Folle beauté de nos contre-cultures – sur Les mille et une vies de SIGN
Qui est Gurvan Jégou, alias SIGN de son nom de graffeur, et pourquoi en sait-on si peu aujourd’hui de cet activiste qui a été un incontournable de l’émergence de la scène du graffiti et de l’avènement du hip-hop en France ? À l’image de son milieu, le jeune homme est secret, trop avant-garde pour être vraiment saisi, trop marginal pour être réellement compris, trop imprévisible pour ne pas inventer, bousculer, fasciner.

Oui ; cette effervescence de l’époque qui bat son beat à Paris, qui ravit la jeunesse urbaine des années 80, qui leur met les étoiles de New York dans les yeux, ressemble à SIGN, et SIGN lui ressemble : ils s’éclaireraient l’un l’autre. Le hic, c’est que SIGN est mort il y a plus de 10 ans : à force de ressembler à son histoire, il est resté avec elle, dans son émergence.
Lorsque l’auteur, réalisateur, et producteur de documentaires audio Karim Boukercha commence à mener l’enquête, il se rend compte de l’éparpillement des pièces du puzzle SIGN. D’un côté, la famille de SIGN ne sait rien de SIGN, et tout de Gurvan – son enfance, sa retraite, sa mort à 47 ans. De l’autre, ses ami·es du graffiti, du rap, ses acolytes de jeunesse, le connaissent sous un autre jour, ou une autre nuit, qui est celle de la rue : une rue qui court Paris, et son métro, sa banlieue, jusqu’à New York, au Bronx, et dans les studios les plus mythiques du hip-hop américain.
Les personnes qui détiennent les réponses sont probablement celles-ci qui ont été les témoins du geste de SIGN dans cette effervescence d’époque, parce qu’elles y ont participé, aussi jeunes que lui, c’est-à-dire plus intéressées de s’amuser, de fêter et de faire, que de s’écrire, se documenter, se raconter pour les générations futures. Mais elles ne savent même pas que SIGN est décédé depuis une dizaine d’années ; alors toute l’enquête se mue en hommage, pour signer la réunion de SIGN et Gurvan, comprendre SIGN à la lumière de Gurvan, ou Gurvan dans les ombres laissées par SIGN sur les murs de la vil