Hélène Cixous : « Mourir commence extrêmement tôt et ça dure très longtemps »

Hélène Cixous, née en 1937 à Oran, est l’une des figures les plus importantes de la vie littéraire et intellectuelle contemporaine. Autrice de quatre-vingt-dix livres à ce jour, toujours au rendez-vous de son séminaire au Collège de philosophie depuis quatre décennies, co-fondatrice de l’université de Vincennes (future Paris 8), docteure honoris causa de plusieurs universités à travers le monde, elle a été saluée par de nombreux prix prestigieux, dont le dernier (français) en date, il y a quelques jours, est le prix de la Bibliothèque nationale de France.
Mais c’est surtout que l’écriture à l’œuvre dans ses récits-poèmes est d’une force unique, une force capable d’ouvrir l’inconscient du lecteur, et par conséquent son intelligence et sa sensibilité, grâce aux puissances magiques de la langue elle-même. On fait l’expérience, dans les livres d’Hélène Cixous (nullement difficiles à lire, comme on l’entend parfois, mais certainement étrangers à la littérature de « divertissement »), de la création d’une forme artistique langagière et libre, qui produit cette maïeutique, pas à pas, par itération et gambades, jouant avec le signifiant, alternant narration, digressions, récits de rêves, etc.
Pendant que le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, dont Hélène Cixous est l’auteure de référence, prépare sa nouvelle création – L’Île d’or – pour le 3 novembre prochain, sortent en même temps chez Gallimard deux livres, une réédition du Livre de Promethea (1983) dans la collection « L’Imaginaire » avec un dessin d’Adel Abdessemed, et Rêvoir.
Ce dernier livre pourrait être rapproché d’un journal : y sont notées des dates, entre février et juin 2020, qui arrivent ici et là, « tombées de l’arbre » comme l’écrit l’auteure, sans ordre. Le confinement de 2020 est ainsi pris entre ces dates, sans qu’il ne s’agisse aucunement d’un journal de confinement (et pas non plus d’un journal de rêves comme le titre pourrait éventuellement le laisser entendre).
« Le récit n’avancera pas sa