Photographie

Éric Tabuchi et Nelly Monnier : « Il y a 450 à 500 régions naturelles en France »

Architecte, curatrice

Depuis 2017, Nelly Monnier et Éric Tabuchi sillonnent les routes de France sur les traces des quelque 500 régions naturelles. Ni sociologues ni géographes, ils s’attachent simplement à représenter, par la photographie, une diversité de territoires trop peu visibles, et en particulier les bâtiments qui les caractérisent. Projet au long cours, ambitieux voire utopique, l’Atlas des Régions Naturelles offre une documentation exceptionnelle, et un autre récit français.

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Le duo d’artistes Eric Tabuchi et Nelly Monnier a entrepris il y a quatre ans de photographier l’intégralité du paysage français « dans toutes ses nuances », une entreprise pharaonique qui, d’après leurs prévisions, leur prendra dix ans pour un total de près de 25 000 images. Leur approche, destinée au départ à documenter l’architecture vernaculaire, s’appuie sur les « régions naturelles », appelées aussi « pays de France », une notion floue désignant des territoires de petites tailles aux caractéristiques géologiques, historiques et culturelles dont les limites sont imprécises : la Beauce, la Xaintrie, le Parisis, la Savoie propre ou encore le Perche font ainsi partie de ces 450 à 500 régions naturelles qui dessinent une géographie française aux limites incertaines.
Intéressés par cet entre-deux autant que par les caractéristiques de l’hyperlocalité, l’Atlas des Régions Naturelles, qu’ils qualifient volontiers d’éloge de la diversité, nourrit au fur et à mesure de leurs explorations sur les routes de France, un site internet de leurs images d’archives minutieusement classées par des entrées typologiques, historiques ou formelles, accessibles à tous et libres de droits. Aventure artistique à la fois documentaire et fictive au long cours, Nelly Monnier et Eric Tabuchi reviennent sur ce projet hors du commun à l’occasion de leur nouvelle exposition au centre d’art la Villa du Parc à Annemasse intitulée « Empire et Galaxie », sous le commissariat de Garance Chabert, qualifiée d’expérience à mi-chemin entre discothèque et écomusée. OR

Comment est né l’Atlas des Régions Naturelles ?
Éric Tabuchi : Pour décrire le paysage, nous cherchions depuis un moment un outil qui nous permette de relater les transitions progressives qui font que lorsqu’on se rend du Nord au Sud, ou de l’Est à l’Ouest de la France, on traverse des paysage sans réellement parvenir à repérer les changements qui s’y produisent. Quand Nelly m’a dit « ici on est dans le Revermont, ici on est dans


[1] Frédéric Zégierman, Le guide des Pays de France – Nord, Fayard, 1999, 749 pages et Le guide des Pays de France – Sud, Fayard, 1999, 637 pages.

[2] Éric Tabuchi, Alphabet Truck, Les Presses du réel, 2008.

Océane Ragoucy

Architecte, curatrice

Notes

[1] Frédéric Zégierman, Le guide des Pays de France – Nord, Fayard, 1999, 749 pages et Le guide des Pays de France – Sud, Fayard, 1999, 637 pages.

[2] Éric Tabuchi, Alphabet Truck, Les Presses du réel, 2008.