Art contemporain

La banane, le musée et le comédien – sur « Dimanche sans fin » de Maurizio Cattelan

Critique d'art

« Dimanche sans fin », rétrospective consacrée à Maurizio Catellan au Centre Pompidou Metz, c’est peut-être le sien, celui d’un artiste qui essaie de se réconcilier avec une institution dont il a voulu s’enfuir : le musée. À ses travaux sont mêlés sa propre sélection de pièces provenant des collections du Centre Pompidou, actuellement en cours de fermeture. Une histoire contemporaine de l’art. Un parcours singulier où l’artiste a « choisi les œuvres qui ne le choisissaient pas ».

Les œuvres de Maurizio Cattelan fixent rarement notre regard. Elles le captent souvent. Le détournent parfois. Autrement, elles lui offrent ce « pas de côté » si cher à l’artiste. En témoigne Punto de Vista mobile, une pièce de 1989, laquelle propose de déplacer la vision du visiteur, de le surélever, pour un temps et cela à l’aide d’un marchepied aux allures de readymade. Ce déplacement du regard, Maurizio Cattelan le présente comme un mouvement qualifié de « politique », une autre forme d’appréhension du monde qui s’offre à nous pour un temps.

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C’est curieusement avec l’aide d’une institution fortement codifiée que l’artiste nous propose d’exercer ce mouvement émancipateur, qu’il qualifie de « politique » : le musée. Un déplacement qu’il met en forme avec les collections du Centre Pompidou et dans l’écrin singulier du Centre Pompidou Metz, à l’occasion des 15 ans du bâtiment messin. Intitulée « Dimanche sans fin », l’exposition nous offre un parcours rétrospectif des travaux de Catellan et une sélection prolifique d’œuvres sorties des réserves ou des espaces du musée actuellement en cours de fermeture. Étirement du temps, surprises et redécouvertes, le parcours singulier doit ici nous permettre d’avancer et de regarder ailleurs.

Figure sans pareille dans le champ de la création contemporaine, Maurizio Catellan sait user et détourner le monde de l’art avec une intelligence rare, laquelle fait parfois poindre le sarcasme. En 1999, il scotche le galeriste Massimo de Carlo au mur de sa boutique, en 2001 il transporte en avion le gotha du monde de l’art pour découvrir une décharge à Palerme surplombée du signe Hollywood ; sans parler des toilettes en or massif installée 2016 au sein du Guggenheim de New York. À l’humour mordant répond presque systématiquement une interrogation profonde sur notre rapport à la création, à la consommation et à notre monde contemporain. L’œuvre foisonnante se réalise dans une bascule souvent déconcertante. Son parcours et ses trav


Léo Guy-Denarcy

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