Art contemporain

Imaginaire partagé – sur « Des voix traversées » à l’IAC de Villeurbanne

Journaliste

Avec une manifestation lancée à Villeurbanne en mars dernier, « La Fabrique du Nous », visant à recréer des liens de proximité entre habitants par la voie de l’art, l’Institut d’Art contemporain (IAC) expose jusqu’à fin juillet des œuvres interrogeant les mystères de la voix, surfaces de rapport au monde, d’expression et d’interpellation. Une manière d’affirmer que, par sa dimension sensible, l’art peut contribuer à consolider des causes communes.

La constitution d’un « Nous », à opposer à la fatalité du présent dominé par les divisions et les fractures, traverse le champ de la pensée politique contemporaine dans ses grandes largeurs. Aspiré par cet horizon, l’art n’est pas en reste pour s’ajuster à cet enjeu des causes communes. Ne serait-ce que par leurs modes d’existence et leurs manières de travailler de plus en plus structurées dans des collectifs, les artistes contemporains questionnent ce désir de dire « nous ». Comment se retrouver dans un imaginaire partagé, dont l’absence de repères communs et de boussole générale bloque souvent la possibilité ?

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La « Fabrique du Nous », manifestation lancée en mars dernier par l’Institut d’Art contemporain de Villeurbanne (IAC) pour que les habitants s’approprient l’art comme moyen de (re)créer des liens de proximité, illustre parfaitement ce souffle politique qui traverse la scène artistique contemporaine. Nathalie Ergino, la directrice de l’IAC, mesure depuis une vingtaine d’années déjà « la nécessité de mettre en partage nos questions, nos doutes et aussi nos émotions », en défendant l’idée-manifeste que « par sa dimension sensible et la puissance de ses imaginaires, l’art peut contribuer à fabriquer ce nous ».

Portée par cette conviction, Nathalie Ergino a mis en place depuis le début des années 2010 des programmes transdisciplinaires de recherche, rassemblant artistes et chercheurs, notamment à travers le Laboratoire espace-cerveau qui « privilégie l’intuition comme moteur, les imaginaires partagés comme fondement et l’échange collectif comme mode opératoire ». Selon elle, nous sommes, grâce aux artistes, appelés à construire un nouvel imaginaire commun, d’égalité entre les êtres et de relation entre les situations, afin de défaire l’hégémonie montante des divisions.

L’idée de la « Fabrique du Nous » s’inscrit ainsi dans le prolongement d’une ancienne réflexion menée à l’IAC, qui a rejoint une autre envie : celle de la ville de Villeurbanne elle-même,


Jean-Marie Durand

Journaliste, Éditeur associé à AOC