire qu’il manque la case lgbtqi+, les questions de genre sont bel et bien traitées, très bien même. Cela ne signifie pas qu’il s’agissait pour Netflix de défendre un programme politique. Drôle est plutôt le fruit d’une stratégie marketing ultralibérale affinée. Il est déjà loin, le temps du ratage complet de la première production française du géant du streaming, Marseille, en 2018. Les programmes « locaux » les plus récents, Lupin et Christmas Flow, sont le fruit d’études de marché très précises qui visent à conquérir de nouveaux spectateurs/segments de marché. Mais peu importe, l’essentiel est que cela donne une série formidable sur la France d’aujourd’hui mais, pour une fois, version France d’en bas, du milieu, d’ailleurs et d’à côté, sans misérabilisme aucun et d’une façon qui donne au contraire envie d’en être.

Représenter des dominés sans les assigner, changer le régime dominant des représentations

Dans un contexte où l’extrême droite n’a jamais autant été normalisée par les médias français, et alors qu’on vient à peine d’échapper au pire du pire mais seulement pour les cinq prochaines années, on ne peut que saluer le caractère réjouissant de cette série. Et son habileté d’avoir pris pour thème central le stand-up, qui permet de catalyser toutes ces questions, plus une. Si Drôle dresse un état des lieux de la France d’aujourd’hui qui allie le pessimisme ou plutôt ici le réalisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté, c’est que la série incorpore une réflexion sur la capacité des représentations culturelles non seulement à décrire et commenter le présent mais à le transformer. Chemin faisant, cette production culturelle participe au travail de transformation du « régime des représentations ».

Comme l’a montré le pionnier des études culturelles Stuart Hall, nous n’accédons au monde qu’« à travers les systèmes de représentation de la culture », et notre expérience du monde « est le produit de nos codes d’intelligibilité et de nos schémas d’interprétation. » Elle n’existe donc pas « hors des catégories de la représentation ou de l’idéologie[1] » et « la manière dont les choses sont représentées ainsi que les machineries et régimes de représentation à l’intérieur d’une culture ne jouent pas un rôle purement réflexif et rétrospectif, mais réellement constitutif[2] » de notre façon de voir, de ressentir et de vivre. Autrement dit, il n’existe pas de réalité sociale antérieure et extérieure aux représentations médiatiques et culturelles.

Si la plupart des productions culturelles financées dans une société donnée procèdent forcément du régime dominant des représentations et visent à perpétuer et solidifier l’ordre des choses en place, il en est d’autres qui œuvrent à mettre en lumière et à déconstruire ce régime. Et pour ce faire, elles s’attaquent aux stéréotypes sur lesquels s’appuie ce régime dominant des représentations, en déployant des stratégies conscientes de la complexité du travail esthétique pour alléger le « fardeau de la représentation[3] » qui pèse sur les groupes sociaux en position dominée dans le régime des représentations sociales et culturelles. C’est exactement ce que tente et réussit cette série sur le stand-up.

Une des particularités notables de cet art est que le succès, comparativement par exemple au cinéma et plus encore au théâtre public, s’y acquiert en premier lieu par le bouche à oreille et le nombre de vues. Autrement dit, c’est un art qui court-circuite les instances de sélection professionnelles et le jugement des experts. D’un côté, pour le meilleur, on peut donc y voir un des arts les plus démocratiques de notre temps, où le public a son mot à dire, et qui plus est un des derniers arts populaires au sens où il s’agit d’une pratique culturelle des classes populaires aussi bien côté artistes que côté spectateurs. On pourrait même dire qu’il s’agit désormais de la seule scène encore susceptible de porter les ambitions historiques du « théâtre populaire » républicain tel qu’il s’est conceptualisé entre la fin du XIXe siècle et l’après Seconde Guerre mondiale – et tel qu’il peine désormais à s’actualiser dans les formes que prennent la plupart du temps les œuvres produites dans le cadre du théâtre subventionné.

De fait, loin du théâtre populaire révolutionnaire qui assumait comme finalité l’antagonisme de classe[4], le stand-up tel qu’il est ici montré donne sa place à la conflictualité politique tout en visant et en parvenant à fédérer l’ensemble des classes sociales par un rire rassembleur. Le stand-up ou l’art de faire peuple dans une France qui en a bien besoin. De l’autre côté et pour le moins bon, cette forme d’humour incarne aussi l’ère du clickomètre et du buzz qui repose souvent, brièveté du format attendu oblige, sur le clash et les ficelles faciles, notamment celles fournies par l’activation des stéréotypes.

L’autodérision et son double : rire singularisant et empathique vs. rire stéréotypé et humiliant

De fait, le stand-up suppose aussi un équilibre du récit de soi qui articule autodérision et commentaire critique du temps présent, voire de l’actualité. Faire rire de soi et éventuellement des autres est un art délicat qui peut basculer dans des formes de violence quand il devient un rire contre et un rire de, qui se construit aux dépens de ceux qu’il prend pour cible. Ce qui fait le succès de Nézir c’est, à l’inverse, son art du rire bienveillant, empathique envers lui-même comme envers les autres et envers les situations vécues par tout un chacun dès lors qu’ils ou elles sont en position vulnérable. Son talent est de savoir nous faire rire de son quotidien de galérien sans jamais se moquer méchamment de lui-même, sans basculer non plus dans l’auto-apitoiement et enfin sans que cette douceur ait pour prix de cacher sous le tapis la violence ou la difficulté des situations :

« Je suis devenu féministe ! C’est grâce à ma mère ! Elle est morte ! Non, je sais, hardcore comme militantisme. Mais ce n’est que depuis qu’elle est morte que je découvre tout ce qu’elle faisait à la maison pour mon père et moi. Parce que maintenant, je vis seul avec mon père et c’est moi qui dois le faire. J’adore mon père, mais si vous voulez, cinquante-cinq ans, chômeur, paie pas le loyer, sait faire aucune tâche ménagère… Comme colocataire, il est éclaté au sol ! Je fais tout à la maison et j’ai remarqué un truc, c’est que mon père ne me remercie jamais. C’est pas qu’il est ingrat ou quoi, c’est juste que je suis sûr qu’il ne sait même pas que c’est moi qui fais tout. Je suis persuadé qu’il croit que la nuit y a une meuf qui vient en scred, le fantôme de ma mère tu vois, qui aurait gardé le double des clés et qui supporterait pas que la poussière ne soit pas faite ! Je vous jure, c’est incroyable, chez mon père, le patriarcat est tellement ancré que pour lui, une femme doit tout faire, même morte ! Wesh… C’est vrai, à la maison, je fais tout ce que faisait ma mère… Sauf coucher avec mon père. Non, je vous assure. Et c’est tellement relou que je me dis que pour que ma mère ait accepté de se farcir tout ça, c’est que mon père, ça devait être un bête de coup. Je vois pas d’autre explication. De toute façon, soit on se sépare, soit dans deux vaisselles et trois lessives je vais lui lâcher un “Tu sais quoi, grand fou, fais-moi monter au septième ciel, je crois que je le mérite !” Voilà, comme ça, vous vous souviendrez de moi non pas comme celui qui a perdu sa mère mais comme celui qui hésite à se taper son père. »

C’est parce qu’il manie un style opposé et passé de mode, que Bling en vient à demander à Nézir d’être son parolier de l’ombre. Il faut dire que le premier épisode montre, par contraste, les limites du rire violent qu’il manie :

« Mes parents ont quitté le Vietnam dans les années 70 parce que c’était un peu chaud, les gens mouraient. Du coup, ils ont donné un prénom bien français à leurs enfants, pour bien s’intégrer, être de bons immigrés. Du coup moi ils m’ont appelé Étienne, mais notre nom c’est Dao. (…) Comment tu t’appelles, toi ? “Yolaine.” Yolaine ? C’est quoi ce nom de lessive ? Yo Laine, la lessive des rappeurs. Tu mets des strings en mouton ? Alors, qu’est-ce que je voulais vous dire ? Nous, les asiats, on est connus pour trois trucs : le porno, la KPop et le riz. Du coup, si un jour ça ne marche plus, je m’en fous, je pourrais toujours réaliser un porno avec un mec qui chante de la KPop en baisant une meuf qui mange du riz. Je suis sûr que ça cartonnerait : elle est là, en levrette, avec le mec derrière en karaoké, et elle, elle est avec son bol de riz… »

Il se met alors à imiter un « rire chinois » à la Tintin, poussant à son terme la caricature et le malaise des spectateurs. Ce personnage, à la fois un des plus ingrats et les plus profonds de la série, porte tout au long de la saison un arc narratif très sombre, presque tragique. Bling, c’est le grand frère de Nézir et Aïssatou, qui suit aujourd’hui un parcours inverse aux leurs : la success-story qu’il a connue n’est plus qu’un lointain souvenir et on le rencontre alors qu’il est empêtré dans une spirale de lose.

Mais l’explication n’est pas que psychologique ou sociologique. Le problème de Bling, ce n’est pas seulement le succès qui a certes, comme cela arrive souvent, boursouflé son ego sans pour autant nourrir une assise narcissique stable, une fois que l’élu a réalisé qu’au centre du cercle de la notoriété autour duquel dansent les aspirants, il ne se trouve rien pour apaiser la sensation de vide intérieur et qu’elle reste à affronter autrement, en soi et en privé. Ce n’est pas non plus seulement la pression familiale, même si elle pèse aussi lourd qu’un troupeau d’ancêtres réincarnés en un père qui méprise la réussite de son fils au prétexte qu’elle serait facile (et la série suggère par contraste combien la fierté qu’éprouve le père de Nézir est précieuse pour l’estime de soi de son fils). L’explication tient aussi aux raisons et aux conditions de son succès : Bling appartient à l’ancienne génération de comiques qui n’a appris qu’à faire rire contre soi et contre les autres depuis une soumission aux clichés. Son comique est enkysté dans une honte de soi redoublée d’une honte d’avoir honte.

La plus grande des violences de ce type de rire est qu’il fige le masque au lieu d’aider à le tomber, entérinant ainsi les rapports de domination au lieu de les dévoiler, seule condition pour que l’artiste et les spectateurs s’en dégagent, au moins un peu. Sans citer explicitement la référence, Drôle incorpore ici la leçon de ce qui reste à ce jour le plus bel ovni du stand-up, Nanette de l’australienne Hannah Gadsby : faire rire de soi les dominants quand on est en position minoritaire et dominée ne relève pas d’une posture d’humilité de l’artiste mais d’une forme d’humiliation intériorisée. Il est des storytelling comiques qui libèrent et d’autres qui assignent et assassinent à petit feu. En ce cas, le fait de raconter son histoire en pleine lumière n’apaise rien, tout au contraire.

Plus tard, aidé par Nézir qui lui suggère de parler exactement de tout ça, de ce qui fait qu’il va mal, « “Chinois de service”, la perte de fame, la peur que les gens t’aiment plus, la drogue » mais aussi l’oiseau qu’il a recueilli, sa passion pour les documentaires animaliers et les attentes écrasantes de sa famille, Bling s’initie timidement à cet autre art du rire minoritaire. L’apprentissage est long et sinueux. Son meilleur moment de scène depuis longtemps, il le passe dans un EHPAD, à apporter un rayon de soleil à des vieux, prémisse on l’espère d’une success-story de réparation, loin du succès médiatique et de l’obligation de constance dans la performance qu’il implique. 

Par ailleurs, l’évolution du milieu de l’entertainment et plus largement de la société n’est pas si radicale. La série le montre à travers l’arc narratif autour du personnage d’Aïssatou qui donne à voir la double charge qui pèse sur cette femme noire humoriste : faire rire en étant soi mais sans cliver, réussir sa carrière mais sans divorcer. Aïssatou et sa sœur sortent d’une séance de stylisme dans un magasin de marque, les bras remplis de sacs de vêtements de luxe. Elles se font arrêter par des policiers qui les soupçonnent de vol. Elles sont sauvées par le fait que la policière reconnaît Aïssatou. Sa sœur, interprétée par Karidja Touré (l’actrice de Bande de filles de Céline Sciamma), s’indigne du racisme implicite qu’elles ont subi et de la passivité de sa sœur qu’elle accuse de courber l’échine. Aïssatou, qui a incontestablement arrondi les angles, refuse d’entendre et accuse à son tour sa sœur d’être agressive, lui clouant le bec d’un : « moi la seule chose qui compte, c’est mon spectacle. »

Mais ensuite, elle va remobiliser l’anecdote pour en faire un sketch sur le privilège blanc. Et on va comprendre que, si c’est bien le public qui lance les carrières, ce sont quand même toujours les financeurs qui permettent d’accéder ou non aux médias et aux lieux de diffusion dominants. Et ces postes sont toujours occupés par… des dominants qui n’entendent pas renoncer à leur position de domination. Le sketch commente la scène sans langue de bois :

« Quand tu es blanche et que tu fais du shopping, la seule personne qui peut t’arrêter, c’est ton banquier. Ça me fait penser à Pretty Woman. Si Julia Robert avait été noire, le film aurait duré cinq minutes. Elle sort du magasin avec tous ses sacs, tac, garde à vue, terminé, y a plus personne, générique (…). Peut-être que c’est ma faute aussi, qu’est-ce qui m’a pris d’oublier que j’étais noire ? Il faut quand même le rappeler à un moment donné. Tu sais moi ça ne m’arrive jamais de passer devant un miroir et d’être là : “Oh putain, Aïssatou, tu m’as fait peur ! Ne me fait plus jamais ça, hein !” Enfin, cela dit on a un bon moyen pour se rappeler les couleurs en France : la police. Si vous allez voir un policier et qu’il vous dit “est-ce que je peux vous aider ?”, vous êtes blanc. Non, non, non. Si vous allez voir un policier, c’est que vous êtes blanc. On ne parle pas avec eux, nous. Enfin, si, on parle un peu, quand on dit “I can’t breathe.” (…) Enfin. En vrai, il ne faut pas généraliser, il n’y a que 67 % des policiers qui ont voté pour l’extrême droite en 2017, ça va, ça prouve rien sur le racisme dans le milieu de la police ! »

Les plans alternent sur le visage d’Aïssatou, d’abord très détendu puis un peu plus crispé quand elle en vient au passage à l’adresse la plus frontale, et sur les réactions du public qui ont de quoi la rassurer : les spectateurs rient franchement, qu’ils soient noirs ou blancs, jeunes ou plus vieux. Un seul visage est de plus en plus fermé : celui de Laurent, le producteur des jeunes humoristes du Drôle. Comme souvent dans ces cas-là, l’hostilité politique dont peuvent faire preuve ceux qui sont en position de sélectionner les œuvres se maquille en critique esthétique : « C’est un peu long. (…) Ton spectacle, c’est pas un meeting politique. Les gens viennent chercher ton sourire, ta fraîcheur, ton peps… Continue à parler de doigts dans le cul. » La réponse d’Aïssatou, qui ne se laisse pas démonter et lui demande s’il a fait un sondage auprès du public pour se prévaloir de leur opinion, l’oblige à sortir un peu plus du bois : « Tu veux créer un malaise ? Tu veux qu’il y ait un malaise dans ton public ? (…) Les gens veulent de la légèreté. Pas l’espace de meuf chiante qui casse l’ambiance en soirée. Fais-moi confiance, je fais ce métier depuis vingt ans. Le succès qui t’attend il est potentiellement énorme, et toi tu veux gâcher ça en jouant les Angela Davis. C’est complètement idiot. »

Au-delà de la menace larvée, ce retour en dit long sur l’inconscience du producteur : le malaise a toujours existé. Simplement, jusqu’ici, il était vécu par les personnes en position dominée, sur scène ou dans le public. Toutes les femmes, les personnes LGBT, les personnes racisées, ont dû rire à des blagues qui les ridiculisaient sous peine de se voir en plus reprocher de manquer d’humour ou de vouloir jouer les censeurs. La seule chose qui change aujourd’hui, c’est que le rire s’autorise à cibler les dominants non seulement pour les ridiculiser mais pour dénoncer simplement la domination. C’est tout le propos que porte le personnage d’Aïssatou. Non seulement ce n’est pas vrai qu’on ne peut plus rien dire, mais c’est même tout le contraire : jusqu’ici il y avait des choses qui ne pouvaient pas se dire comme la violence du sexisme, du racisme et des blagues reposant sur ces mécaniques comiques. Que ce soit désormais possible enrichit ces mécaniques et ouvre de nouveaux horizons esthétiques autant que politiques.

Par ailleurs, la série entend aussi montrer que cette révolution, pour souhaitable qu’elle soit, n’a cependant pas encore eu lieu. La menace de Laurent est efficace. Aïssatou refait le sketch au Palais des glaces mais au dernier moment, elle décide de finir par une pirouette fédératrice : « Je préfère citer ma mère, elle m’a toujours dit : “le noir, ça va avec tout.” » Et les personnes noires doivent surtout s’accommoder de tout.

Le personnage de Laurent est toutefois complexe, car il se montre parfois sincèrement soucieux du bien-être de « ses » talents, même s’il est surtout intéressé. La série représente en revanche une autre figure de décideur, situé plus haut dans la hiérarchie des faiseurs et défaiseurs de carrière, et dépourvu pour sa part de la moindre ambiguïté/humanité. Le producteur et animateur de l’émission télé « Ce soir on parle », Philippe Tiflot, se situe à mi-chemin entre Thierry Ardisson et Cyril Hanouna. Son émission, c’est le festival des blagues racistes et sexistes et de la violence verbale plus ou moins larvée sous la bonne humeur obligée. Mais, à la différence du comique que Bling a dû pratiquer, il ne s’agit pas ici du rire d’auto-stigmatisation des personnes en position minoritaire. Il s’agit du rire humiliant de dominants qui estiment qu’ils ont tous les droits et notamment ceux qu’ils refusent d’accorder aux personnes en position minoritaire. Dès lors, non seulement clasher les invités est dans le style de la maison, mais clairement, l’équipe a du mal avec le succès d’Aïssatou.

La séquence en direct tourne à la confrontation quand l’un des chroniqueurs entame le couplet : « Vous trouvez pas que l’humour va mal ? vous trouvez pas que c’est plus difficile de s’exprimer ? On peut plus rien dire. » Aïssatou est d’abord étonnée : « Ben non. Il y a jamais eu autant de gens qui font de l’humour dans ce pays ! Et puis toutes sortes de gens, et les codes de l’humour évoluent »… Le chroniqueur discrédite cette lecture optimiste de l’état actuel de la liberté d’expression des artistes et en particulier des comiques : « C’est de la langue de bois… Il y a plein de blagues qu’on peut plus faire… ». L’humoriste lui demande alors : « Mais de quel genre de blague vous parlez ? De blagues racistes, antisémites, misogynes ? Je sais pas, c’est pas très grave. Ça vous manque à vous ? » Aïssatou se voit alors accusée de profiter de sa situation : « Vous êtes une femme, vous êtes noire, vous parlez de sexe. C’est un peu facile », à quoi elle réplique simplement : « Ben, tant mieux si ça marche, je vais pas me plaindre. »

Cette franchise et cette simplicité dénuée d’agressivité face au tir groupé d’attaques feront gagner à Aïssatou le match médiatique, mais Tiflot aura sa revanche. Il a manipulé Nézir (qui a dû se résoudre à travailler dans l’émission pour des raisons alimentaires) et lui a soutiré des informations personnelles sur la nouvelle coqueluche de l’humour qui est aussi sa grande amie. Les déformant, il insinue devant des millions de spectateurs que son couple bat de l’aile à cause du sketch qui l’a fait connaître – ce qui n’est pas faux. Nézir se venge de cette double trahison en écrivant pour Tiflot un sketch qui plagie celui d’une des ex-stars du stand-up, Louis CK. Hélas, ce genre d’attaque contre un adversaire de cette taille implique d’être sûr de le tuer. Le scandale ne l’ayant pas mis hors d’état de nuire, le producteur fait la démonstration qu’il n’a rien perdu de son pouvoir de nuisance en faisant pression sur l’Olympia où Aïssatou doit jouer pour interdire que Nézir fasse sa première partie.

Réinventer la réussite, réinventer l’amour (hétérosexuel)

Cette intrigue permet aussi à la série d’aborder deux autres/dernières questions importantes et d’abord, celle de la matière dont le talent est fait. Au-delà du discours général qui valorise le travail en lieu et place du don inné, la série souligne la singularité du talent du stand-uppeur dans la mesure où cet art est par excellence celui de la mise en valeur de la singularité à tous points de vue : non seulement la mise en récit d’une vie et d’une vision du monde uniques mais leur coïncidence avec un physique, une voix et un flow qui permettent aux spectateurs de s’identifier. Mais ces attributs scéniques sont-ils standardisés ? C’est l’hypothèse de Laurent, pour qui Nézir ne saurait être autre chose qu’un comique de l’ombre. Avant même l’intervention de Tifflot, Nézir a failli ne pas jouer. Aïssatou a dû l’imposer à son producteur, plus que sceptique sur l’idée : « Je sais, c’est ton meilleur pote, et il est super… à l’écrit. Mais c’est pas un ambianceur (…) Reconnais, le type c’est pas James Brown, il a un petit problème de charisme, non ? » Non.

Là encore, le producteur porte le discours de la vieille école, démenti dans le réel par le succès de Haroun dont le personnage de Nézir semble en partie inspiré. Et là encore, le problème vient d’une vision stéréotypée et uniforme de ce que serait le charisme, qu’il attribue plus volontiers à Bling. Les deux jeunes humoristes portent de fait deux styles de stand-up, mais pas au sens où l’un serait charismatique/viriliste et l’autre non, plutôt au sens où l’un part plus des textes écrits à l’avance et ciselés tandis que l’autre mise avant tout sur l’interaction avec le public et l’improvisation. Ils se reconnaissent d’ailleurs respectivement ces qualités. Bling loue le talent de transformation du quotidien de Nézir : « Moi je sais pas faire ça. Toi c’est ton truc, tu transformes la merde en or… » Réciproquement, Nézir fait l’éloge du comique gestuel et visuel de Bling : « Toi, tu bouges un sourcil et les gens rigolent, c’est un don ça. » N’empêche, l’un et l’autre doivent travailler ce qui leur est le moins naturel : pour retrouver confiance en lui, Bling doit apprendre à porter une version non censurée de son ego-histoire, Nézir travaille à affirmer sa présence scénique délicate – dans le dernier épisode, il improvise en direct à L’Olympia où il fait bel et bien la première partie d’Aïssatou, après un ultime rebondissement.

Les compliments sincères que se font les jeunes humoristes, le sacrifice de Nézir pour venger Aïssatou, son combat à elle pour imposer son ami comme première partie : le dernier sujet abordé par la série, et non des moindres, c’est celui du rapport entre carrière et relations personnelles et donc aussi des relations amicales et amoureuses. Que fait la quête de réussite, qui reste toujours individuelle, aux amitiés et aux amours ? Sans idéalisation ou naïveté, Drôle donne à voir plusieurs moments de tensions. Mais la série donne aussi et surtout à voir la solidité des relations affectives et leur résistance.

Par la façon dont les personnages éprouvent ces questionnements et y répondent, Drôle met en lumière les qualités du stand-up qui, loin du triomphe du chacun pour soi et de l’ego-trip artistique, est représenté comme un milieu artistique où la rivalité se transcende en émulation. Par là, la série met aussi indirectement en valeur le sens de l’entraide et de la solidarité caractéristique des personnes issues des classes populaires. Ces dilemmes sont notamment portés par le personnage d’Aïssatou. Est-il possible de réussir sans écraser ses amis et sans (trop) bafouer l’intimité de son compagnon ? On doute à plusieurs reprises de l’interprétation à donner à ses choix : est-elle en train de faire sa mue en petite star égocentrique ou de s’affranchir de l’injonction au sacrifice qui pèse tant sur les femmes ?

C’est le cas quand elle se laisse convaincre par Laurent qu’elle est dans son bon droit et même qu’il est de son devoir de planter au dernier moment Nézir, qui compte sur sa présence à la soirée stand-up qu’il organise dans sa cité à Morsang-sur Orge, pour la promesse de croiser les réalisateurs Nakache et Toledano (la dream team d’Intouchables) à un pot de première dans les beaux quartiers. Après tout, c’est son moment. Il est vrai qu’elle a beaucoup attendu, surtout à l’échelle de son couple. Elle a mis sa carrière débutante entre parenthèses les deux années qui ont suivi la naissance de sa fille, tandis que son compagnon, lui, finissait sa thèse. Est-ce pour autant une raison pour qu’elle s’autorise à exposer leur sexualité et donc son intimité à lui sans son consentement ? Car c’est lui le personnage principal du sketch qui la rend célèbre :

« Je voulais juste vous parler d’une petite conversation que j’ai eu avec mon copain l’autre soir. On reparlait des meilleurs moments de notre relation et on n’a pas su se dire si le moment le plus fort c’est la première fois qu’on s’est dit qu’on s’aimait ou si c’est quand je lui ai mis un doigt dans le cul pour la première fois. Non mais je vous le dis, ça l’a rendu tellement heureux ! Je comprends pas pourquoi on a autant attendu. Avec mon mec, on est quand même partis en Thaïlande avant d’aller dans son cul. Pourtant c’est pas du tout le même budget. Après tu me diras, c’est quand même plus facile à mettre sur Instagram. »

Ce n’est pas facile pour lui d’assumer les conséquences de cette médiatisation non voulue dans son milieu professionnel ou dans la vie de tous les jours. Pourtant, s’il manifeste son désaccord légitime, Vlad continue à soutenir sa compagne dans sa carrière – y compris quand elle décide de ne pas garder le second enfant qu’ils essayaient d’avoir, y compris quand, en pleine chute d’hormones, elle s’effondre juste avant d’entrer en scène. Il a eu son tour et accepte que ce soit celui de celle qu’il aime sans le lui faire payer par un orgueil viril mal placé.

Cette représentation positive parce que réinventée de la sexualité et des relations de couples hétérosexuelles sont également portées par l’arc autour d’Apolline. La première question est traitée à un double titre, sur scène et dans la vraie vie. La jeune fille de bonne famille entend parler de masturbation sans fausse pudeur dans ses sketchs. Est-ce « encore » possible sans se voir disqualifiée au motif que le créneau serait déjà occupé par Blanche Gardin ? À la ville (ou plutôt au lit) aussi, Apolline se masturbe. Après le plaisir prostatique des hommes, la série parle du plaisir clitoridien des femmes, cet autre inconnu qui leur veut du bien pour les personnes hétérosexuelles. Là aussi, le garçon s’en trouve désarçonné. Nézir est désarçonné et a le courage de lui dire sans pour autant lui en faire le reproche :

« Je vois que ça va pas… Qu’est-ce qu’il y a ?
– T’es la première fille que je connais qui fait… ça. J’ai pas l’habitude.
– T’as pas l’habitude ou t’aimes pas que je le fasse ?
– J’ai l’impression que je sers à rien.
– Attends, y a pas de compétition entre ma main et ta bite, hein… elles sont en collaboration… artistique. (Elle rit, et lui aussi.) Je fais ça parce que je me sens bien avec toi. C’est vrai.
– T’as pas besoin de moi, en fait. T’as déjà tout.
– N’importe quoi. Depuis que je t’ai rencontré j’ai saboté mes études, j’ai commencé le stand-up et je suis partie de chez ma mère ! Tu m’as fait faire ma révolution, Nézir. »

Un plaisir qui ne soit pas soumis à une déclaration de dépendance absolue à l’autre est possible, un amour inter-classes itou. À travers ces deux relations, la série participe de la sortie de l’hétérosexualité qui affole tant les gardiens du patriarcat ces temps-ci. Et la série montre que cela n’implique pas nécessairement ni seulement d’en finir avec les relations hétérosexuelles. Ce qui est vital, c’est de rompre avec un certain script sexuel inscrit dans un schéma relationnel global doublement enfermant, parce qu’il est uniforme et parce qu’il est fondé sur une complémentarité déséquilibrée des rôles entre les hommes et les femmes.

Cette opération qui est à vrai dire surtout une opération de construction de relations plus épanouissantes, la série ne la donne pas seulement à voir dans la sexualité mais aussi dans tous les aspects des relations amoureuses. Si ces deux relations sont présentées comme bonnes, c’est parce qu’elles ne s’enkystent pas dans un rapport de force et qu’une conflictualité constructive y est présente, marque d’un respect réciproque pour l’altérité de chacun, et parce qu’une bonne communication y est possible. Cette représentation positive de couples hétérosexuels qui ne sont pas déséquilibrés au profit de l’homme va de pair avec la représentation de figures d’hommes hétérosexuels (qui plus est noir pour l’un et arabe pour l’autre) mais néanmoins connectés à leurs émotions et capables d’en dire quelque chose ainsi que leurs angoisses, de leurs vulnérabilités et de leurs besoins.

Que ce soit sur l’amour, sur l’équilibre entre carrière et vie personnelle ou sur le talent et le succès, Drôle tient le même discours et prend le parti de l’amour de soi et des autres et du travail humble. La série a été moquée par certains critiques au motif qu’elle serait trop gentille et naïve, qu’elle peindrait une France diverse de pacotille. Le tableau est indéniablement embelli par un effet Technicolor qui constitue la marque des productions Netflix. Que Vlad et Aïssatou, avec leurs revenus, vivent dans un si bel appartement donne par exemple à la série un petit côté Emily in Paris à mille lieues de tout projet de vraisemblance. Mais la différence, radicale, est qu’ici l’absence de réalisme ne conforte pas les clichés, elle les déjoue.

De même, Drôle n’est pas une entreprise de pacification excessive des conflits politiques du moment. C’est une série qui fait œuvre de réconciliation précisément parce qu’elle ne laisse pas sous le tapis les choses qui fâchent dans la société d’aujourd’hui. C’est une série sur l’injonction faite à toutes les personnes en position minoritaire à rester soumises à des dominations sous peine d’être accusés de refuser de s’intégrer et d’être « clivantes ». Sur l’oppression que constituent les modèles imposés de féminité – et de masculinité. Sur l’impératif vital de se sentir libre d’être soi et de pouvoir dire publiquement sa vérité, c’est-à-dire dire la façon dont on perçoit le monde depuis la place qu’on y occupe. C’est une série d’espoir sur la France d’aujourd’hui et qui prend sa part du travail pour changer les représentations pour aider à construire un demain meilleur ; une série qui réinvente le roman national et le récit intime, qu’il s’agisse du récit de soi ou des relations affectives (familiales, amicales, amoureuses).

Les spectateurs français ont découvert Drôle en mars 2022, alors que la campagne présidentielle rendait l’odeur de renfermé encore plus irrespirable dès qu’on approchait d’un écran. Autant dire que la série a fait souffler un vent d’espoir que les représentations changent enfin, au moins dans la fiction. Autant dire aussi qu’on ne peut qu’être déçus que Netflix ait refermé si précipitamment la fenêtre que la plateforme avait ouverte. Déçus, et inquiets. Parce que, derrière l’argument économique mis en avant, c’est un signe politique fort de soumission aux représentations conservatrices qui de fait, sont les plus bankables aujourd’hui. Et ça, c’est tout sauf drôle. Les œuvres font partie intégrante du champ de bataille de la guerre culturelle qui fait rage dans nos démocraties fatiguées. Espérons que, comme cela a eu lieu par le passé parfois, les réclamations des spectateurs redonnent aux producteurs le courage qui leur fait actuellement défaut pour reprendre le combat avec la plus élégante et invincible des armes : l’humour.

Drôle, série créée par Fanny Herrero, six épisodes accessibles sur Netflix depuis le 18 mars 2022


[1] Stuart Hall, traduit par Christophe Jaquet et Kolja Lindner, « Signification, représentation, idéologie : Althusser et les débats poststructuralistes » (1985), Raisons politiques, 2012/4 (n° 48), p. 131-162.

[2] Stuart Hall, « Nouvelles technicités », in Identités et cultures. Politiques des cultural Studies, édition établie par Maxime Cervulle, trad. Christophe Jaquet, Paris, Amsterdam, 2007, p. 289.

[3] Idem.

[4] Bérénice Hamidi, « Théâtres populaires (républicain+socialiste+paternaliste) = théâtre public ? De la diversité historique des grammaires du théâtre populaire en France ou comment les études théâtrales écrivent l’histoire du théâtre », in Olivier Bara (dir.), Peuple et théâtre de Condorcet à Gémier, Paris, Éditions Classiques Garnier, 2017, p. 529-546.

Bérénice Hamidi

Sociologue du théâtre, professeure en études théâtrales à l'Université Lyon 2 et membre de l'Institut Universitaire de France

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Géopolitiques de l’Eurovision

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Notes

[1] Stuart Hall, traduit par Christophe Jaquet et Kolja Lindner, « Signification, représentation, idéologie : Althusser et les débats poststructuralistes » (1985), Raisons politiques, 2012/4 (n° 48), p. 131-162.

[2] Stuart Hall, « Nouvelles technicités », in Identités et cultures. Politiques des cultural Studies, édition établie par Maxime Cervulle, trad. Christophe Jaquet, Paris, Amsterdam, 2007, p. 289.

[3] Idem.

[4] Bérénice Hamidi, « Théâtres populaires (républicain+socialiste+paternaliste) = théâtre public ? De la diversité historique des grammaires du théâtre populaire en France ou comment les études théâtrales écrivent l’histoire du théâtre », in Olivier Bara (dir.), Peuple et théâtre de Condorcet à Gémier, Paris, Éditions Classiques Garnier, 2017, p. 529-546.