Littérature

Laissez-passer – à propos de Tibi la blanche d’Hadrien Bels

Critique d'art

Dans Tibi la blanche, deuxième roman du marseillais Hadrien Bels, la société sénégalaise apparaît diverse, protéiforme, écartelée entre différents modèles culturels et cependant ouverte aux zones de contact. On y retrouve les jeunes classes créatives, la pauvreté extrême, les classes moyennes et privilégiées d’un Dakar ultra-contemporain.

Chaque livre et chaque texte sont des fractures ou des failles. Des failles qui se font parfois géographiques ou sentimentales. Tibi la blanche permet de réunir ces deux rives, ces deux enjeux autour de questions notamment liées à cette fêlure qui sépare l’enfance de l’âge adulte, la frontière symbolique qui isole les quartiers de Dakar ou encore cette frontière poreuse entre une partie de cette ville et la France.

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Pour cela, Tibi la blanche nous raconte l’histoire et les aventures de trois jeunes du quartier de Thiaroye à Dakar. Nous les suivons une semaine durant, une semaine qui permet à l’auteur de cristalliser en partie les enjeux propres à la situation et à l’histoire de la ville. La ville, personnifiée au possible, et qui se fait ici protéiforme, Hadrien Bels parle de Dakar avec amour et lucidité, avec sentimentalisme et humour.

Le texte du roman

L’histoire littéraire récente nous permet d’observer, souvent, que le roman n’a jamais commandé un rêve d’une littérature qui serait extérieur au réel. Ainsi, les livres d’Hadrien Bels se construisent bien dans la sécularisation du propos. Des travaux qui évoquent l’effroyablement banal et le quotidien des personnages, tout en mettant en avant les formes de construction de soi et de la vie, par le biais de l’expérience et des rites initiatiques. Cinq dans tes yeux, son premier ouvrage, se construisait (déjà) sur la base de cette charnière entre le temps de la jeunesse et de l’âge adulte et cela à travers un groupe de jeunes marseillais désœuvrés et attachants. Tibi, de son côté, nous raconte le périple des résultats du baccalauréat chez trois jeunes de la classe moyenne, entre espoir et désillusion, entre maladie mentale et colonisation, entre banlieue parisienne et excellence scolaire. C’est dans la négativité et l’innocence du choix des personnages que se construit le roman familial du Sénégal avec ses enfants, avec vieux et ses démons.

Il y a dans Tibi la blanche une volonté de trouver une alternative po


Léo Guy-Denarcy

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