Art contemporain

Berlinde De Bruyckere : « J’ai besoin que le passé parle du futur »

Critique d'art

Des sculptures déroutantes, inquiétantes, mais pourtant profondément empathiques. À l’occasion de son exposition Piller | Ekphrasis au MOCO de Montpellier, la sculptrice Berlinde de Bruyckere donne à voir, ou plus exactement nous invite à regarder collectivement, cette singulière figuration des tourments de notre temps. Des œuvres souvent « dures », en dépit d’un usage « doux » des matériaux.

L’exposition Piller | Ekphrasis de Berlinde de Bruyckere a ouvert le 18 juin au MOCO à Montpellier. Cette exposition fleuve nous permet de redécouvrir l’incroyable richesse de l’artiste flamande. Plus de cinquante œuvres sont réunies dans l’ensemble des espaces, des travaux qui reviennent sur des thématiques connues : métamorphose, hybridation, mystique… Ou encore l’empathie, dimension centrale du travail de Berlinde de Bruyckere. Cette qualité prédominante de l’expérience artistique, l’auteure en a fait une compagne pour sa production comme pour l’appréciation de ses œuvres. Elle regarde le monde dans sa violence et sa complexité, elle le retranscrit et nous le donne à voir dans une similaire identification, cette association sensible qui s’apparente à une « communauté des regards » telle que définie par Benjamin Delmotte dans son ouvrage Étonnement consacré au travail de l’artiste.

L’œuvre de Berlinde de Bruyckere nous surprend et nous saisit. Les formes hybrides et mutantes qu’elle produit, mais aussi l’inquiétante étrangeté freudienne qui n’a de cesse d’être invoquée pour définir son travail, la rapproche du spectateur. De fait, l’artiste rassemble, non pas autour d’une recherche esthétique, mais bien dans la démarche d’une communauté d’expérience : « elle ne se place pas dans une position de surplomb, elle se place comme “à la place de la figure” et nous place comme à la même » explique Benjamin Delmotte. L’exposition Ekphrasis à Montpellier creuse ce même sillon d’une singulière figuration. Ekphrasis se construit en écho à notre temps, en dialogue avec les tourments de notre temps.

Penser l’empathie chez Berlinde de Bruyckere signifie également un travail avec cet autre qui est tout autant l’étranger ou le visiteur, le modèle ou le compagnon mais aussi l’animal ou le végétal. En ce sens, travailler à partir de l’autre, c’est déjà rendre possible une communauté esthétique. LGD

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Votre travail semble porté par une dimension mystique et par une forme de c


Léo Guy-Denarcy

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