Art contemporain

Faite·s maison – sur l’exposition « Is something missing ? » du collectif MOTHER

Critique

Emma Passera et Violette Wood, fondatrices du collectif MOTHER, tantôt artistes tantôt commissaires, ont réuni 21 artistes féminines au Frac Corsica pour tenter de (re)tracer le fil rouge qui lie intimité et public. Jouant sur la subtile nuance entre l’espace domestique physique et l’espace domestique mental, cette « exposition-maison » propose un voyage introspectif créatif au cœur du logis.

Au Frac Corsica, le collectif MOTHER propose d’entrer dans l’exposition comme on entrerait dans une maison, en superposant aux espaces du Frac des notions domestiques. Le Frac n’est pourtant pas une maison, malgré ses voûtes, son architecture de grosse bâtisse, ses enfilades de salles et ses nombreuses fenêtres : c’est un espace de passage, ou plutôt de visites, où une certaine neutralité se cultive qui permet d’accueillir de nombreuses typologies d’œuvres et d’exposition. En somme, c’est un espace public et non pas intime.

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C’est justement cette atmosphère que MOTHER choisit de transformer, en recevant l’invitation de l’institution comme une occasion de « faire comme chez-soi », c’est-à-dire d’installer une exposition comme on s’installerait pour vivre pendant un temps, pour vivre et inviter à son tour, accueillir et laisser vivre.

Emma Passera et Violette Wood, les deux artistes-curatrices du collectif, interrogent ainsi les notions d’intimité, de partage de vie et d’espaces, d’abri, de chez-soi et de foyer, autour des œuvres d’une vingtaine d’artistes. Qu’est-ce qui permet de s’ancrer quelque part ? Qu’est-ce qui fait frontière ou brouille les frontières entre l’intimité, le privé, le public ? Qu’habite-t-on, et comment, et quelles traces cela laisse-t-il ?

La transparence et la réserve

Il y a une inévitable étrangeté à ainsi œuvrer publiquement et collectivement l’intimité. On a plutôt l’habitude de l’identifier aux espaces privés, et de n’y accéder qu’au terme d’un processus relativement long de partage. Mais dans l’expérience construite par l’exposition, elle se donne au contraire comme une porte d’entrée, ouverte et partagée : un principe de départ commun pour évoluer ensuite dans une variété de tonalités – et à partir de ce premier accord, littéralement résonner les un·es avec les autres, au fil d’une exposition accueillant notamment deux pièces exclusivement sonores, l’une d’Inès Cherifi et l’autre de Cherry B Diamond.

C’est par le cœur de la maiso


Rose Vidal

Critique, Artiste

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