Littérature

Didier Daeninckx : « Nous payons les années 90, ça vient de loin »

Médecin généraliste, écrivain

Le 3 octobre Didier Daeninckx publie aux éditions Verdier Le roman noir de l’Histoire, un imposant recueil de nouvelles dont AOC publiera demain en avant première un extrait. L’occasion de revenir longuement sur son œuvre, ses engagements politiques et d’écrivain qui ont tous un point commun : lutter contre le mensonge.

publicité

Les couloirs de la maison de Didier Daeninckx sont encombrés de cartons de livres, entre lesquels cavale sa chienne en aboyant. Didier Daeninckx quitte Aubervilliers, et la Seine-Saint-Denis où il est né, après avoir publié en 2018 Artana ! Artana !, un roman noir désabusé dans lequel le protagoniste, de retour dans sa cité natale, un ancien fief communiste de la région parisienne, découvre la réalité quotidienne d’une ville en déliquescence. Écrivain de romans noirs, peignant la réalité sociale au travers d’enquêtes historiques fouillées destinées à faire ressurgir un passé enfoui ou travesti, Didier Daeninckx publie aux éditions Verdier Le roman noir de l’Histoire, préfacé par Patrick Boucheron, du Collège de France. Occasion d’une rencontre avec l’un des survivants de la révolution du polar français dans les années 80. Ch. L.

La plupart des auteurs de « polar » que nous avons côtoyés ont aujourd’hui disparu. L’œuvre de nombre d’entre eux est, de fait, indisponible. Que reste-t-il du néo-polar ? Quelles traces ?
Ces auteurs aujourd’hui disparus, on se sent quelque part porteurs de leur mémoire, on est orphelins d’une fratrie choisie. Il y a l’œuvre, bien sûr, mais aussi la manière dont ces écrivains se tenaient dans la cité. Jean Vautrin, par exemple, était quelqu’un d’une totale sincérité et engagement. Le fait de côtoyer Vautrin m’a énormément apporté. Vautrin a pris des risques, s’est trouvé dans des combats d’importance que l’essentiel des écrivains évitent. C’est un homme qui n’a jamais abandonné sa sincérité tout en publiant dans la Blanche, en naviguant dans le showbiz, le cinéma, en signant des grands films avec Belmondo, Delon, ou le Garde à vue… de Claude Miller. Vautrin a ainsi écrit La Vie Ripolin, un recueil de nouvelles sur les mômes différents, alors que son fils est autiste, pour nourrir et faire vivre une fondation. Il y a l’homme, et l’adéquation de la vie et de l’œuvre. On vient de fonder une association avec la femme de Jean Vautrin,


Christian Lehmann

Médecin généraliste, écrivain

Rayonnages

Littérature