Le sang de la jeunesse – sur House de Nabuhiko Obayashi
L’histoire commence à être connue. Suite au succès phénoménal des Dents de la mer (1975), la Tōhō, vénérable studio comptant dans son catalogue des titres d’Akira Kurosawa, Mikio Naruse, Kenji Mizoguchi ou Ishirô Honda (Godzilla et ses suites), propose à un réalisateur louvoyant entre l’expérimental et la publicité, de concevoir une réplique japonaise au film du tout jeune Steven Spielberg.

Plutôt que de décliner le concept du super-prédateur (réflexe d’adulte, pour ne pas dire de vieux), Nabuhiko Obayashi cherche l’inspiration auprès de sa fille, Chigumi, âgée d’une dizaine d’années. Celle-ci lui fait part de visions angoissantes surgies notamment lors de séjours à la campagne chez ses grands-parents – graines d’enfance que le scénariste Chiho Katsura fera germer dans le terreau d’une maison hantée.
House raconte-t-il autre chose que des relations à la fois intéressées et inquiètes entre générations ? L’analogie entre la fiction et sa production est tentante. La maison serait le studio – le tournage a eu lieu sur le plus grand plateau de la Tōhō – et sa mystérieuse propriétaire, Obayashi en personne. Lui qui approche de la quarantaine s’entoure de jeunes actrices inexpérimentées, comme si leur fraîcheur et leur enthousiasme devaient lui offrir la puissance nécessaire pour s’élancer dans ce premier long métrage. Sept comme les samouraïs, les filles forment une bande hétéroclite. Défini par sa silhouette et son nom (« Binocle » l’intello, « Mélodie » la musicienne, « Belle » la belle…), chaque personnage semble là pour représenter une sensibilité et un segment du marché – à la manière dont l’industrie musicale fabrique à la chaîne les girls et boys band. Opération cynique ? Non, ou pas seulement : si le cinéma suce le sang de la jeunesse, il lui donne en retour l’éternité.
On le devine, House est un film de vampire, comme l’était déjà Émotion, court avant-gardiste de 1966 qui contribua à la réputation d’Obayashi dans les milieux étudiants. Mieux : c&rsq