Chroniques – sur « Disco » de Vivian Suter
Chacun use de son temps, de son quotidien et de ses habitudes. Il s’agit par là de trouver ses rendez vous avec le temps présent, avec le retour, chaque fois répété, non du même mais de l’autre. Vivian Suter peint chaque jour. Elle répète ce rendez-vous avec l’œuvre, avec la toile et avec le geste créatif au sein de son atelier. C’est une large partie de cet ensemble qui est présentée au Palais de Tokyo ces jours-ci. Trente ans de peintures, de mouvements, d’expérimentations visibles et sensibles sur et dans les murs de l’institution parisienne. L’artiste a été remise sur le devant de la scène en 2017 à l’occasion d’un accrochage, en extérieur cette fois, durant la Documenta de Kassel, avec un ensemble particulièrement remarqué qui mêlait lave volcanique, botanique et micro-organismes.

L’exposition qui accompagne la manifestation quinquennale, sur la colline Filopappou à proximité de la capitale grecque, offre un dialogue direct de ses travaux avec le volcan Nysros dont les pièces sont pour partie extraites. Cette correspondance du site et de son contenu est prégnante dans l’œuvre. De fait, Vivian Suter vit au Guatemala, à Panajachel, entourée d’une végétation et d’un cadre luxuriant dont on pressent l’incidence directe sur sa production in situ. L’artiste quitte l’Europe en 1982 pour s’installer à proximité du lac Atican, découvert à l’occasion d’un voyage de jeunesse. C’est donc riche de ce déplacement, de ce cadre géographique et naturel, que l’œuvre de Vivian Suter s’écrit et s’organise, dans un dialogue avec les éléments et son environnement. Au premier regard, dans les vastes espaces du Palais, une singularité capte notre attention. À la planéité des œuvres répond un délicat mouvement qui ne se perçoit pas immédiatement, il s’agit d’une demande l’artiste et du commissaire François Piron de conserver les fenêtres ouvertes et les stores entrebâillés, afin de que le vent s’immisce entre les toiles flottantes, hors cadre, donnant une impression de légère