L'Atoll d'AOC

La bibliothèque idéale d’Arlette Farge

Journaliste

Pour AOC, l’historienne Arlette Farge a accepté de s’imaginer sur une île déserte le temps d’une rencontre publique à la Maison de la Poésie et d’évoquer chacun des dix livres qu’elle aurait choisi d’emporter avec elle. Une liste personnelle et éclectique, dont le fil conducteur pourrait être l’amour.

Fin septembre, nous avons inauguré à la Maison de la Poésie, à Paris, une série de rencontres publiques titrées l’Atoll d’AOC. Le principe en est simple : inviter une auteure ou un auteur à choisir les dix livres qu’elle ou il emporterait sur une île déserte. L’historienne Arlette Farge a bien voulu la première se prêter au jeu. D’autres suivront. Chaque fois, nous proposerons dans nos colonnes un verbatim de ces rencontres.

Arlette Farge est historienne, directrice de recherche au CNRS, elle a travaillé principalement sur l’histoire du XVIIIe siècle, en particulier à Paris, et, plus précisément encore, sur les femmes au XVIIIe siècle à Paris. Mais on lui doit aussi des réflexions plus générales sur l’histoire, par exemple un livre important et très sensible qui s’appelle Le Goût de l’archive dans lequel elle évoque son travail. Sans citer tous ses livres, nombreux, peut-être convient-il de mentionner celui qui a fait l’objet de sa thèse, Le Vol d’aliments à Paris au XVIIIe siècle, mais aussi Dire et mal dire, un livre sur l’opinion publique, La Vie fragile, violence pouvoir et solidarité à Paris au XVIIIe, et plus récemment Le Peuple et les choses chez Bayard, qui traite toujours de cette même période, de toute cette vie de Paris. SB

 

Avant d’aborder chacun des dix livres que vous avez choisis, j’aimerais que vous nous disiez quelle lectrice vous pensez être. Y a t-il plusieurs lectrices en vous ? La lectrice de travaux d’historiens, d’archives est-elle la même que celle de livres de fiction ? Comment cohabitent toutes ces lectures ?
Je suis arrivée assez tard à la lecture, dans mon enfance il n’y avait pas de livres à la maison. Ce n’est qu’à l’université que je me suis plongée dans les livres. Le premier livre d’histoire que j’ai lu c’était celui de Robert Mandrou, Introduction à la France moderne. Ensuite, j’ai lu Magistrats et sorciers. Si l’on fait une thèse, on est bien obligé de lire des livres, qu’on apprécie ou non d’ailleurs ; ils sont bien écrits ou mal


Sylvain Bourmeau

Journaliste, directeur d'AOC