Art contemporain

Stéphanie Solinas : « La photographie est un ailleurs temporel »

Architecte, curatrice

À l’occasion de la publication d’un nouveau livre, Le soleil ni la mort, et de sa participation au Festival Fata Morgana au musée du Jeu de Paume, l’artiste Stéphanie Solinas évoque sa quête des multiples manifestations de l’identité, son rapport à l’invisible, à la photographie, à l’enquête, et à l’anthropologie, jusqu’aux limites du documentaire à propos de pratiques aussi barrées que la cryogénisation ou la reconnaissance des miracles.

Par quoi passe l’identité ? Cette question, complexe, vaste et profonde anime depuis près de vingt ans Stéphanie Solinas. L’artiste française, formée en photographie à l’ENS Louis Lumière, docteure en arts et autrice d’une thèse sur la photographie et l’identité, développe un travail de recherche et d’expérimentation sur les limites du visible et les points de contact entre sciences et croyances. Après être allée rencontrer scientifiques, médiums et artistes en Islande, pays des présences invisibles, des elfes, des volcans et de la proximité génétique, elle s’est rendue en Italie pour enquêter sur la proclamation des miracles… À la faveur d’une résidence de l’Institut français, elle est ensuite partie sur la côte ouest des États-Unis, berceau du mouvement New Age et centre de la high-tech mondiale pour interroger des lieux et des personnages représentatifs de cette double nature. Elle a ainsi recueilli la parole d’une cinquantaine de scientifiques et guides spirituels qui explorent les perspectives de développement offertes par les croyances et la technologie, entre intelligence artificielle, spiritualité et promesses d’immortalité. C’est ainsi qu’elle s’est entretenue avec les dirigeants d’Alcor, l’une des sociétés pionnières de la cryogénisation humaine, fondée dans les années 1970, toujours en activité et installée dans la banlieue de Phoenix, Arizona. Directement lié à cette rencontre, son dernier projet, Le soleil ni la mort, prend la forme d’un livre édité chez delpire & co et d’une installation vidéo présentée au cœur du festival Fata Morgana au Jeu de Paume à Paris. Il interroge l’identité à travers une expérience philosophique qui croise la quête d’immortalité à l’impossibilité d’embrasser en un seul geste lever de lune et coucher de soleil. OR

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Comment se déploie votre recherche au long cours sur un sujet aussi profond que celui de l’identité ?
Dans le travail que je mène depuis plus de vingt ans, ce qui anime ma recherche est d’essayer de saisir


Océane Ragoucy

Architecte, curatrice