Olivier Neveux : « Il est étonnant que le théâtre politique veuille plaire à tous »
Professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre à l’École normale supérieure de Lyon – dont il dirige aussi le département « arts » – Olivier Neveux vient de publier un essai au titre fort : Contre le théâtre politique. Il était déjà l’auteur en 2007 de Théâtres en lutte. Le théâtre militant en France de 1960 à nos jours puis en 2013 de Politiques du spectateur. Les Enjeux du théâtre politique aujourd’hui. Dans son dernier ouvrage, au titre dont il revendique l’ironie, il mène la charge non pas contre un théâtre qui serait trop politique mais plutôt contre une dévitalisation du théâtre et de la politique à l’heure néolibérale. Alors que le Festival d’Avignon vient de débuter, Olivier Neveux invite à réfléchir sur le pouvoir subversif de l’art en général, et du spectacle vivant en particulier, mais aussi sur les politiques culturelles et sur ce que pourrait être un véritable service public de la culture. RB
Peut-on vraiment parler de « théâtre politique » comme d’un genre unifié ? Qu’entendez-vous par là ?
Il s’agit, dans mon dernier livre, de réfléchir à la multiplication, si ce n’est à l’inflation, de la « politique » dans la production théâtrale publique contemporaine. Cette prolifération du vocable « politique » ne peut se faire sans désigner des réalités, des pratiques, des contenus distincts. J’ai fait le choix, en conséquence, et je m’en explique, d’adopter une définition ample : toute œuvre qui revendique un intérêt pour les questions politiques. Précédemment, j’avais travaillé sur des caractérisations plus précises telle, par exemple, celle de « théâtre militant ». Mais c’était alors un autre projet : explorer des formes spécifiques et historiques d’alliance entre théâtre et politique. Là, ce livre aborde la question différemment : que signifie « politique » lorsque le mot est convoqué par le ministère, revendiqué par une jeune compagnie émergente, plébiscité par tel artiste reconnu, etc. Il ne s’agit donc, bien évidemment, ni d’un genre ni d’une