Economie

Jézabel Couppey-Soubeyran : « Les autorités publiques voient toujours la finance comme un moteur inépuisable de la croissance »

Journaliste

Le Think Tank Terra Nova publie lundi 4 septembre, à l’occasion des 10 ans de la crise, une note qui propose un « Bilan des réformes bancaires et financières depuis 2008 ». Pour AOC, l’économiste Jézabel Couppey-Soubeyran, co-auteur de cette note, revient sur les avancées et les limites de ce qui a été réalisé en matière de régulation financière depuis cette dernière grande crise.

Dix ans après la crise financière qui a fait trembler l’économie mondiale à la fin de l’été 2008, l’heure est au bilan. Il faut se souvenir de l’impact de la nationalisation de Fannie Mae le 6 septembre, ou de la chute de Lehman Brothers la semaine suivante. Face au cataclysme et à la découverte par le public de la folie qui s’était emparée de l’économie financière – et dont le krach a bien failli entrainer toute l’économie – les pouvoirs publics du monde entier, dirigeants politiques et banquiers centraux, ont défilé pour jurer qu’ils allaient y mettre bon ordre. La suite de l’histoire a montré que derrière les déclarations d’intention, la réalité a été bien timide. Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférences en économie à l’université Paris 1, spécialiste des banques, de l’instabilité et de la régulation financière, revient pour AOC sur ces dix ans qui auraient pu changer les choses. RB

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Dix ans après, peut-on dire qu’on est passé très près du gouffre au moment de la crise financière de 2008 ?
Ce fut un véritable cataclysme, et le gouffre ne fut évité que grâce à des interventions plus promptes et plus massives qu’en 1929. C’est un narratif sur lequel on pourrait toutefois revenir. Les banques centrales avaient tiré de 29 la leçon qu’elles n’étaient pas intervenues suffisamment vite et suffisamment fort pour rétablir la liquidité des banques et des marchés. Elles ont depuis appris à le faire. Le fait est que les interventions de la Fed, de la BCE et des autres banques centrales – interventions assez promptes même si la Fed a été plus rapide que la BCE – ont été salutaires. Mais l’on peut aussi mettre en avant des aspects paradoxaux. Par exemple, ces banques centrales qui nous ont évité de tomber dans le gouffre, en intervenant rapidement pour fournir toutes les liquidités aux banques, pour acheter massivement des titres sur les marchés qui sinon auraient sombré, ont elles-mêmes leur part de responsabilité dans le déclenchement de la crise. Surtout,


Raphaël Bourgois

Journaliste

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