Politique

Serge Audier : « Le souci écologique fait partie de l’histoire de la gauche »

Journaliste

Dans La Cité écologique, Serge Audier plaide pour l’avènement d’un « éco-républicanisme ». Au regard du débat médiatique actuel, cette alliance de l’écologie et de la République peut surprendre. Elle prend pourtant tout son sens dès lors, comme y invite le philosophe, qu’on redonne toute leur signification à ces termes, et qu’on adopte une certaine profondeur historique.

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Serge Audier est à contre-courant, et même à contretemps, pourtant c’est sans doute l’un des intellectuels qui permet le mieux de se sortir de certaines apories politiques les plus paralysantes de notre époque. Alors que tout est à la simplification extrême, au confusionnisme, que les mots République, Écologie, Universel, Démocratie, Libéralisme, Néolibéralisme… sont devenus des totems ou des anathèmes, le philosophe, qui enseigne à l’Université de Paris-Sorbonne s’emploie à leur rendre complexité et profondeur historique. Un travail indispensable pour réconcilier une conscience écologique et sociale qui, nous apprend-il, se sont développées conjointement. En trois ouvrages importants, pour exactement 2 228 pages – autre signe que l’homme est en décalage avec l’époque des 280 signes – Serge Audier a su dessiner une généalogie de la pensée écologiste, et montrer que si les défis étaient inédits, la gauche était loin d’être dépourvue pour les relever. Il dessine ainsi une généalogie intellectuelle de l’écologie qui remonte bien avant les bornes chronologiques habituelles, le plus souvent arrêtées dans les années 60. Un travail qu’il mène dans sa trilogie composée de La Société écologique et ses ennemis (2017), L’Âge productiviste (2019) et La Cité écologique (2020). Ce dernier essai vient tout juste de recevoir le prix des Rencontres Philosophiques de Monaco. RB

Demain se tiendra le second tour des élections régionales. Sans préjuger des résultats, on peut dire qu’après une poussée historique des écologistes lors des dernières municipales, on constate une certaine stagnation des votes pour EELV. En revanche, on a l’impression que tout le monde est devenu écologiste. Qu’est-ce que vous inspire cette compétition politique pour se présenter comme le détenteur de la vraie écologie ?
Il faut dire tout d’abord que le succès des écologistes à l’échelle locale est inscrit dans leur histoire, puisque c’est aux municipales de 1977 qu’a eu lieu la première grande percé


Raphaël Bourgois

Journaliste

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Gauche