À trop étreindre – sur l’exposition « Corps et âmes »
Les deux mains de Jérôme Robbins semblent ancrées dans le sol sur la photo de Diane & Allan Arbus. Sa jambe droite s’élève avec force vers le ciel, dans un geste qui paraît complètement irréalisable au commun des mortels. Forme contorsionnée, l’image pourrait s’apparenter à une crise musculaire ou encore à une chute de danseur étoile, si l’on en devinait par la précision du geste sur l’image une parfaite maîtrise.

La photo de 1953 détonne avec le travail à la netteté et l’aspect impeccable des productions de mode qui sont celles d’Arbus. Le grain et les niveaux de gris s’approchent d’un fusain. Cette pratique, elle la compare lors d’un entretien à un « effet de tapisserie », prenant sa dimension dans le tramage précis et régulier. Présenté dans la section des corps exposés, l’œuvre côtoie au sein de la Bourse de Commerce les pièces de Senga Nengudi ou Kerry James Marshall … parmi d’autres, et cela, dans un ensemble historique et classique à valeur ajoutée optique.
« Corps et âmes » rassemble, en sus de l’enveloppe charnelle et des forces de l’esprit proposée, une quarantaine de noms d’artistes dans la Fondation circulaire. Le programme se décompose organiquement à travers trois sections distinctes aux ambitions complémentaires. Le Corps témoin pour commencer, puis, le Corps exposé déjà évoqué, et, dans un troisième temps, L’âme au corps, en guise de conclusion. Construite à partir des riches collections Pinault, il s’agit, à travers ce projet fleuve, de sonder « la prégnance des corps dans notre pensée contemporaine ». Vaste et vague projet s’il en est, celui-ci s’introduit sous la plume d’Emma Lavigne et inspirée de la pensée de Jacques Rancière, à travers la « possession de ces énergies vitales intégrales », mais aussi de celle de Lévinas et de sa « rencontre face à face avec l’autre », ou encore de celle de Georges Didi-Huberman qui théorise une « reconnaissance par contact ».
C’est pourtant dans les écrits d’un tout autre artiste que l’on découvre l’ob