Écologie

Timothy J. LeCain : « Le culturel est toujours matériel, et le matériel est toujours culturel. »

Chercheur en études environnementales

L’homme moderne pensait pouvoir contrôler la nature, à tort. S’il en était encore besoin, l’actuelle pandémie de coronavirus suffit spectaculairement à l’illustrer. En fait, le rapport entre nature et culture doit plutôt être compris comme une interaction, comme un jeu d’influence réciproque au sein d’un processus coévolutif. C’est ce que défend l’historien de l’environnement Timothy J. LeCain sous le nom de « néo-matérialisme », matérialisme qui intègre les récentes avancées en sciences humaines et en sciences de la nature.

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Dans un monde de plus en plus touché par les catastrophes environnementales, améliorer notre compréhension des systèmes écologiques devient aussi important que d’analyser les processus historiques qui ont conduit notre espèce au bout de la chaîne alimentaire planétaire. Plus important encore peut-être, alors que nous nous efforçons de réduire notre impact sur la biosphère, nous sommes amenés à remettre en question notre trajectoire évolutive, notamment par rapport aux derniers siècles de notre histoire. Des débats similaires imprègnent l’histoire de l’environnement depuis un certain temps : l’Homo sapiens a-t-il façonné le monde à son image depuis le premier jour de son parcours évolutif ? Sommes-nous prisonniers de forces écologiques qui nous influencent sans cesse ? Jusqu’à présent, les études historiques sur l’évolution humaine se sont appuyées sur deux grandes perspectives philosophiques : d’une part, un courant de pensée plus orienté vers la culture s’est concentré sur la manière dont les discours anthropiques ont affecté notre compréhension des processus environnementaux et nos idées sur l’écologie et la science. D’autre part, certains chercheurs se sont penchés sur la manière dont les forces écologiques ont déterminé des processus historiques majeurs, qui continuent d’influencer notre monde aujourd’hui. Timothy J. LeCain, professeur d’histoire à l’université d’État du Montana à Bozeman, semble avoir les idées claires à ce sujet : peut-être un peu des deux ou, si vous préférez, rien de tout cela. Son dernier ouvrage, The Matter of History (Cambridge University Press, 2017), décrit les interrelations entre la culture humaine et ce qu’il définit comme un monde matériel naturel dynamique, deux pôles qui s’influencent l’un l’autre selon un processus coévolutif. Pour l’auteur, en tant qu’« humains nés naturels », notre trajectoire évolutive s’inscrit dans un monde matériel naturel, dans lequel de multiples acteurs ont joué un rôle, tout aussi déterminant


Claudio de Majo

Chercheur en études environnementales, Doctorant au Rachel Carson Center for Environment