Gaza, l’histoire continue de s’écrire – sur From Ground Zero produit par Rashid Masharawi
From Ground Zero est un film-mosaïque composé de vingt-deux fragments réalisés par des cinéastes gazaoui.e.s. C’est un astre noir qui répond au profond désarroi ressenti devant les images nous arrivant de Gaza. Ce désarroi n’est pas seulement lié à la disparition organisée d’un peuple qu’un nombre incalculable de vidéos documentent chaque jour depuis seize mois. Il est aussi intimement associé au constat que ces images ne semblent avoir aucun effet pour mettre fin aux horreurs que les Palestinien.ne.s subissent au quotidien.

Nous assistons au jour le jour à une entreprise d’anéantissement menée par l’armée israélienne. Celle-ci, on le sait, interdit la présence de journalistes à Gaza, mais ses habitant.e.s enregistrent leur propre destruction en direct, et une chaîne d’information comme Al Jazeera relaie sans discontinuité certains de ces fragments arrachés à l’enfer, avant que ceux-ci ne se disséminent à un niveau global sur les réseaux sociaux.
Ce n’est pas la première fois, dans l’histoire contemporaine, que l’efficacité de l’image est perçue comme aussi dégradée, incapable d’atténuer les souffrances d’une population qu’elle révèle pourtant au monde entier. Le précédent syrien est dans toutes les mémoires, moins d’ailleurs pour la révolution du printemps 2011, que pour l’impuissance devant les corps blessés, assassinés des révolutionnaires, diffusés en live sur nos canaux d’information pendant presque cinq ans. Devant le siège d’Alep ou celui de Gaza, ce sentiment d’impuissance émanant des images est devenu aussi prégnant dans les consciences que la réalité historique à laquelle elles se rapportent. On ne sait plus ce que l’on doit attendre d’une image qui montre l’insoutenable. Et l’indifférence susceptible de nous gagner n’est qu’un symptôme supplémentaire de cette indécision significative. Sans doute Rashid Masharawi, le réalisateur à l’origine de From Ground Zero, a-t-il un sens aigu de cette indifférence qui frappe les esprits, et qu’une sortie hor