De l’étoffe de nos rêves – sur l’exposition « Brad Holland et Shakespeare »
Il y aurait deux manières, sans doute, de rendre compte de l’exposition que présente en ce moment la galerie Martine Gossieaux et du livre qu’elle édite et qui l’accompagne. La première de ces deux manières consisterait à insister sur l’hommage posthume qui se trouve ainsi rendu à Brad Holland, l’un des plus célèbres illustrateurs américains, dont les œuvres, de Vanity Fair au New Yorker en passant par Playboy, ont orné depuis plus d’un demi-siècle les couvertures et les pages des plus prestigieuses revues de son pays et qui disparut en mars dernier, à l’âge de 81 ans.

La seconde manière, elle, conduirait à faire porter l’accent sur le sujet qu’ont en commun les formidables œuvres de lui qui, réunies quelques mois après sa disparition, nous sont aujourd’hui offertes à Paris et qui toutes s’inspirent du théâtre de Shakespeare et proposent le portrait des principaux personnages qui le peuplent, renouvelant ainsi la vision qu’en donnèrent, avant lui, de très nombreux artistes et l’image que nous nous en faisons après eux.
À la seconde de ces manières, plutôt qu’à la première, va forcément ma préférence. Mais je ne prétends pas avoir raison pour autant. Pour être honnête, jusqu’à aujourd’hui, j’ignorais jusqu’au nom de Brad Holland – je ne m’en vante pas même si, en France, je ne crois pas être le seul dans ce cas. En revanche, dès que j’ai regardé son travail, j’ai aussitôt reconnu certaines de ses œuvres les plus fameuses tant elles se sont durablement et légitimement inscrites dans l’œil de chacun et dans la mémoire de tous et j’ai mieux pris la mesure du talent singulier d’un artiste dont les images, tout en étant parfaitement à leur place à notre époque qui leur fit le plus spectaculaire et le meilleur accueil, allient le grotesque au sublime, jetant l’évidence d’un pont allant du romantisme au surréalisme et puisent leur inspiration dans un univers auquel aucune des pièces de Shakespeare ne paraît étrangère.
Holland refuse que l’image soit dans la dépen