Composition – à propos du livre Valérie Jouve
Les livres de photographes sont rarement des livres ordinaires, et quelle que soit leur ressemblance avec des modèles éditoriaux (albums, anthologies, « beaux livres »…) ou des catégories de genre (portraits, paysages, histoire…), les dispositifs choisis tentent de manière systématique ou asystématique, de nous parler autrement, de suspendre quelque chose de l’artefact imprimé qui risquerait de nuire à notre approche. C’est ici un livre sans titre, ou du moins où le titre et le nom de son auteur se confondent dans un même intitulé, « Valérie Jouve », et où même la dédicace, plutôt que d’ouvrir la première page, clôture le volume, tout en retrait : « Je dédicace ce livre à mon père ».

Aux protocoles usés et standardisés de l’édition qui visent à lisser la lecture, à lui épargner tout incident, le livre de photographies intitulé Valérie Jouve oppose des chemins plus accidentés, une méthode (une voie) qui apprend au regard à se promener autrement sur les pages, à errer, à s’arrêter, à revenir en arrière, à multiplier les fuites en avant, à opérer des pauses. Faire des yeux du lecteur le véritable répondant des photos qu’ils sillonnent : un regard qui dure. Avec ce paradoxe que l’irrégularité capricieuse du parcours est porteuse d’un véritable travail, et d’un travail d’une grande exigence, voire d’une espèce d’austérité, d’ascétisme, n’était le bonheur qui accompagne le cheminement. Lire le livre intitulé Valérie Jouve, c’est explorer, arpenter, couvrir, prospecter… mais de manière forcément erratique, discontinue, jusqu’à ce que, peu à peu, des repères apparaissent, des images s’immobilisent, des signaux se rejoignent et commencent à parler, à murmurer d’abord, puis à faire signe.
Le livre de Valérie Jouve est un quadrilatère. Quatre volumes d’images photographiques qui s’intitulent chacun « Composition » : 1. Cadres, lignes et postures, 2. Désastres et résistance, 3. Ici et là-bas, 4. Vitalités organiques. Aux interstices du quadrilatère, deux textes magnif