20 ans après… – à propos de Stardust de Léonora Miano
Stardust, le nouveau roman de Léonora Miano, date d’il y a 20 ans. C’est un cas assez exceptionnel de premier livre qui aura mis des années à être publié, tandis que son auteure est devenue une personnalité en vue, une voix forte et largement célébrée dans le « monde des lettres » (elle a été récompensée par exemple du prix Goncourt des Lycéens en 2006 et du Femina en 2013, et un prix a même été créé à son nom par l’université de Lorraine en 2020).

Pour parvenir à cette reconnaissance, l’écrivaine a emprunté un chemin singulier, dont on ignorait en partie l’origine, mais dont la lumière s’annonce déjà dans Stardust, inscrite comme un but possible, une destination, la flamme un peu vacillante d’un horizon… Sur ce chemin, il y eut aussi de la poussière et pas mal de cailloux : la traîne douloureuse d’une étoile, ou d’un destin, dont le livre présent, dans son titre même, rend compte de façon saisissante.
Qu’on ne se méprenne pas : Stardust n’est pas un livre refusé, un texte de jeunesse retrouvé, une curiosité des commencements. Léonora Miano, comme elle l’explique dans son court avant-propos, n’a cessé au fil des années de « l’amender », et si elle le fait publier aujourd’hui, c’est peut-être qu’il a fallu tout ce temps pour livrer quelque chose comme une clé originelle, un texte qui lui permette de dialoguer avec elle-même, ou son double du passé qu’elle rebaptise ici Louise, de l’un de ses autres prénoms.
Le récit est celui de son arrivée du Cameroun à Paris : elle a à peine plus de vingt ans quand elle débarque de Douala pour faire ses études en France, où elle rencontre un jeune homme dont elle aura une petite fille et avec lequel elle s’installe à Paris, avant que rapidement les choses ne tournent court, ne tournent mal : elle le quitte et se retrouve sans domicile ni titre de séjour, contrainte de s’installer dans un centre de réinsertion et d’hébergement…
Tout cela se passe dans la France des années 90, qui peut nous sembler lointaine, déjà, mais don