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Aïssa Maïga : « Il y une liberté créatrice que je ne ressens qu’à travers la lecture et l’écriture »

Journaliste

Inoubliable Mele dans le grand film politique Bamako d’Abderrahmane Sissako, la comédienne et désormais réalisatrice Aïssa Maïga travaille actuellement à un livre et un film sur son père, journaliste malien et compagnon de révolution de Thomas Sankara, mort empoisonné à 33 ans. Une figure paternelle qui, depuis l’enfance et les livres de la maison, hante les lectures de la comédienne et façonne une bibliothèque toute personnelle.

Nous sommes sans doute quelques un.e.s à toujours d’emblée associer Aïssa Maïga à Bamako, rayonnante au milieu de la cour de la maison du père du réalisateur, Abderrahmane Sissako, où se tient, en 2006, le procès fictif qu’intente la société civile africaine à la Banque mondiale et au FMI.  Auparavant, elle avait déjà tourné avec Michael Hanneke ou Alain Tanner, en 1999 ; et depuis on l’a vu chez Alain Chabat comme chez Dominique Cabrera pour l’adaptation du beau roman de Maylis de Kerangal, Corniche Kennedy. Plus récemment, elle est devenue réalisatrice de deux documentaires remarqués, Regard noir, sur la représentation des hommes et femmes noirs au cinéma, et Marcher sur l’eau, à propos de la demande de forage d’un nouveau puit par les habitants d’un village du Niger.
Depuis une rencontre en 2018 autour de l’écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie, à l’occasion du Festival international du film des droits humains de Genève, et la conversation sur la littérature qui s’en est suivie, je rêvais de proposer à Aïssa Maïga de se prêter au jeu de l’île déserte d’AOC. Ce fut chose faite il y a quelques semaines à la Fondation Pernod Ricard. SB

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Avant d’en venir au premier des dix titres que tu as choisi d’emporter sur l’île déserte d’AOC, j’aimerais savoir, de manière très générale, comment tu te vis comme lectrice ?
Je ne sais pas si je suis une grande lectrice. La lecture, la littérature font partie de ma vie. Mais je suis de ces lecteurs et lectrices frustrés de ne pas avoir suffisamment de temps pour lire. Je me rêve dans une vie parallèle dévorant bien plus de livres que j’en ai de fait l’occasion. En tout cas, je suis heureuse de venir partager ici des souvenirs de lecture plus ou moins flous, plus ou moins nets. Je me souviens assez nettement des tout premiers livres que j’ai lus. Je lisais énormément, je dévorais les romans pour enfants, notamment ceux qui retraçaient des parcours d’enfance maltraitée, d’enfants qui avaient besoin de s’échapper du monde barbar


Sylvain Bourmeau

Journaliste, directeur d'AOC