Littérature

La maison brûle – sur Nerona d’Hélène Frappat

Écrivain

S’inspirant librement du cas de Georgia Meloni en Italie, Hélène Frappat livre avec Nerona une fable satirique particulièrement percutante (et réjouissante) sur le pouvoir autoritaire à l’heure du « Fascisme 2.0 ». C’est un livre drôle et terrible, politique et d’abord littéraire, car sous les dehors du simple défoulement dénonciateur, il propose une réflexion subtile sur les dévoiements du langage, lorsque celui-ci se réduit à la communication : à la propagande.

Un mot m’a toujours semblé un peu mystérieux, peut-être embarrassant mais bien commode et assez évidemment parlant quand on l’attribue spontanément à quelqu’un qu’on admire : celui de « brillant ». C’est celui en tout cas qui vient à l’esprit quand on pense à Hélène Frappat : voilà bien en effet une personnalité brillante, qui épate par ses qualités et la diversité des champs où elles s’épanouissent, créant à chaque pas de son œuvre, légèrement zigzagante, une attente et des surprises.

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Philosophe et cinéphile, autobiographe et romancière, productrice de radio et traductrice, conférencière et volontiers polémiste, elle manifeste à travers la multiplicité de ses activités quelque chose comme une présence, qui n’a cessé au fil des années de s’affirmer.

On l’avait connue d’abord dans la proximité de Jacques Rivette et du XVIIIe siècle kantien, pour des premiers livres mémorables, Sous réserve ou L’agent de liaison, publiés chez Allia (maison où se dessinait à l’époque, c’est-à-dire au milieu des années 2000, une sorte de portrait de groupe de l’autofiction alternative, avec Grégoire Bouillier, Thomas Clerc, etc.). Puis elle s’est employée, avec l’énergie qui la caractérise, à décoller de son travail toute étiquette trop réductrice, ou du moins qui lui assignerait une direction trop univoque. Elle a ainsi écrit des livres de genres assez divers, dont par exemple le très beau Le Mont Fuji n’existe pas, où se croisent nouvelles et roman pour renouveler les sortilèges (auto)fictionnels de la mémoire. Ses deux derniers livres marquaient quant à eux une sorte de continuité thématique déjà suggérée par leurs titres : Trois femmes disparaissent et Le gaslighting ou l’art de faire taire les femmes, où l’écrivaine réfléchit, pour le résumer un peu vite, à certaines façons dont les femmes ont pu subir une forme d’effacement, cet effacement même ayant pu être littéralement mis en scène, selon une tradition bien rodée du pouvoir.

Nerona, son nouvel ouvrage, répond sur le m


Fabrice Gabriel

Écrivain, Critique littéraire